L’exposition Nostalgie se compose de deux installations présentées dans la galerie principale de la Maison des artistes visuels francophones. Colette Balcaen décrit. « Une des installations est constituée de panneaux peints à l’acrylique dilué, arborant des roses superposées aux titres de chansons de mon époque, ainsi qu’à des notes de musique. C’était le temps de la bonne chanson! ». « Ce sont des chansons d’antan telles que Le portrait de ma mère et Laissez dormir les oiseaux dans leurs nids. Un retour au passé.

« Ma mère jouait Le portrait de ma mère au piano chaque fois que nous lui demandions de jouer quelque chose. Laissez dormir les oiseaux dans leurs nids est une chanson composée par ma grand-mère maternelle, qu’elle chantait à ses enfants. »

Des toiles suspendues au plafond de la galerie sont accompagnées de longs fils de lin qui descendent jusqu’au sol et se déroulent sur le plancher. Colette Balcaen explique. « Avec cela, j’ai souhaité symboliser la pluie. Dans les films, lorsque les scènes sont tristes, il y a souvent de la pluie. C’est un peu ce que je représente dans cette exposition, un retour sur mes émotions pendant la période de la COVID-19, quand les reportages à la télévision évoquaient les personnes âgées dans les foyers de soins de longue durée. 

« Mes installations font référence aux personnes âgées qui se sentent prisonnières, dévalorisées, et qui ne reçoivent pas les soins dont elles ont besoin. Cette exposition reflète ma tristesse.

« Cependant, ce n’est pas toujours triste. Certaines des personnes que l’on voit dans ces établissements sont atteintes de démence. Parfois, un beau sourire éclaire leur visage lorsqu’ils entendent une chanson de leur passé, éveillant ainsi de précieux souvenirs. »

Roses brodées

L’autre installation repré-sente des pages. Colette Balcaen poursuit : « Les pages sont confectionnées avec des tissus transparents superposés l’un devant l’autre, comme un livre. J’y ai écrit des textes tirés de mes souvenirs. Il y a un article en anglais au sujet de ma tante, Soeur Marie-Alma, qui a travaillé dans une réserve autochtone pendant plusieurs années. Elle était musicienne, couturière, crocheteuse et tricoteuse. Elle enseignait aux jeunes femmes autochtones diverses activités artisanales et les aidait à créer des magasins pour vendre leurs créations.

« Dans une autre de ces pages, on trouve le récit de ma tante sur l’arrivée de ses parents en Saskatchewan après avoir vécu au Québec. Elle décrit le moment de son baptême, et comment ses parents ont réussi à trouver un endroit où vivre.

« Sur une autre page, j’ai raconté ma propre histoire, évoquant les jeux auxquels je jouais lorsque j’étais jeune, à la ferme. Pour accompagner ces pages en tissu remplies de textes, on trouve des roses brodées. »

Un livre est également mis à disposition du public. L’artiste précise. « Les visiteurs peuvent s’asseoir et lire les textes présents sur les grandes étoffes, afin de rendre l’exposition plus accessible. Yvette Cenerini a contribué à la mise en page de ce livre. »

Performance artistique

Colette Balcaen a donné une première performance lors de la Nuit blanche du 23 septembre et sera de nouveau présente le 26 octobre à 19 h 30 à la MDA. « Je réalise une performance artistique improvisée parmi les installations, où je m’intègre aux fils de lin. J’évoque le temps où je rendais visite à ma grand-mère, mes parents, mes tantes et mes oncles dans des foyers. Le but de ma performance est de sensibiliser le public à ne pas oublier les personnes âgées vivant en foyer et à leur rendre visite. Tatianna Balcaen filme ces performances en vue de préparer un clip. »

Une partie de cette exposition a été subventionnée par le Conseil des arts du Manitoba à hauteur de 7 500 $. Ces fonds ont permis à Colette Balcaen de financer une composition musicale, un élément très présent dans l’exposition. 

L’artiste explique : « En parcourant la galerie, une musique se déclenche. À partir des titres de chansons mentionnés précédemment, j’ai composé une mélodie en collaboration avec mon frère. Nous avons ajouté du piano et du violoncelle. D’autres personnes ont contribué à cet élément, notamment Erika Lincoln, qui a programmé les capteurs de mouvements pour que la musique se déclenche dans la galerie, et Nicole Gautron, qui a joué toutes les pièces musicales à l’instrument. »