Par Michel Lagacé.
Wab Kinew s’est engagé, durant son premier mandat, à embaucher 400 médecins, 300 infirmières, 200 ambulanciers paramédicaux et 100 travailleurs de soins à domicile. Il a proposé de rouvrir trois salles d’urgence, geler les tarifs d’électricité et réduire la taille des classes. Il a proposé de mettre fin à l’itinérance chronique et d’offrir des soutiens en matière de santé mentale.
Son défi immédiat sera de trouver tout le personnel qualifié qu’il se propose d’embaucher, car ces travailleurs se font rares à travers le pays. Aussi, sa promesse d’abolir la taxe provinciale de 14 cents le litre pour un an va à l’encontre de la lutte contre les changements climatiques, un enjeu incontournable qu’il a choisi de mettre de côté pour des raisons électoralistes.
Les premiers cahiers de breffage qu’il recevra du ministère des Finances pourraient bien démontrer au nouveau Premier ministre que, contrairement à ses attentes, les fonds non alloués dans le cadre du budget provincial existant seront insuffisants pour financer ses promesses. Et un budget équilibré après quatre ans pourrait tout aussi bien être illusoire. Bref, la réalité annonce des choix difficiles.
Pour sa part, le Parti progressiste-conservateur est à la croisée des chemins, pas parce qu’il a perdu l’élection, mais parce qu’il est profondément divisé. Le parti a pris un tournant vers la droite extrême qui reflète les valeurs d’une fraction seulement de la population.
À coups de grands panneaux publicitaires, Heather Stefanson s’est vantée d’avoir refusé de rechercher les restes de femmes autochtones dans la décharge de Prairie Green, une attitude insensible et répréhensible. Quant aux « droits parentaux », elle visait les conservateurs sociaux d’extrême-droite déterminés à mener une guerre culturelle avec la communauté 2ELGBTQI+. Sa campagne déshumanisante comportait aussi des attaques personnelles tendancieuses contre plusieurs candidats néo-démocrates. Et, comble du cynisme, sa campagne a publié une vidéo rappelant aux Manitobains qu’ils votent secrètement. Comme si voter pour son parti était un acte honteux.
Le parti doit maintenant choisir : il peut se renfermer sur sa base rurale et ainsi, possiblement, se condamner à un rôle perpétuel d’opposition. Ou il doit se rendre acceptable à Winnipeg, où les élections se gagnent ou se perdent, car telle est la réalité.
Le nouveau gouvernement de Wab Kinew a droit aux meilleurs voeux de la population. Il est maintenant face à la réalité, tout comme l’Opposition. Il incombe aussi aux Manitobaines et aux Manitobains de comprendre que c’est la réalité qui devra conditionner leur espoir pour l’avenir.