Divisées en six catégories : l’éducation, la santé, l’immigration, les affaires francophones, les services municipaux et les arts, culture, sport et tourisme, ces priorités, sans ordre particulier, sont le reflet de consultations menées avec des organismes partenaires (1).
Après sept ans avec un gouvernement progressiste- conservateur, durant lesquels Rochelle Squires, élue dans la circonscription de Riel, a gardé le portefeuille des affaires francophones malgré les remaniements, l’heure est au bilan du côté du directeur général de la SFM, Daniel Boucher.
« Évidemment, l’adoption de la Loi sur l’appui à l’épanouissement de la francophonie manitobaine a été un grand coup de barre dès le début du mandat des Progressistes-Conservateurs. Cette loi a certainement permis un autre niveau de discussions puisqu’il y a eu la création du Conseil consultatif. La loi a aussi été un levier pour rappeler les responsabilités du gouvernement.
«Il y a eu beaucoup de progrès même si nous n’avons pas tout bouclé. Mais le travail a été solide. Je pense à l’Université de Saint-Boniface qui a reçu des fonds pour agrandir ses salles de classe ou ajouter des formations. Ou encore à la construction de nouvelles écoles à la DSFM. »
En effet, en 2019, Brian Pallister avait promis que s’il était réélu, il ferait sortir de terres trois nouvelles écoles pour la Division scolaire franco-manitobaine. Une à Transcona, qui s’est ajoutée au parc immobilier de la DSFM en juin 2020, une à Sage Creek dont les travaux ont commencé et devraient finir en septembre 2025, une à Brandon dont les travaux n’ont pas commencé mais qui devraient être terminés pour septembre 2027.
| Des manquements
Cependant, certains dossiers peinent à décoller au niveau du gouvernement. Daniel Boucher évoque la santé. « C’est priorité. Pas seulement pour les francophones. C’est frustrant de ne pas être plus loin qu’on était il y a déjà quatre ans. Nous avons travaillé un plan de match avec Santé en français. Il semble que cet enjeu d’accès à la santé dans la langue de son choix revient constamment. Il faut s’en occuper rapidement. On est un peu déçu de ne pas avoir plus de progrès, j’espère que nous arriverons à nous entendre sur quelque chose avec le prochain gouvernement. »
Il n’est pas le seul à déplorer certains manquements dans les dossiers de la francophonie. Adrien Sala, critique officiel en matière de services en français pour le Nouveau Parti démocratique du Manitoba, a pu constater à plusieurs reprises dans son rôle que le gouvernement progressiste- conservateur avait manqué à son devoir de soutenir la francophonie manitobaine. « Le plus grand exemple du manquement de ce parti est la décision de supprimer le poste de sous-ministre adjoint au Bureau de l’éducation française. La réalité est que les décisions au sujet de l’éducation en langue française ne sont plus prises par des francophones. Il faut un francophone à la table décisionnaire lorsqu’il est question de leurs intérêts. »
Au niveau de la santé aussi, Adrien Sala soulève : « Le gouvernement progressiste- conservateur a fermé quatre cliniques express sur cinq pour des questions budgétaires, dont celle de Saint-Boniface. À cause de cette fermeture, plusieurs francophones n’étaient plus en mesure de recevoir des soins dans leur langue maternelle. »
Il s’agit donc d’une culture interne à revoir, comme l’indique Adrien Sala. « Il n’y a pas de champion de la francophonie dans ce gouvernement PC, personne ne se bat pour les droits des francophones. Il faut appuyer la culture et le patrimoine francophones pour réaliser le rêve de Louis Riel où les droits des minorités sont respectés. »
Dans un souci d’équité, La Liberté a fait une demande d’entrevue à Rochelle Squires pour parler des dossiers de la francophonie. Cette demande a été déclinée.
| Une lentille francophone
Pour Derrek Bentley, vice- président de la SFM, une lentille francophone doit s’appliquer au sein des différents ministères du gouvernement. « Il faut s’assurer que la francophonie est vue comme partenaire. Pas comme une tâche supplémentaire. On ne veut pas que ça soit vu comme ça, les membres de la communauté sont là pour appuyer les membres du gouvernement. C’est certain qu’il faut deux côtés pour ce partenariat, on l’espère avec le prochain gouvernement. »
Deux chefs sur les trois principaux partis sont capables de s’exprimer en français : Wab Kinew, chef du NPD et Dougald Lamont, chef du Parti libéral. Un avantage pour la francophonie, reconnaît Derrek Bentley. « Évidemment, c’est certain que ça aide. N’importe qui qui connaît plus d’une langue comprend mieux la réalité et la complexité de vivre en milieu minoritaire.
« Ça aiderait aussi d’avoir un ministre qui aurait seulement la francophonie comme dossier. Mais on comprend que ça ne soit pas toujours possible. Il faut donc s’assurer que cette voix pour la francophonie est présente dans tous les ministères, santé, immigration, sport et culture, etc. », conclut Derrek Bentley.
(1) Les priorités électorales sont consultables sur le site de la SFM : https://www.sfm.mb.ca/projets-a- suivre/priorites-electorales-2023/ Derrek Bentley invite les francophones du Manitoba à faire de la rétroaction sur ces priorités et à faire part de leurs priorités à considérer.