Délivre-moi de tout mal, c’est un livre qui a vu le jour « un petit peu par accident ». Dans le sens où la forme est finalement bien loin de ce que s’imaginait Louise Dandeneau il y a de ça une bonne vingtaine d’années. Le contenu, en revanche, elle l’avait anticipé. « J’avais déjà le titre en tête, explique l’auteure. Je savais qu’il parlerait de mon père, seulement j’ai toujours pensé qu’il s’agirait d’un roman. »

Délivre-moi de tout mal, a donc pris forme à la suite d’une réconciliation avec la poésie. « J’avais mis de côté la poésie parce que je trouvais ça difficile. Je n’étais pas encore prête à explorer le genre. » 

Puis la pandémie est arrivée. « J’avais beaucoup de temps et j’ai commencé à fouiller les photos que ma mère avait laissées chez moi. » Les photos que l’artiste redécouvre lui inspirent un poème : Crucifix. À ce moment-là, deux revues littéraires, une en Saskatchewan et l’autre au Nouveau-Brunswick, prépa-rent un numéro conjoint. 

Louise Dandeneau décide de soumettre son poème. Ce dernier est publié et cela rassure l’auteure franco-manitobaine dans sa démarche. 

« Je me suis dit que j’étais capable d’écrire de la poésie, et d’autres sont venus comme ça. Puis un jour, cela m’a frappée, « c’est ça mon Délivre-moi de tout mal! » 

« Ce recueil, c’était aussi une quête pour essayer de comprendre ce qui est arrivé à papa. Qu’est-ce qui a fait qu’il soit devenu violent, qu’est-ce qui a fait qu’il ait perdu le contrôle. »

Louise Dandeneau

Répertoire de souvenirs

Plus qu’un recueil de poèmes, ce livre est un véritable répertoire de souvenirs. C’est un livre très personnel, qui explore la relation et les sentiments de l’auteure pour un père violent, marqué par la guerre, décédé en 2004, et qu’elle apprend finalement à connaître aujourd’hui. 

« Ce recueil, c’était aussi une quête pour essayer de comprendre ce qui est arrivé à papa. Qu’est-ce qui a fait qu’il soit devenu violent, qu’est-ce qui a fait qu’il ait perdu le contrôle. Ma mère disait toujours qu’il était en maudit. Je ne l’ai jamais vu paisible. »

Pour Louise Dandeneau, ce livre et le travail qu’il a engendré étaient importants. 

« Il y a des choses que je devais évacuer, mettre sur papier, et ça m’a fait du bien. Et en écrivant, ces bulles ont fini par sortir et je me suis dit : Ah! j’ai quand même de bons souvenirs de papa. » Lorsqu’elle parle de bulles, Louise Dandeneau parle en réalité de ses « seuls bons souvenirs » qu’elle a de son père. 

Ainsi, disséminées à travers cet ouvrage, entre parenthèses, on trouve ces bulles qui viennent contraster avec le ton général du recueil. 

« C’est un répit de tout ce que l’on vivait quasi constamment. Elles sont plus courtes et elles apportent un peu de légèreté dans la lecture. » 

Et dans cette fresque littéraire de 75 pages, les bulles jouent un rôle important, pour le lecteur comme pour celle qui les a écrites : « C’était une façon d’humaniser mon père. » 

En couchant dans un livre ces violences familiales, l’auteure a fait de grands pas sur le chemin de la guérison et compte désormais s’octroyer une petite pause. Après tout, celle qui se qualifie elle-même d’hyper productive confie qu’elle a d’autres oeuvres dans les tiroirs. 

Délivre-moi de tout mal est disponible en librairie depuis le mardi 17 octobre. Une soirée de lancement est prévue à la Maison des artistes visuels francophones le 30 octobre.