Il est également responsable pour les Affaires francophones. Une charge certes importante, mais qu’il est prêt à relever.

Pour ceux et celles qui ne vous connaissent pas, est-ce que vous pourriez vous présenter? 

Je suis originaire de Saint-Lazare au Manitoba. Mon père est Antonio Simard, très impliqué dans la Division scolaire franco-manitobaine comme commissaire scolaire. Ma mère, Karen, travaillait dans le gouvernement pour la certification d’enseignants à Russell. 

Alors je suis fils d’un fermier devenu mineur de potasse. Nous étions six enfants, cinq garçons et une fille, je suis le troisième de cette fratrie. 

J’ai la chance d’avoir deux garçons de 19 et 17 ans, ma femme Lori est enseignante à Brandon. C’est l’une des premières finissantes du Collège Jeanne-Sauvé. 

Vous êtes vous-même enseignant… 

Oui! Depuis 1997, j’enseigne en immersion française à Brandon. J’ai commencé à 22 ans et je n’ai jamais arrêté. Ma femme et moi enseignions à la même école alors le matin, on partait avec nos deux garçons et on allait à l’école tous ensemble (rires) 

Je comprends que vous avez donc un lien particulier avec l’enseignement… 

C’est super important d’avoir des enseignants, que ce soit de langue française première ou de langue française seconde. C’est la priorité n°1. La préservation de la langue passe par la création d’une communauté qui apprécie la langue, que ce soit la langue natale ou bien une deuxième langue. Une des  grandes choses pour lesquelles le Manitoba peut être fier, c’est le nombre de personnes qui apprennent le français grâce à l’immersion. 

Saint-Lazare est une petite communauté isolée du reste des villages francophones, comment cet environnement a-t-il pu vous influencer? 

Tout le monde se connaissait. Il y avait un grand sentiment de solidarité et de communauté. Tout le monde travaillait pour le bien commun. S’il y avait un souper ou un évènement, tout le monde participait pour le réaliser. 

Mon père était vraiment très fort en termes de bénévolat. Même toute ma famille a contribué à cette communauté, dans le but de prendre soin les uns des autres. Alors forcément, c’est quelque chose qui m’a marqué. 

Préserver notre langue et notre culture était vraiment très important dans notre famille, dès notre jeune âge. Nous étions vraiment seuls comme francophones, entourés de villages anglophones. 

Saint-Lazare a certainement beaucoup changé depuis votre enfance… 

Oui! Il n’y avait pas de secondaire à l’époque, alors mes frères et soeur et moi-même avons dû finir nos études dans différents villages. Il se trouve que pour ma part, j’ai terminé mes études à Roblin, dans une école privée ukrainienne. J’ai pu découvrir une nouvelle culture, un nouveau patrimoine. C’est certainement quelque chose qui va beaucoup m’aider dans mon nouveau rôle de ministre du Sport, de la Culture, du Patrimoine et du Tourisme. 

Est-ce que vous vous attendiez à obtenir un portefeuille dès votre première élection? 

Non, absolument pas. Mais j’étais prêt à me mettre au travail. Notre Premier ministre (Wab Kinew) l’a répété à plusieurs reprises : Nous sommes un Manitoba. La représentation du Manitoba doit être vue dans le conseil exécutif, elle doit être vue dans les députés qui nous représentent. Et même le personnel du Palais législatif doit représenter le Manitoba. 

Le Manitoba a beaucoup changé dans les derniers 30 ans, pour le meilleur. L’inclusivité est vraiment importante partout dans notre société. Alors évidemment, représenter une petite communauté comme Saint- Lazare, c’est quelque chose de spécial. Même si je l’ai quittée, je me sens encore comme un fils de cette communauté. 

Vous êtes désormais en charge des affaires francophones, quels sont vos dossiers prioritaires sur cette question? 

Je veux valoriser la communauté francophone. J’ai toujours pensé que c’était important que le gouvernement ait des conversations avec les représentants des groupes francophones dans leur propre langue. Nous allons pouvoir soulever l’importance de la francophonie du Manitoba, faire en sorte que ce soit une langue au gouvernement. Il n’y a pas que l’anglais. Notre Premier ministre a dit : On doit donner une grosse caresse aux services publics, et je pense qu’on doit faire la même chose pour les francophones. 

Nous allons nous asseoir avec les représentants d’organismes francophones pour rétablir une relation et discuter ensuite de ce qu’ils attendent du gouvernement. C’est un travail de collaboration. 

En plus, vous héritez du portefeuille du Sport, de la Culture, du Patrimoine et du Tourisme. Là aussi, est-ce que vous avez déjà des dossiers que vous aimeriez avancer? 

Il y a toutes sortes de bonnes choses dans ce dossier-là. Il y a aussi des défis que le public ne voit peut-être pas. Je pense qu’avant de travailler sur quoi que ce soit, nous allons rencontrer les acteurs pour comprendre les attentes qu’ils ont. 

Avoir un francophone à la Culture et au Patrimoine va sûrement permettre une certaine sensibilité… 

Sans aucun doute. Je pense que ça va jouer un rôle super important. De plus, nous avons un Premier ministre qui a pris le portefeuille de la Réconciliation avec les Autochtones, ce qui a envoyé un message fort aux Manitobains. Et je pense que le message qu’il envoie à la communauté francophone en me confiant ce portefeuille est tout aussi fort. Je suis francophone, je connais la réalité du milieu minoritaire. Nous sommes prêts à vous écouter et vous reconnaître. 

Vous êtes certainement déjà au travail, puisque nos confrères de Radio-Canada révélaient que le CA de Voyage Manitoba ne comportait aucun francophone alors que la Loi dispose qu’il faudra prendre en compte la considération francophone… 

En effet, c’est un dossier qui est déjà sur mon bureau. Je suis prêt à le regarder et à discuter avec les personnes intéressées. C’est quelque chose qu’on va suivre dans les prochaines semaines.