La Guerre de Corée se place d’abord dans un contexte de guerre régionale limitée, opposant la Corée du Sud et la Corée du Nord. Le conflit a néanmoins pris des dimensions internationales après l’invasion du sud de la péninsule par la Corée du Nord. 

Ce moment a enclenché une suite d’évènements qui ont mené à l’entrée en guerre des États-Unis, qui étaient déjà alliés de la Corée du Sud. Les deux États se sont ensuite tournés vers la communauté internationale et la toute nouvelle Organisation des Nations Unies (ONU) (1) pour demander de l’aide pour lutter contre l’invasion. 

La Guerre de Corée, comme d’autres conflits à l’époque, s’inscrivait dans le contexte de la Guerre froide. Autrement dit, derrière chaque camp de ce conflit régional se dissimulaient des objectifs politiques de puissances de l’époque, majo-ritairement ceux des États- Unis et de l’Union soviétique, aujourd’hui la Russie. 

Le conflit en Corée s’est joué de juin 1950 à juillet 1953. Les deux côtés ont mis fin au conflit avec un armistice, mais des accords subséquents n’ont pas été atteints. La frontière qui divise aujourd’hui les deux pays était la ligne du front au moment de l’armistice. 

« Dans les légions au Canada, de nombreux vétérans des Guerres mondiales ne reconnaissaient pas les vétérans de la guerre de Corée comme leurs frères d’armes. » 

Andrew Burtch

Dans l’ombre des Guerres mondiales 

Éclipsée par l’imposant héritage de la Seconde Guerre mondiale, la guerre de Corée, du moins au Canada, a souvent porté le surnom de « guerre oubliée ». 

Comme le souligne Andrew Burtch, historien spécialisé dans la période post-1945 au Musée de la guerre du Canada, « la guerre oubliée est une expression utilisée pendant la guerre. William Barfoot, un aumônier des forces canadiennes, écrit que les citoyens canadiens sur le sol canadien ne sont pas au courant des efforts en Corée. Au Canada, c’est une époque de paix. Il n’y a pas de rationnement, il n’y a pas de conscription. C’est très différent des deux Guerres mondiales ». 

L’effet de cet oubli a été ressenti par les vétérans canadiens une fois de retour dans leur patrie. 

« Dans les légions au Canada, de nombreux vétérans des Guerres mondiales ne reconnaissaient pas les vétérans de la guerre de Corée comme leurs frères d’armes », remarque Andrew Burtch avec tristesse.  Ces vétérans de guerres antérieures reprenaient souvent des phrases comme « Kapyong, ce n’était pas vraiment une bataille. Seulement dix gars ont été tués ». 

Des efforts de reconnaissance

L’historien explique que le consensus parmi les historiens qui s’intéressent au sujet, c’est que « la grande majorité des Canadiens à l’époque n’avaient pas vraiment d’appréciation pour ce qu’avaient fait les soldats canadiens. Au fond, le Canada ne reconnaissait pas le service international, à moins que d’autres pays l’aient fait avant ». 

L’une des différences majeures de ce conflit par rapport aux précédents, c’est que les soldats canadiens ne défendaient pas leur sol, dans le sens où la population canadienne ne se sentait pas menacée par la guerre. 

Des efforts de reconnaissance ont tout de même été entrepris après le conflit, mais pas dans l’immédiat. Sur la place publique, c’est en 1982 que la guerre de Corée a été inscrite sur le cénotaphe à Ottawa, un monument qui enregistre et commémore toutes les guerres dans lesquelles le pays s’est impliqué. 

Quant à la reconnaissance officielle de la contribution des soldats canadiens pendant la guerre de Corée, c’est en 1991 qu’elle a eu lieu. 

(1) L’ONU est fondée en 1945.