Eya Ben Nejm

Ils courent depuis toujours dans les plaines d’Amérique du Nord. Selon Parcs Canada, la première apparition des bisons sur le continent remonte à l’ère glaciaire, il y a entre 130 000 ans et 75 000 ans.

La longévité de l’animal sur le sol canadien a favorisé son adaptation au climat ardu. « Les bisons ne sont pas vulnérables à l’environnement ici, puisqu’ils ont évolué et coévolué ensemble », observe Marie-Ève Marchand, la directrice de l’Institut international des relations avec le bison.

Différentes études prouvent la contribution du bison à « l’augmentation de la biodiversité végétale », souligne Daniel Fortin, professeur au département de biologie de l’Université Laval à Québec.

Selon une étude menée par la Kansas State University, la biodiversité végétale a doublé dans les prairies d’herbes hautes habitées pendant 30 ans par des bisons, à la station biologique de Konza Prairie, aux États-Unis.

Une nourriture variée et utile

La physionomie des bisons leur permet notamment d’aller « chercher la végétation qui peut être profondément [enfouie] sous le couvert de la neige », en creusant tout simplement avec leur tête, remarque Daniel Fortin.

Durant la saison hivernale, la vache ne peut pas s’alimenter à l’extérieur en raison de sa difficulté d’adaptation aux températures froides, ajoute l’expert.

Au gré de leurs déplacements, les bisons consomment à la fois des plantes indigènes et non indigènes. Ils se nourrissent de végétations vivantes et de plantes mortes. Grâce à ce régime alimentaire diversifié, la défécation du bison est utile pour faire « recirculer la végétation », explique le professeur.

Le processus de broutage du bison favorise par ailleurs la continuité de la pousse de la végétation, puisque l’animal ne retire pas la racine au complet, contrairement aux vaches qui arrachent les racines, complète Marie-Ève Marchand.

Les activités du bison favorisent ainsi l’absorption du carbone dans le sol, qui a pour effet d’enrichir et générer la terre, rapporte-t-elle.

« Il faudra avoir plus de bisons, insiste la spécialiste. Les bisons sont beaucoup plus faciles à élever dans un certain sens que les vaches parce qu’ils demandent beaucoup moins de travail. »

Espèce menacée

Depuis 19 ans, le bison détient le statut d’espèce menacée.

Selon le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC), de 2004 à 2013, la population des bisons a augmenté de 36 %. Néanmoins, le pourcentage ne permet pas à l’animal de sortir de sa condition menacée en raison du manque d’espace adapté pour sa survie.

Patauger pour régénérer la biodiversité

L’aspect le plus distinctif du bison, c’est le wallow, ou quand la bête se vautre sur le sol. Ce comportement a un impact direct et positif sur la qualité de la terre.

« Le bison va être debout, se rouler sur le côté, se lever, brasser la tête, se rouler sur l’autre côté et il forme ce qu’on appelle des espèces de wallow », détaille Daniel Fortin.

Cette action lui permet de disperser l’eau qui va par la suite de régénérer la biodiversité, informe Marie-Ève Marchand.

Autrement dit, les bisons favorisent l’infiltration de l’eau dans le sol. De fait, ils rendent les plantes plus résistantes aux sècheresses, ce qui aide les Prairies à être plus solides face aux changements climatiques.

En se vautrant sur la terre, le bison perturbe également la végétation plus ancienne. Il permet ainsi à la végétation plus jeune de se développer. « À d’autres endroits où la végétation peut-être de trois, quatre pieds de haut, les plus petites plantes ont davantage de difficultés à croitre », relève Daniel Fortin.

En liberté

Ces caractéristiques permettent au bison de vivre à la fois dans une ferme ou dans le milieu sauvage. Toutefois, Daniel Fortin considère qu’il est préférable pour l’animal de rester dans un espace assez large. « On ne veut pas mettre une clôture autour du parc, on veut qu’ils soient libres de se promener où ils veulent. »

En 2018, le parc national Banff en Alberta a réintroduit 31 bisons dans une zone de 1200 km2, en toute liberté, après plus d’un siècle d’absence dans la région.

Selon Parcs Canada, l’animal participe au développement de l’écosystème : « Les surfaces broutées par le bison et les dépressions creusées lorsqu’il se roule dans la poussière créent un habitat pour toutes sortes d’animaux, comme le wapiti, les écureuils terrestres et le blaireau. »

La réintroduction du bison à Banff revêt aussi une importance culturelle pour les peuples autochtones, indique l’agence.