Le constat de la directrice générale d’Héritage Winnipeg, Cindy Tugwell, est sans appel : « La Ville de Winnipeg ne finance pas ses monuments historiques et la conservation de son patrimoine de façon adéquate. De nombreuses bâtisses, comme le Musée de Saint-Boniface, sont en train de tomber en ruines. 

« Or quand l’état de détérioration devient trop avancé, ça coûte trop cher de rénover. La bâtisse risque alors d’être condamnée, voire même détruite pour des raisons de sécurité. 

« Et là, c’est notre patrimoine qu’on perd, notre histoire! On voit des bâtisses irremplaçables disparaître. C’est dramatique pour Winnipeg. Au fil des ans, depuis sa création en 1978, Héritage Winnipeg se bat toujours pour la même chose. On dirait que la Ville ne réalise pas l’importance et l’atout d’avoir du patrimoine. » 

Dans le cas du Musée de Saint-Boniface, Cindy Tugwell affirme pourtant que « le Musée devrait cocher toutes les cases d’importance historique pour la Ville de Winnipeg : c’est un monument emblématique de l’histoire des francophones à Winnipeg, mais aussi de l’histoire autochtone puisque les Métis ont joué un rôle clé dans sa construction, et également de l’histoire sociale de Winnipeg puisque la bâtisse a abrité notre premier hôpital ». 

« C’est notre patrimoine qu’on perd, notre histoire! On voit des bâtisses irremplaçables disparaître. C’est dramatique pour Winnipeg. » 

Cindy Tugwell

L’impact d’une désignation 

Le Musée de Saint-Boniface a une triple désignation historique : aux niveaux national depuis 1958, provincial depuis 1991 et municipal depuis février 1995. Cindy Tugwell explique ce que ces désignations signifient : 

« Les désignations historiques provinciale et nationale sont, avant toute chose, commémoratives. En revanche, la désignation historique municipale s’accompagne de clauses de protection de la bâtisse. 

« Le Musée de Saint-Boniface ne peut donc pas faire ce qu’il veut en termes de rénovations. Toute action doit être approuvée par le département de l’Urbanisme, des Biens et de l’Aménagement de la Ville de Winnipeg, qui délivrera un permis pour biens patrimoniaux. » 

L’objectif de ce permis est de s’assurer que tous les travaux entrepris respectent le caractère historique de la bâtisse. « Le principe de base, c’est de restaurer ce qui existe autant que possible plutôt que de remplacer, sauf si c’est absolument nécessaire. Par exemple, s’il y a du bois pourri. 

« Et en cas de remplacement, il faut s’assurer d’utiliser les matériaux les plus proches possibles de ceux utilisés lors de la construction d’origine. Il faut que ça aille bien avec les autres éléments historiques de la bâtisse. C’est très important. » 

Selon la directrice générale d’Héritage Winnipeg, l’obtention d’un permis pour biens patrimoniaux peut prendre au minimum cinq à six semaines. « Si c’est une question de santé et de sécurité, il est important que la Ville sache que c’est urgent. Héritage Winnipeg peut aider avec ça. » 

Elle ajoute qu’au niveau municipal, le Musée de Saint-Boniface a une désignation historique de grade 1, ce qui est « le niveau de désignation le plus élevé possible et ayant le plus d’éléments protégés ». Ceci va certainement limiter la marge de manoeuvre du Musée.