Les enseignants de partout au Canada ont désormais accès à une ressource pédagogique bilingue sur la guerre de Corée. 

our la toute première fois, un collectif pancanadien d’enseignants, le Réseau pour l’enseignement des sciences sociales du Canada (RESSC), s’est allié à la Fondation du patrimoine de la guerre de Corée (KWLF) pour créer une ressource pédagogique bilingue anglais-français gratuite sur la guerre de Corée, La participation du Canada à la guerre de Corée – Enquête, pensée historique, et action citoyenne, avec le soutien éditorial et pour la mise en page d’Histoire Canada. 

« À notre connaissance, c’est la première fois qu’une ressource bilingue est créée sur cette question, souligne la présidente du RESSC, Rachel Collishaw. Mais plus unique encore est la façon dont elle a été développée : par des auteurs de cinq provinces différentes et un territoire, avec certaines parties en anglais, d’autres en français. C’est une ressource bilingue dès le départ. » 

La participation du Canada à la guerre de Corée – Enquête, pensée historique, et action citoyenne comprend cinq leçons ou enquêtes engageantes, incluant toutes les ressources d’archives nécessaires et des idées de travaux possibles autour de chaque question, selon les niveaux des élèves et les objectifs visés par la classe. (1) 

L’outil a été dévoilé lors du Congrès mondial pour l’enseignement de la guerre de Corée du RESSC, à Vancouver, en août 2023. Une quarantaine d’enseignants de partout au Canada et des vétérans étaient présents. Depuis, le RESSC se déplace dans les autres provinces pour en faire la promotion en personne. 

La sénatrice canado-coréenne Yonah Martin, qui a appuyé le projet dès le début de son développement en 2019, s’en réjouit. « Cette ressource va permettre de sensibiliser la jeunesse canadienne à l’existence de cette guerre. » 

Elle précise qu’aujourd’hui, « les enseignants n’ont pas l’obligation d’enseigner à leurs élèves la guerre de Corée. Et comme elle ne représente souvent qu’un paragraphe dans les livres d’histoire, et que beaucoup d’enseignants ne sont pas eux-mêmes familiers avec cette guerre, la plupart préfèrent ne pas en parler du tout ». 

Un constat qu’elle a bon espoir de voir changer grâce à cette ressource bilingue complète et adaptée à tous les niveaux. « C’est très important de pouvoir parler de la guerre de Corée aux jeunes, pour que les vétérans ne soient pas oubliés après leur décès. 

La ressource s’adresse à tous les niveaux scolaires. Avec elle, c’est plus facile à faire que jamais. » 

Rachel Collishaw revient sur l’implication de la sénatrice Martin dans le projet. « C’était plus qu’un soutien! C’est elle qui nous a approchés, à l’Association des enseignant.es des sciences humaines de l’Ontario, lors de notre congrès, pour nous proposer d’écrire des leçons bilingues sur la guerre de Corée. 

« Elle proposait ceci pour l’Ontario, mais comme au même moment, on était en train de développer notre réseau national, le RESSC, on s’est dit que ce serait bien de le faire à l’échelle nationale. Cette ressource est donc notre premier projet national. » 

« Les enseignants aiment vraiment les leçons, et le fait qu’elles contiennent toutes les ressources nécessaires pour les enseigner. Ils n’ont pas besoin de faire d’autres recherches dans les archives. »

Rachel Collishaw
Ron Foyle
Ron Foyle, vétéran de la guerre de Corée, découvre l’outil bilingue La participation du Canada à la guerre de Corée – Enquête, pensée historique, et action citoyenne. (photo : Gracieuseté Rachel Collishaw)

Le défi des curriculums 

L’un des grands défis pour créer le livret La participation du Canada à la guerre de Corée – Enquête, pensée historique, et action citoyenne, c’était de coordonner les curriculums. 

Lise Proulx, chargée de cours à l’Université du Québec à Montréal et l’une des auteures de la ressource, explique : « Au Canada, l’éducation est de juridiction provinciale, donc les programmes d’études sont différents d’une province à l’autre. Il n’y a pas d’unité nationale. Alors quand on développe une ressource nationale, il faut qu’elle puisse être liée à chacun des curriculums. C’est tout un défi! » 

Pour s’en sortir, le collectif a développé des leçons plutôt flexibles, pour être facilement adaptables à différents niveaux scolaires et toucher de façon plus ou moins directe diverses notions. 

« On s’est basé sur les six concepts de la pensée historique du professeur Peter Seixas, à l’Université de Colombie- Britannique, pour orienter chaque leçon. Ces six concepts sont la pertinence historique, les sources primaires, la continuité et le changement, les causes et conséquences, la perspective historique, et la dimension éthique », révèle-t-elle. 

Les premières rétroactions d’enseignants partout au Canada sont très positives. Rachel Collishaw : « Les enseignants aiment vraiment les leçons, et le fait qu’elles contiennent toutes les ressources nécessaires pour les enseigner. Ils n’ont pas besoin de faire d’autres recherches dans les archives. » 

Lise Proulx ajoute que « tous, enseignants comme élèves, en apprendront certainement beaucoup sur cette guerre méconnue. C’est vraiment une opportunité. On y découvre plein d’histoires incroyables de vétérans à travers les enquêtes ». 

Pour sa part, Yonah Martin prévoit continuer de rencontrer les différentes Provinces pour expliquer l’importance de promouvoir cette nouvelle ressource chez eux. 

(1) Les leçons sont disponibles sur format papier anglais ou français, ou téléchargeables gratuitement sur ssencressc.ca/fr/publications/projets/projet-sur-lheritage-de-la-guerre-de-coree/