Le travail d’auxiliaire en éducation au Manitoba consiste à soutenir et surveiller les élèves dans les écoles du primaire au secondaire. Ce sont aussi majoritairement les auxiliaires qui s’occupent des enfants avec des difficultés d’apprentissage ou des enfants avec des troubles du développement neurologique.

L’ETP de l’Université de Saint-Boniface compte offrir un certificat d’auxiliaire à l’enseignement. Si l’admission générale à ce certificat sera ouverte à partir de 2024-2025 pour ceux ayant un diplôme du secondaire, l’ETP lance un projet pilote dès la rentrée 2023.

Les origines d’un tel projet remontent à plus de dix ans. Mélanie Cwikla, aujourd’hui directrice de l’ETP, a découvert le rôle des auxiliaires à travers ses enfants. « Comme maman, j’ai beaucoup entendu parler des auxiliaires. J’ai été surprise d’apprendre qu’il n’existe aucune formation collégiale ou universitaire en français pour des personnes qui tiennent un si grand rôle dans nos écoles. »

Selon la directrice de l’ETP, seulement 200 auxiliaires sur 1 000 qui travaillent en français ont suivi une formation en auxiliaire à l’enseignement.

Le programme se déroulera sur une période de deux semestres universitaires, donc de septembre à avril. Le coût total de la formation est estimé à 3 000 $. « Pour commencer, on a visé un groupe qui travaille comme auxiliaire depuis déjà quelques années dans les écoles. Dans le programme, ils apprendront le rôle des auxiliaires, ils acquerront des compétences culturelles, des compétences en communication, et des stratégies d’intervention selon les différents besoins des élèves. »

| Des éléments clefs du métier

Les éléments d’apprentissage visés par le certificat résonnent avec les auxiliaires déjà en poste. André Freynet est auxiliaire depuis 20 ans, il a travaillé dans la Division scolaire franco-manitobaine (DSFM) et la Division scolaire Louis-Riel (DSLR).

André Freynet est auxiliaire depuis 20 ans. (photo : Raphaël Boutroy)

« Il y a certainement des situations avec des comportements difficiles où une formation serait utile. Une formation que j’ai faite à la DSFM et aussi à la DSLR, c’est la Non Violent Crisis Intervention. C’est le fait d’intervenir sans violence. Maintenant, c’est le Low Arousal Approach. Des cours comme ceux-là m’ont appris à mieux travailler avec une variété d’élèves qui ont des besoins différents. C’est important de connaître les stratégies et rester actualisé avec ses formations puisqu’elles évoluent constamment. »

Ce n’est pas uniquement pour les situations difficiles que les formations peuvent être utiles. André Freynet a rapidement compris l’im-portance d’une approche collaborative. « Il faut apprendre à travailler avec les enseignants, c’est quand même un sport d’équipe. Dans certaines classes, les dynamiques sont différentes et il faut boucher des trous et se partager les élèves. »

Il insiste sur un fait en particulier. « C’est tellement bon d’avoir un deuxième adulte dans la classe, il ne faut pas y penser comme juste un auxiliaire. Aujourd’hui, dans les écoles, avec tous les besoins des élèves, on ne peut pas se passer des auxiliaires. »

L’ETP, dans son processus de consultation avec les divisions scolaires et dans son étude de faisabilité, a d’ailleurs bien compris cet enjeu. L’ETP propose donc un écosystème dans l’éducation des jeunes Manitobains. « On sera l’un des rares établissements où on offre Éducation de la jeune enfance, Auxiliaires à l’enseignement et un Baccalauréat en éducation. Quand on pense à la journée d’un enfant, il est en service de garde avant et après l’école. Ensuite, il se retrouve en salle de classe avec son enseignant et est appuyé par son auxiliaire », a expliqué Mélanie Cwikla.

La collaboration interdisci-plinaire est donc à l’agenda. « On espère mettre ensemble les étudiants en enseignement et en formation d’auxiliaire pour qu’ils puissent discuter ensemble et comprendre leurs rôles. »

| Un besoin de renforts

Même après 20 ans comme auxiliaire, André Freynet reste passionné par son emploi. Il est arrivé dans le métier presque par accident. « J’avais été mis au chômage et mon épouse, qui est enseignante, m’a dit que son école cherchait quelqu’un qui travaillerait deux heures et demie par jour. Une personne pour surveiller pendant les dîners et aider les jeunes avec les mathématiques. Je me suis dit Ouais, je peux faire ça. » Au moins de septembre suivant, il est devenu auxiliaire à plein temps.

André Freynet trouve qu’il est possible pour tout le monde de trouver son compte dans cette profession. « On peut travailler au primaire ou au secondaire, il y a des différences entre les deux. »

En général, sa préférence était les élèves les plus actifs. « J’aime ça, travailler avec les jeunes qui ont besoin de plus d’aide. » Il constate : « Une chose que j’apporte, c’est mon expérience : je n’ai pas été très doué à l’école. Mais tout le monde apporte un savoir et une expérience personnelle, et c’est toujours bon d’en avoir plusieurs. »

Pour lui, le programme est bon signe. « Nos rangs sont pas mal âgés, je pense que ce nouveau programme va peut-être inciter plus de monde qui deviennent auxiliaires à rester dans la profession. »

Certaines mesures pour offrir le programme à un plus grand nombre de personnes ont été prises. Mélanie Cwikla développe : « On sait que ce n’est pas tout le monde qui est à Winnipeg. Pour ceux et celles qui ne sont pas en mesure de suivre les cours en personne, on offre aussi un cours bimodal. » L’offre bimodale signifie qu’il est possible de suivre les cours de manière synchronisée, mais à distance.

À l’avenir, Mélanie Cwikla espère pouvoir poser les bases pour cette formation dès la 11e année. « On espère que dans les prochaines années, on pourra négocier avec les divisions scolaires un programme à double reconnaissance des crédits. » Des programmes dans cette même veine existent déjà dans certaines écoles. Par exemple, au Collège Louis-Riel, il est possible pour des élèves de la 11e année de suivre un semestre au Louis Riel Arts and Technology Center.