La Chambre de commerce noire du Manitoba (CCNM), avec la Chambre de commerce francophone de Saint-Boniface (CCFSB), le Conseil de développement économique des municipalités bilingues du Manitoba (CDEM) et l’Association étudiante de l’Université de Saint-Boniface (l’AEUSB) se sont associés pour mettre en place le premier débat bilingue des chefs de partis ce jeudi 14 septembre.
Aux alentours de 19 h 30, 120 personnes ont investi doucement l’amphithéâtre de l’Université de Saint-Boniface, là où le débat s’apprêtait à commencer.
Parler des enjeux
L’un des principaux objectifs de cet évènement était de faire parler les différents chefs et potentiels futurs dirigeants au sujet de l’économie et de son développement. À cette fin, les chefs du Parti vert, du Nouveau Parti démocratique (NPD), du Parti conservateur et du Parti libéral avaient été conviés. Wab Kinew (NPD), Dougald Lamont (Parti libéral) et Janine Gibson (Parti vert) ont répondu présents. Le Parti conservateur, lui, n’a brillé que par son absence et pour Zita Somakoko, présidente-directrice générale de la CCNM, le message est très clair. « Ça veut dire que nous ne comptons pas. De nous avoir balayé du revers de la main, cela envoie un message très fort et nous en prenons note. » De son côté, Sylvie Laurencelle-Vermette, présidente de la CCFSB, n’a pas souhaité faire de commentaire quant à l’absence de la cheffe du PC. Madeleine Arbez, directrice générale du CDEM, a trouvé malheureux que tous les partis n’aient pas pu être représentés.
« C’est important que l’on comprenne et connaisse les positions de chaque parti sur les enjeux qui sont clés pour les personnes qui vivent en français au Manitoba », a-t-elle souligné.
Dans un premier temps, les chefs se sont vu poser des questions préparées de façon concertée par les organisateurs. Environ une dizaine de questions qui portaient sur des thèmes variés comme l’accessibilité, le bilinguisme ou encore les relations avec les communautés autochtones, avec toujours l’économie en toile de fond. Zita Simakoko s’est dite satisfaite des questions sélectionnées. « Nous avons vu un certain dénominateur commun entre nos questions et celles de nos partenaires. Ça nous conforte dans l’idée que nous avons les mêmes ressentis, les mêmes priorités et nos membres, les mêmes inquiétudes. »
Une plateforme
Mais ce n’est pas tout, car il s’agissait aussi d’offrir une plateforme aux Franco-Manitobains afin qu’ils adressent directement leurs questions, en français, aux candidat(e)s. Une dizaine de personnes se sont succédé pour interagir directement avec les chefs des partis présents et élargir davantage le champ des sujets abordés, entre autres : les stratégies prévues pour régler la dette, la santé mentale, mais aussi la collaboration entre les différents partis. Une occasion que deux jeunes étudiants ont saisie. Caleb Dorge, étudiant en deuxième année de science politique à l’Université de Saint-Boniface, en a profité pour poser une question sur l’environnement.
« Je me sens choyé d’avoir pu poser une question sur un sujet qui a beaucoup de valeur pour ma génération, mais pour d’autres aussi parce que c’est un sujet qui nous touche tous. »
Caleb Dorge votera pour la première fois lors d’une élection provinciale ce 3 octobre. Pour lui, avoir ce débat électoral qui se tient dans son université est une véritable chance.
« Les jeunes devraient être plus impliqués dans les élections. La jeunesse a le potentiel de vraiment apporter sa voix dans ces élections. C’est pour ça que c’est une merveilleuse opportunité de pouvoir assister à ce débat. »
Échange plutôt qu’un débat
Le sentiment est partagé par l’un de ses camarades, Simon Boily, qui étudie lui à l’Université du Manitoba, et qui a interrogé les politiciens au sujet de leur plan pour « réduire les taxes, équilibrer les budgets et investir dans le peuple ».
Les réponses des candidat(e)s en revanche, ils le confient, ont laissé les jeunes étudiants quelque peu sur leur faim. Simon Boily regrette de « n’avoir pas eu de réponses concrètes ». Caleb Dorge tire la même conclusion. « J’attendais une réponse un peu plus détaillée, mais l’environnement est un sujet qui est souvent un peu abstrait dans le discours des politiciens. »
Finalement, bien que l’on parle de débat, la session ressemblait plutôt à un échange. Une volonté de la part des organisateurs, qui dressent donc un bilan positif de cette première édition.
« On cherchait vraiment à avoir un forum décontracté avec un dialogue authentique sur des thèmes économiques, mais aussi l’impact social, communautaire et le bilinguisme », a fait valoir Madeleine Arbez.
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