Selon Statistique Canada, en 2020, 72,7 % des électeurs de 18 à 30 ans avaient voté pour une élection provinciale. Ils étaient 84,8 % pour les 31 à 46 ans et 88,7 % pour les 47 ans et plus. Derrek Bentley, directeur du Conseil jeunesse provincial (CJP), souhaite avec l’organisme qu’il représente essayer de changer la donne. 

« Beaucoup de jeunes du CJP, et même en général, se rendent compte de l’importance de ces élections. On sait que cette voix politique peut avoir une retombée assez énorme sur la société. Et nous, on essaie  de montrer aux jeunes l’utilité de leurs votes. Sans prendre parti, on veut faire passer ce message : Si tout le monde prend le temps d’aller voter, on aura au moins des élus qui représentent vraiment la population. » 

Si le CJP met en place quelques incitatifs pour aller voter, il reste que ce sont les enjeux et les annonces des candidats qui peuvent donner envie ou non de se déplacer. Éducation, santé, environnement ou encore économie sont les sujets qui reviennent souvent, selon Derrek Bentley. Le directeur du CJP reste attentif aux annonces des partis. « À la fin de la journée, peu importe qui gagne et peu importe avec qui l’on parlera, on sera prêt à faire avancer la question jeunesse. » 

Un premier vote marquant 

Caleb Dorge, 19 ans, compte bien faire entendre sa voix. L’étudiant en deuxième année de science politique à l’Université de Saint-Boniface (USB) a voulu réunir le plus d’information possible pour pouvoir prendre sa décision. Le jeune adulte, qui attend de l’honnêteté des partis politiques, se rend compte qu’il se souviendra longtemps de son tout premier vote. 

« Oui, et pour la première fois depuis longtemps, il semblerait que l’élection au Manitoba est une cause très intéressante. On voit dans les sondages que c’est assez partagé. À mon avis, selon si Winnipeg devient conservatrice ou néo-démocrate, ça sera ce qui décidera de l’élection. » 

De par ses études, Caleb Dorge est évidemment très intéressé par la vie politique manitobaine. C’est aussi le cas de Madeleina Daigneault, 19 ans, étudiante en science politique et histoire à l’USB. 

« Quand j’étais plus jeune, mes parents m’emmenaient tout le temps pour voter avec eux. Alors oui, j’ai hâte de pouvoir à mon tour donner ma voix. » 

L’étudiante métisse explique, elle, que le coût de la vie, la réconciliation et l’environnement sont les enjeux qui détermineront son vote. Madeleina Daigneault s’attend surtout à de l’ouverture d’esprit de la part des candidats politiques. 

« La coopération est essentielle. Évidemment, il y a des lignes de parti, c’est la manière dont notre système fonctionne. Mais ce n’est pas au parti gagnant de tout faire, il y a de bonnes idées à prendre partout. » 

Caleb Dorge
Caleb Dorge s’est plusieurs fois renseigné sur les candidats pour être sûr de sa décision. (photo : Marta Guerrero)

Manque de représentation 

Toujours selon l’étude de Statistique Canada, à 32,4 %, les électeurs de 18 à 30 ans ne sont pas allés voter pour des « raisons politiques », qui comprennent ne pas être « intéressé », avoir « l’impression que le vote ne changerait pas les résultats des élections », ou encore ne pas être « informé sur les questions politiques ». 

Madeleina Daigneault appuie aussi sur le manque de représentation. 

Madeleina Daigneault
Madeleina Daigneault parle beaucoup des élections avec son entourage. (photo : Gracieuseté)

« Certains jeunes peuvent se sentir exclus de la sphère politique. Il y a le sentiment que les chef.fe.s de partis ne se posent pas vraiment la question de ce qu’il y a dans leurs têtes. Je trouve qu’on cherche moins leurs opinions et on les met un peu de côté. Ça entraîne moins d’implication et d’engagement », analyse Madeleina Daigneault, qui aimerait plus de cours d’éducation civique dès le plus jeune âge. 

Très défenseur de ce droit civique, Caleb Dorge essaie d’encourager au vote son entourage. Il met aussi en avant la question pratique, car il peut être difficile de se rendre disponible pour le vote. Et ce, même si le vote par anticipation est possible depuis le 23 septembre. 

Pour pallier ce problème, Caleb Dorge soutient l’initiative de l’USB qui a mis en place un bureau pour aller voter en avance. 

« Je trouve ça formidable. L’université, c’est non seulement l’apprentissage des cours, mais aussi la culture académique. Donc quel meilleur lieu pour aller voter! C’est une belle idée qu’on pourrait aussi considérer dans les milieux de travail. »