Wab Kinew est entré en politique sous la bannière du Nouveau Parti démocratique (NPD) en 2016. Il est le chef de l’Opposition officielle depuis presque aussi longtemps. En 2023, il s’est lancé dans une campagne électorale. Dès le 8 août 2023, il prononçait ses premières promesses en cas de victoire aux élections du 3 octobre 2023. 

Âgé aujourd’hui de 41 ans, le cours de sa vie a connu de multiples péripéties. Il a été un rappeur, il a travaillé comme journaliste pour la CBC et est un auteur. Né en Ontario dans la Première Nation d’Onigaming, sa famille a par la suite déménagé à Winnipeg. Wab Kinew a passé une partie de ses études au Collège Béliveau, enchaînant ensuite pour des études universitaires en économie.

Les débuts de sa carrière politique et des périodes subséquentes ont été marqués par des discussions sur le casier judiciaire de Wab Kinew. Dès le début de la campagne électorale de 2023, il a reconnu publiquement avoir déjà été condamné pour conduite avec facultés affaiblies et d’agression contre un chauffeur de taxi alors qu’il était dans la vingtaine. Il a depuis été gracié pour ces deux actes.

Identité manitobaine

« Je veux dire à tout le monde que le passé n’est pas une chose qui me fait peur. C’est pour moi une de mes motivations. 

Au niveau personnel, j’ai eu une seconde chance et j’ai fait des changements à mon mode de vie afin de m’engager dans une approche plus positive. Pour le Manitoba, je veux aussi effectuer des changements positifs. »

Il brigue maintenant le poste de Premier ministre du Manitoba. Sa motivation est intimement liée à son identité manitobaine. « Je suis très fier et très content d’habiter ici au Manitoba, et je crois que c’est une province exceptionnelle et qu’on a une opportunité de montrer aux autres provinces et aux autres parties du monde qu’il y a de vraiment bonnes choses ici au Manitoba », explique Wab Kinew.

Présentement élu dans la circonscription de Fort Rouge, et ce depuis 2016, il espère remporter à nouveau la circonscription et, à l’aide de son parti, opérer des changements dans la province. « Je pense que notre équipe est capable d’améliorer la vie dans la province avec un message de rassembler tout le monde. C’est-à-dire de lutter contre les défis de notre époque, en santé, en économie, face aux changements climatiques ou autre. »

Quelques idées

Il insiste sur ceci en soulignant ce qu’il considère comme les défaillances du Parti progressiste-conservateur (PC). « Je pense que l’opposition est en train de lancer une campagne électorale qui repose sur des divisions dans notre société. Que ce soient des divisions culturelles, idéologiques ou autres. »

Quant au budget et aux activités qu’il entrevoit pour son gouvernement, il souhaite livrer ce qu’il appelle « de vrais appuis ».

Selon les promesses émises par le NPD depuis le début de la campagne électorale, il se focalise majoritairement sur le système de santé et l’état de l’économie.

Pour accomplir ces objectifs, il s’engage à ne pas rehausser la taxe de vente provinciale. « Même avant mon entrée en politique, j’étais contre l’augmentation de la TVP sous des gouvernements précédents. »

« Trouver un équilibre dans le budget »

Il est conscient de la pression que sentent déjà un certain nombre de Manitobains. « C’est une des raisons pour lesquelles je crois qu’il faut trouver un équilibre dans le budget. On ne peut pas continuellement demander plus d’argent au peuple », explique le chef du NPD.

Dans le budget existant du gouvernement provincial, il lui semble qu’en allouant les fonds différemment, il sera possible d’avancer ses projets. « On payera pour ces changements en réorganisant ces budgets. Actuellement, il y a beaucoup d’argent destiné à des consultants, à des fonds de prévoyance et à la distribution d’argent dans le secteur privé. On veut changer cela et l’investir au Manitoba. »

L’économie est un point central dans le plan du NPD sous Wab Kinew et s’étend sur le plan de la réconciliation. « Je pense que la réconciliation économique est importante dans notre province. On a beaucoup d’organismes autochtones qui sont en train de construire plus d’opportunités pour les générations à venir. On veut aider à créer ce futur ensemble. Si on a un Manitoba dans 10 ou 20 ans où tout le monde peut contribuer à l’économie, on en profitera tous. »

Que faire pour la francophonie?

La question de langue officielle en situation mino-ritaire est importante au Manitoba. Historiquement, les efforts des francophones leur ont permis de continuer à s’exprimer et de reprendre leur éducation officielle dans leur langue maternelle.

S’il est élu, Wab Kinew souhaite donner la voix à la francophonie. « On voudrait ajouter un poste de sous ministre adjoint(e) au Bureau de l’éducation française (BEF). Il y a peu de gens en poste présentement dans le gouvernement qui comprennent bien le système éducatif. »

« Avec ce poste et ces investissements, je voudrais créer un milieu dans le département d’éducation, où les employés pourront interagir et travailler pour faire épanouir la langue française au Manitoba », poursuit Wab Kinew.

Il veut aussi donner plus de place aux francophones dans le système de santé. « Je pense toujours au système de santé et comment fournir des meilleurs soins. Il devrait y avoir des sièges réservés pour des francophones sur les CA dans les hôpitaux et dans les Offices régionaux de la santé qui touchent aux francophones. » 

L’équivalence des diplômes d’un pays à un autre prévaut aussi parmi les questions qui  touchent aux francophones, comme à tous les Manitobains. Sur ce plan, « on a besoin de faire beaucoup de travail pour aider les nouveaux arrivants dans le secteur privé et public ».

Il entrevoit travailler auprès des associations de différents corps professionnels pour faciliter ces transitions.

S’appuyer sur l’expérience de la francophonie

L’expérience francophone au Manitoba n’a pas toujours été ce qu’elle est aujourd’hui, et pour en arriver là, la communauté a dû relever des défis. « Je pense qu’on pourrait s’engager dans une discussion avec les francophones pour apprendre les leçons de leur lutte pour leur langue, afin de partager et appliquer ceci dans le cas d’autres langues minoritaires. 

« Au Manitoba, avec les institutions éducatives, on pourrait créer un incubateur pour de méthodes technologiques qui vont appuyer les langues minoritaires », a-t-il souligné.

Wab Kinew rappelle son message : s’il est élu, il ne veut pas une division parmi les Manitobains. « Je n’étais pas un membre d’un parti politique avant 2016. J’écoutais simplement les propositions de tous les partis. 

« Je veux partager un message durant cette élection : si on est élu, on veut être un gouvernement pour tout le monde, peu importe que leur vote soit pour moi ou pour quelqu’un d’autre. »

NDLR : Le Parti progressiste conservateur n’a pas répondu à notre demande d’entrevue.