Pourtant, ce patrimoine est non seulement le reflet du passé mais aussi du présent, car il représente ce que nous estimons important de transmettre aux générations futures. Il met en lumière nos valeurs et nos aspirations, et nous ancre dans l’histoire. 

Pour s’en tenir à Saint-Boniface, le Musée de Saint-Boniface fait face à un besoin urgent de rénovation. La mousse pousse sur le toit qui coule, le revêtement en bois n’a pas été peinturé depuis au moins 20 ans, et les dernières rénovations importantes remontent à 1995. L’édifice lui-même et les objets uniques de sa collection sont donc menacés à terme. Après des années de négligence pour ne pas dire d’indifférence de la part de la Ville de Winnipeg, qui en est responsable depuis 1972, les travaux de rénovation sont évalués à 1,4 million $. 

On sait que ce Musée constitue un legs unique : la plus ancienne structure de son genre dans l’Ouest canadien, il a hébergé les premières soeurs grises dans l’Ouest il y a 175 ans. Il a servi non seulement de couvent mais aussi d’infirmerie, d’école, d’hôpital et d’orphelinat, avant de devenir un musée en 1963. 

Son cas s’ajoute à d’autres enjeux patrimoniaux à Saint-Boniface, dont le sort de son carré civique. De plus, les huit organismes patrimoniaux désignés et financés par la Province du Manitoba, dont la Société historique de Saint-Boniface, rappellent au gouvernement depuis trois ans que ses modestes octrois n’ont pas augmenté depuis au moins 20 ans. Jusqu’à présent, quel que soit le parti au pouvoir, il a fait la sourde oreille, laissant aux bénévoles et à quelques organismes sous-financés la responsabilité de faire valoir notre patrimoine culturel et social.

Les ténors du tourisme ont beau vanter le patrimoine comme source de revenus pour les commerçants, les restaurants et les hôtels, le patrimoine représente beaucoup plus qu’une occasion de faire de bonnes affaires. Pourtant, les investissements nécessaires pour le faire valoir sont malheureusement laissés au hasard des décisions arbitraires des gouvernements qui ont d’autres priorités, certes légitimes. 

Il est regrettable que la Province ne se soit pas dotée d’une politique patrimoniale qui encadrerait ce secteur et lui allouerait des fonds adéquats. Évidemment, de nombreux défis de taille attendent le nouveau gouvernement de Wab Kinew. S’il a fait de la santé son principal cheval de bataille durant la campagne électorale, il serait toutefois important qu’il mandate le ministre qui aura le Patrimoine comme porte-feuille de se préoccuper sérieusement de l’ensemble de ce secteur. 

Wab Kinew pourrait ainsi décider de voir à la santé du patrimoine et d’être le premier chef de gouvernement depuis bien trop longtemps à agir concrètement dans ce secteur qui n’a décidément pas qu’une valeur symbolique.