Marine Ernoult 

Nouvelle cible dimmigration francophone hors Québec

Le nouveau ministre de l’Immigration, Marc Miller, souhaiterait établir la nouvelle cible d’immigration francophone à l’extérieur du Québec à 5 ou 6 %, plutôt que les 4,4 % actuels.

« Même si pour le commun des mortels ça peut sembler un niveau peu ambitieux, c’est un niveau très ambitieux, a confié le ministre à Francopresse en marge de la retraite. Mis à part en Acadie et dans une partie de l’Ontario, dans des petites communautés francophones hors du Québec, ça va prendre beaucoup d’efforts sur le terrain. Plus souvent que d’autres, ce sont des communautés très précaires. »

La cible évoquée par le ministre reste bien en deçà des demandes de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA). En 2022, l’organisme national avait proposé une cible progressive débutant à 12 % d’immigrants francophones en 2024, pour atteindre 20 % en 2036.

« J’aimerais un chiffre qui défie toutes les attentes, j’aimerais viser le 20 %, mais il faut aussi être réaliste, a réagi Marc Miller. Il y a eu de beaux gains et on va continuer, il ne faut vraiment pas lâcher. »

En 2022, le Canada a atteint sa précédente cible de 4,4 %, fixée il y a près de vingt ans.

« On va continuer à s’assurer que l’on attire plus d’immigrants francophones à travers le pays. Mais il y a plus que cela à faire, il faut qu’on s’assure que les communautés francophones en milieu minoritaire à travers le pays puissent s’épanouir, avoir les services que ce soit les services de garde, les écoles, les appuis communautaires et juridiques », a quant à lui indiqué le premier ministre Justin Trudeau lors d’une conférence de presse.

Coupes budgétaires : les services francophones épargnés

« On va regarder toutes nos dépenses pour le gouvernement, mais à ma connaissance, on ne va pas toucher aux quatre milliards pour le Plan d’action sur les langues officielles », a assuré à Francopresse Randy Boissonnault, ministre de l’Emploi, du Développement de la main-d’œuvre et des Langues officielles.

Les ministres fédéraux ont jusqu’au 2 octobre pour faire parvenir au Conseil du trésor un plan de compressions budgétaires. Ils doivent trouver 15 milliards de dollars de dépenses publiques qui pourraient être sabrées.

« Il n’y aura aucun impact sur les services auxquels peuvent s’attendre les Canadiens, et ça inclut les francophones en situation minoritaire », a affirmé Randy Boissonnault.

Lors d’un point presse, la présidente du Conseil du trésor, Anita Anand, a rappelé qu’il s’agissait d’« un exercice pour permettre aux départements d’examiner leur budget opérationnel » : « Peut-être que nous pourrons gérer un processus où l’on peut bouger les dépenses vers les priorités pour appuyer la population canadienne comme l’économie verte, la santé mentale. »

Vers un plafond du nombre d’étudiants étrangers?

Avec l’ambition de réduire la pression sur le marché immobilier, le ministre du Logement, de l’Infrastructure et des Collectivités, Sean Fraser, n’a pas exclu la possibilité de plafonner le nombre d’étudiants étrangers.

« Je pense que nous devons réfléchir sérieusement à la question. Si [les institutions d’enseignement postsecondaire] continuent de faire venir des étudiants en nombres records, elles devraient faire partie de la solution en s’assurant qu’ils ont un endroit où vivre », a déclaré le ministre.

Il n’existe aujourd’hui aucun plafond fixé pour le nombre d’étudiants étrangers accueillis au Canada. Leur nombre a explosé au cours des dernières années.

« Ce n’est pas une solution qui va avoir un élément de réponse, mais certainement un plafond c’est quelque chose que l’on va regarder en profondeur », a confirmé son collègue Marc Miller, ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté. 

Les deux élus libéraux veulent mettre fin à certaines dérives du dispositif d’accueil des étudiants étrangers.

