Par Raymond Clément.

La Banque du Canada a justifié sa décision en expliquant que la croissance économique et l’ajout de 60 000 emplois en juin étaient trop élevés et qu’elle devait passer à l’action.

Mais si le taux d’inflation a atteint un sommet en juin 2022 avec une augmentation de l’Indice des prix à la consommation (IPC) de 8,1 %, il est quand même redescendu à 3,4 % en mai 2023.

Il faut savoir que trois facteurs principaux expliquent les augmentations ou les diminutions des prix : les salaires, les majorations des prix (qui représentent le pouvoir monopolistique des entreprises comme par exemple Loblaws, Dominion, Shell ou Esso) et la productitivité.

Pour mettre en perspective la politique de notre Banque centrale, j’ai voulu comparer l’évolution de l’Indice des prix à la consommation avec les prix de marché du produit intérieur canadien. À cette fin, j’ai obtenu les tableaux trimestriels des Comptes nationaux canadiens pour la période allant de 2020 à 2023.

L’examen de ces tableaux m’a permis de décortiquer les trois facteurs qui expliquent l’évolution du prix au niveau de la production canadienne des biens et services.

Voici les points saillants qui ressortent de cette analyse :

Des majorations de prix vers la fin de 2020 et au début de 2021 ont fait augmenter les prix de marché.

Entre 2021 et le début de 2022, l’augmentation des prix de marché a été principalement alimentée par l’augmentation des salaires.

La productivité a augmenté légèrement à la fin de 2020 et au début 2021 et a contribué à faire baisser les prix. Mais dans l’ensemble, la productivité a joué un rôle minime sur les prix.

Les augmentations de l’Indice des prix à la consommation et des prix du marché ont suivi les mêmes tendances et variations. Ces facteurs sont maintenant à la baisse depuis les trois derniers trimestres.

La fameuse cible des 2,0 % d’inflation

La Banque du Canada a adopté en 1991 une cible de 2,0 % par an pour l’inflation. L’institution se félicite d’avoir été en mesure de tenir cette cible pendant les 30 dernières années. Forte de ce succès, son ambition est de retourner à cette cible de 2 % d’ici 2025.

Toutefois Charles Goodhart de la London School of Economics remet en question cette capacité des banques centrales à contrôler l’inflation. À son avis, l’inflation a été stable depuis 30 ans à l’échelle mondiale à cause de l’entrée de la Chine dans l’Organisation mondiale du commerce en 2001. Or cet impact positif va forcément évoluer bientôt, puisque la population chinoise est en train de vieillir.

Le spectre d’une récession nest jamais très loin

C’est un fait : au Canada les tendances de l’Indice des prix à la consommation et des prix de marché du produit intérieur sont semblables. Comme nous l’avons vu, ces deux indicateurs sont à la baisse depuis quelques temps. Et pourtant la Banque centrale laisse entendre qu’elle pourrait procéder à d’autres augmentations du taux directeur. Espérons que l’Institution va procéder prudemment pour nous éviter une récession.