Initiative de journalisme local – Réseau.Presse – La Liberté
C’est d’abord comme étudiante internationale que Marie-Joyeuse Dusabe est arrivée au Manitoba en 2013. Une époque où le Canada semble une belle occasion, comme le souligne la Burundaise. « À l’époque, tout le monde parlait du Canada, de partir étudier au Canada. On y voyait l’occasion d’avoir une éducation de qualité et des belles opportunités de vie. »
Après un baccalauréat en éducation en jeune enfance, Marie-Joyeuse Dusabe a travaillé à Winnipeg et c’est à la fin de l’année 2019 qu’elle s’installe avec son conjoint Fabrice Avognon à Steinbach. « C’était une chance que ce soit juste avant la COVID-19! Mais ce qui nous a amenés à Steinbach, c’est tout d’abord le style de vie. Nous voulions un endroit calme pour notre famille. Il faut aussi avouer qu’à ce moment, les maisons étaient plus abordables qu’à
Winnipeg. »
Pourtant l’installation a été difficile puisqu’en mars 2020, le confinement est déclaré au Manitoba, alors les rencontres ne sont pas permises avec les nouveaux voisins. « Tout le monde avait peur avec la pandémie. Ce n’était pas vraiment possible de rencontrer les voisins et de créer des liens. Pendant presqu’une année, nous sommes restés entre nous. C’était assez déprimant.
« Cependant à cette période, j’étais enceinte alors j’avais aussi besoin de calme et de repos. C’était une bonne chose de ce côté-là. »
Les restrictions sanitaires mises de côté, Marie-Joyeuse Dusabe a enfin pu faire connaissance avec son voisinage. « Les gens ont été tellement accueillants par la suite. Tous les gens de notre pâté de maisons sont venus nous souhaiter la bienvenue.
« Par exemple, j’avais accouché depuis un certain temps et des gens ont apporté des cadeaux pour la naissance de notre enfant. Il y a une vraie chaleur humaine.
« Je dirais que les gens ont le temps de te côtoyer, de te rencontrer et de créer un vrai lien profond. Le rural, c’est le friendly Manitoba. »
Des services
Marie-Joyeuse Dusabe reconnaît que « j’avais besoin d’un endroit calme. C’est sûr que pour ceux qui ont besoin de bruit, de mouvement, ce n’est pas l’idéal. Mais pour nous, c’était ce dont nous avions besoin à ce moment de notre vie.
« Le rural, c’est aussi avoir beaucoup d’espace pour soi, c’est être tranquille. »
Elle pointe la particularité du milieu éducatif au rural. « Je trouve que l’éducation dans un milieu rural est meilleur. Il n’y a pas cette impression de courir. Tu peux prendre le temps d’explorer la nature, les animaux. En ville, tu dois payer pour des activités pareilles ou bien attendre la fin de semaine pour t’en aller au rural. »
Cependant, d’elle-même, Marie-Joyeuse Dusabe avoue qu’« à Steinbach, il y a presque tout. Ce qui me manque, c’est magasiner dans des épiceries ethniques. Je dois me déplacer à Winnipeg si j’en ai besoin. Mais ce n’est pas quelque chose qui me manque au quotidien. Bien sûr j’aimerais voir davantage de ce type de magasin à l’avenir, mais ce n’est pas un frein à s’installer au rural.
« Le vrai frein, c’est le système de transports. Qui n’existe pas. C’est compliqué pour ceux qui n’ont pas encore de véhicule. À un moment, j’ai eu un accident de voiture et la pièce n’a pas été disponible avant une longue période, je devais jongler entre les taxis et la voiture qui nous restait. »
De l’entraide
Mais pour rien au monde il ne serait possible de convaincre Marie-Joyeuse Dusabe de retourner en ville. « Steinbach, comme d’autres villages autour, ce sont des petites communautés. Presque tout le monde se connaît et il y a de l’entraide entre les personnes.
« À Winnipeg, tu peux vivre pendant dix ans dans le même immeuble et ne jamais connaître ton voisin. C’est dommage. Alors qu’à Steinbach, c’est comme être un peu en famille. »
Marie-Joyeuse Dusabe partage d’ailleurs une anecdote sur la bienveillance générale qui existe. « Quand nous avons rencontré nos voisins, un an après notre emménagement, notre voisine m’a dit : Je vois ton mari sortir chaque jour à telle heure et il revient à telle heure. J’ai trouvé ça vraiment rassurant. Il y a une proximité, tu sais que les gens sont là pour toi. Je me sens en sécurité à Steinbach pour moi et ma famille. »