« Lorsque l’on voit certaines de ces institutions qui ont cinq ou six fois plus d’étudiants inscrits qu’elles n’ont de places dans les bâtiments […], il faut commencer à se poser de sérieuses questions », a reconnu Sean Fraser.

Le ministre du Logement a carrément accusé certaines institutions d’exploitation : « Je suis convaincu qu’elles n’existent que pour faire du profit sur le dos des étudiants internationaux vulnérables. »

Pour Chrystia Freeland, ministre des Finances, la solution repose avant tout sur l’élargissement du parc immobilier : « Si nous voulons être un pays en croissance, on doit construire plus de logements, plus rapidement. »

Néanmoins, le gouvernement appelle à ne pas faire des nouveaux arrivants les boucs émissaires de la crise du logement. « Ça ne sert à rien de blâmer une personne ou un groupe de personnes pour un problème qui se développe depuis des décennies au Canada », a souligné le premier ministre Justin Trudeau.

Un avis que partage Sean Fraser : « Il convient d’examiner la cause réelle des problèmes auxquels nous sommes confrontés et de reconnaitre que l’immigration peut être utilisée comme un outil permettant d’attirer les travailleurs dont nous avons besoin pour construire davantage de logements. »

Des cibles dimmigration en discussion

Faut-il abaisser la cible d’immigration de 500 000 nouveaux arrivants par an d’ici 2025 pour affronter la crise du logement? Dans une entrevue accordée à Radio-Canada, Marc Miller n’a pas totalement fermé la porte à l’idée.

« Je ne suis pas une personne dogmatique qui va se tenir aux cibles coute que coute, je vais regarder les analyses de tous les acteurs », a-t-il confié.

Le ministre de la Sécurité publique, des Institutions démocratiques et des Affaires intergouvernementales, Dominic LeBlanc, a au contraire défendu l’objectif du gouvernement libéral. Selon lui, revoir cette cible à la baisse serait « une solution simpliste ».

« Dans beaucoup de cas, les immigrants sont ceux et celles qui vont participer aux projets de construction », a-t-il observé en point presse.

Meta critiquée pour son blocage des sites dinformation

En pleine vague d’incendies géants dans les Territoires du Nord-Ouest et en Colombie-Britannique, le premier ministre Justin Trudeau a fortement critiqué la décision de Meta, maison mère de Facebook et Instagram, de bloquer les liens vers les articles d’information sur ses réseaux sociaux.

« Facebook fait passer ses profits d’entreprise avant la démocratie et le bienêtre des Canadiens », a condamné Justin Trudeau lors d’une conférence de presse.

« Ils refusent d’assurer que les journalistes locaux soient payés de façon adéquate pour informer et partager les nouvelles des Canadiens. Ils préfèrent laisser des personnes en danger plutôt que de faire leur juste part pour appuyer la démocratie et le journalisme local », a-t-il encore ajouté.

Depuis le 1er aout, Meta bloque l’accès aux nouvelles sur ses plateformes, en réponse à l’adoption du projet de loi C-18 qui oblige les grandes entreprises du numérique à payer les éditeurs.

Vendredi 18 aout, les autorités ont demandé à Meta de suspendre le blocage, mais la société a refusé.

« Facebook prend la décision de mettre ses intérêts commerciaux au-delà de la sécurité des gens dans des temps d’urgence. Ce dont ont besoin les gens c’est de l’information de qualité vérifiée et malheureusement ils n’ont pas accès à ça présentement », a appuyé la nouvelle ministre du Patrimoine canadien, Pascale St-Onge.

Aux yeux de la ministre, la position de Meta est d’autant plus déplorable que la loi n’est pas encore entrée en vigueur.

Elle a rappelé qu’une période de consultation commencera bientôt : « Facebook est invité à commenter sur la règlementation. Il y a encore une période pour eux de venir à la table, de dire ce qu’ils pensent et pour moi de les écouter. »