L’élection du 3 octobre n’est pas le seul sujet qui a fait du bruit dans la circonscription de Springfield-Ritchot au cours de la dernière année. Le projet d’extraction minière de sable de silice a capturé l’attention des médias et surtout des électeurs de la région. 

L’année 2023 marque seulement la deuxième élection dans Springfield-Ritchot depuis sa création en 2018. Cette circonscription a été créée en prenant des morceaux des circonscriptions de Chemin-Dawson, St. Paul, Morris et La Vérendrye.

Abritant plusieurs communautés francophones, on y trouve entre autres Saint-Adolphe, Grande Pointe, Île-des-Chênes et Sainte-Agathe.

Selon le recensement de 2021, la population est juste en dessous de 25 000 personnes. Le revenu moyen pour une maisonnée est de 114 000 $.

En 2023, trois candidats se présentent dans la circonscription. Ron Schuler, candidat pour le Parti progressiste-conservateur (PC), avait remporté l’élection en 2019 et se représente en 2023. Il fait face à Tammy Ivanco du Nouveau Parti démocratique (NPD) et Trevor Kirczenow du Parti libéral (PL).

Le défi des grands espaces dans cette circonscription est moindre que dans La Vérendrye qui a une plus grande superficie. Néanmoins, Tammy Ivanco souligne la faible densité des habitations. « Il faut faire beaucoup de chemin pour rencontrer les gens, mais ça vaut la peine. Installer des affiches aide aussi beaucoup pour que les gens sachent qui tu es. »

Trevor Kirczenow avait déjà de la visibilité dans la communauté. « Je me suis proposé aux élections fédérales en 2019 et 2021, alors je suis déjà un peu connu dans ma région. Je suis aussi impliqué dans l’expansion de soins pour le diabète au Manitoba. »

Le député siégeant, Ron Schuler, est un vétéran de la politique provinciale. « Je représente Springfield depuis déjà 24 ans, et maintenant Ritchot aussi. Dans ma circonscription, je représente certaines des communautés les plus dynamiques, avec la croissance la plus rapide du Manitoba. »

Au pouvoir depuis près de trois décennies, il est bien connu des électeurs de la région. « J’ai l’avantage d’être le député siégeant, alors les gens me connaissent déjà. J’envoie beaucoup de courriers et bien sûr, je passe énormément de temps dans la communauté. Il faut se rendre visible et disponible pour les électeurs. »

À quoi pensent les électeurs?

Tammy Ivanco explique que l’état des soins de santé dans la province l’a motivée à se présenter comme candidate. « La santé est un sujet très important pour moi. J’ai la sclérose en plaques. Il y a dix ans, j’avais deux neurologues que je voyais régulièrement. Aujourd’hui je peux seulement en voir en cas d’urgence!

« Les soins de santé sont meilleurs dans la section Ritchot de la circonscription, grâce à Niverville. À Springfield cependant, il y a encore du travail à faire », poursuit-elle.

L’enjeu des soins de santé est aussi parvenu aux oreilles du candidat du PL. « La santé et l’éducation ont souffert de trop peu de fonds sous le PC et sous le NPD. J’entends parler de personnes qui attendent des chirurgies et qui, pendant cette attente, souffrent. »

Ron Schuler n’a pas mentionné les soins de santé directement, mais a mis en valeur le soin des aînés. « On m’a aussi beaucoup parlé de vieillir sur place, d’avoir les supports nécessaires dans sa communauté pour y rester aussi longtemps que possible. À Niverville par exemple, il y a des condos pour aînés, des aides à domicile et des maisons de retraite. »

Le projet de SIO Silica

Ce projet d’extraction de sable de silice verrait la compagnie SIO Silica creuser 7 700 puits à 50 mètres de profondeur. Autrement dit creuser plus loin que la profondeur des réserves d’eau potable de la région. Le processus de forage entrerait alors en contact avec l’eau potable de la région.

Une autre question soulevée dans la circonscription est donc le projet de forage de SIO Silica. Trevor Kirczenow : « J’habite près du lieu où l’usine de traitement serait construite. À ce jour, j’ai trouvé que les autres candidats s’intéressaient trop peu à la question. J’ai voulu faire campagne et m’opposer nettement au projet.

« Je reçois beaucoup de questions sur le projet de SIO Silica, c’est la chose dont les gens me parlent le plus. Je veux être une voix puissante qui défend la qualité de notre eau potable », affirme-t-il.

Tammy Ivanco, la candidate du NPD, reconnaît également qu’il faut faire face à ce projet. « Un autre problème à Springfield, c’est le projet de SIO Silica », a-t-elle mentionné.

Mis à part ce projet, Tammy Ivanco espère s’impliquer davantage dans l’agriculture. « Je pense que l’agriculture est un problème d’avenir et qu’il faut être prêt à y faire face, à voir comment soutenir les petites fermes familiales. »

Ron Schuler souligne pour sa part que « le coût de la vie est une question qui a souvent été soulevée », quand il faisait du porte-à-porte.

Un enjeu que le candidat du PC veut également mettre en valeur est le traitement des eaux résiduaires. « Un des grands projets sur lequel je travaille depuis un certain temps est un centre pour le traitement des eaux résiduaires. C’est probablement le projet le moins sexy possible pour un politicien, mais il faut le faire. Ça nous met sur le chemin de la durabilité environnementale. »

À part cela, Ron Schuler indique que « l’ajout d’une voie à l’autoroute 59 est aussi un enjeu pour moi, ça aurait un grand impact sur mes communautés ».

Quelles mesures pour soutenir la francophonie?

Tammy Ivanco renvoie la question à la plateforme de son parti. « Le français est très important pour l’identité culturelle, et la plateforme de mon parti propose plusieurs choses pour soutenir l’identité francophone. J’appliquerai ceci dans ma circonscription si je suis élue. On s’efforce comme parti d’écouter les inquiétudes des éducateurs. » 

De même pour le candidat du PL : « Le Parti libéral promet de nombreux fonds pour les francophones, et c’est quelque chose que je soutiendrai si je gagne. »

Il poursuit, citant ses enfants comme exemple. « Je ne suis pas francophone, mais mes enfants ont suivi des cours d’immersion. Même maintenant qu’ils sont éduqués, à domicile, ils continuent à étudier le français. »

D’expérience, Ron Schuler a vu travailler les représentants de communautés francophones au fil du temps « Les conseils municipaux sont très forts dans les communautés francophones. Ils vont établir des priorités et venir voir le gouvernement pour qu’on les aide avec ces priorités. »

Il souligne également que les bénéfices d’habiter dans une communauté francophone sont importants. « De nombreuses personnes décident d’emménager dans des communautés francophones puisque les écoles sont si bonnes. Ça contribue à la croissance économique et sociale dans ma circonscription. »