« C’est le bon moment de prendre ma retraite, lance le directeur général d’Entreprises Riel depuis 15 ans, Normand Gousseau. La corporation a une bonne stabilité financière, on a fait de bons investissements, et on a un groupe bien stable d’employé.e.s. J’ai confiance que le personnel pourra maintenir le momentum après mon départ, et je me rendrai disponible, si le conseil d’administration le souhaite, pour assurer une transition en douceur avec mon/ma successeur.e. »

Pour Normand Gousseau, c’est en effet une grande page qui se tournera en février prochain. L’un des membres fondateurs d’Entreprises Riel en 1998, il a été impliqué dans l’organisme tout au long de son existence, d’abord comme administrateur, puis comme employé, et enfin comme directeur général. 

Le développement de Saint-Norbert

« Je suis particulièrement fier de la façon dont on a développé Saint-Norbert, déclare-t-il. Quand j’ai commencé, c’était une communauté de passage totalement négligée. Rien ne donnait envie de s’y arrêter. 

« Mais on a fait une grosse amélioration physique de la rue principale, la route Pembina. Et cet embellissement a tout de suite attiré l’attention de la Province, qui nous a proposé d’agrandir le Marché de Saint-Norbert. À l’époque, le Marché n’était ouvert qu’une après-midi par semaine, l’été. Aujourd’hui, il est ouvert plusieurs fois par semaine, à l’année longue! »

Normand Gousseau se souvient aussi de conversations avec les résidents de Saint-Norbert pour connaître ce qui leur manquait dans leur communauté. Leur réponse en majorité : des lieux de vie, surtout pour les aînés. 

« On a donc travaillé avec des développeurs et la Ville de Winnipeg pour ajouter plus de 500 nouvelles unités d’habitation sur la rue principale. Les condos, c’est quelque chose qui manquait à Saint-Norbert. Les aînés qui ne voulaient pas s’occuper d’un terrain avaient nulle part où aller. Maintenant, ils peuvent rester et consommer à Saint-Norbert. C’est bon pour les entreprises et la vie de la communauté. »

Le directeur général d’Entreprises Riel est d’autant plus fier de cette évolution du quartier francophone au plein sud de Winnipeg qu’il a lui-même grandi là. « J’ai été élevé dans ce coin-là donc je connaissais déjà son potentiel, je savais ce qu’on pouvait y faire, confie-t-il. Ça me tenait à coeur. »

Densifier Saint-Boniface

Le quartier de Saint-Boniface avait aussi été identifié comme ayant besoin d’appui dès les débuts de l’organisme. « Saint-Boniface avait perdu de la densité, explique Normand Gousseau. Notre focus était donc la densification, notamment faire changer le zonage pour pouvoir avoir plus de commerces, de services et de population à Saint-Boniface. 

« On a beaucoup travaillé avec les développeurs et l’Association des résidents du Vieux Saint-Boniface. Il y a encore beaucoup de travail à faire, mais ce qui a été fait est très encourageant. »

Il se réjouit notamment d’y avoir attiré « de nombreux restaurants. Au début, il n’y avait que le Resto Gare et un ou deux autres sur le boulevard Provencher. Aujourd’hui, Saint-Boniface est réputée comme la place à aller pour bien manger ».

Quant au boulevard Provencher, il estime que les développeurs « voient de plus en plus son potentiel ». 

D’ailleurs, Entreprises Riel vient d’annoncer la construction d’un tout nouveau complexe multi-usages à côté de la chocolaterie Constance Popp (voir encadré). « Une autre propriété va également être développée très bientôt », ajoute Normand Gousseau, sans vouloir donner plus de détails pour le moment.

Convaincre

L’ancien site de Canada Packers, sur la rue Marion, est un autre projet en cours dont il est très fier. « Ça fait des années qu’on travaille fort pour développer ce site de 172 acres, qui est resté vide pendant 35 à 40 ans, confie-t-il. Et aujourd’hui, finalement, les grues sont au travail! On y trouvera de l’industriel léger, du commercial, du récréatif, mais aussi 600 à 1 200 unités résidentielles. Ça va créer 870 emplois permanents à temps plein, et ajouter 47 millions $ à la base d’impôts de la Ville de Winnipeg. »

Une réussite d’autant plus grande que « l’un de nos plus grands défis, ça a toujours été de convaincre les développeurs qu’une zone non développée en pleine ville a de la valeur. C’est beaucoup plus facile pour eux de prendre un grand champ vide et de développer quelque chose de rien, plutôt que de s’intégrer dans quelque chose qui existe déjà, faire du remplissage.

« Mais nous, à Entreprises Riel, c’est pourtant notre philosophie : on préfère densifier le centre-ville plutôt que développer de nouvelles banlieues, même si ce n’est pas le plus facile. »

Il précise par ailleurs que Saint-Vital a eu « moins besoin de nous car il y avait déjà une bonne densité commerciale et résidentielle, mais on a quand même développé de bonnes relations avec la Zone d’amélioration commerciale du Vieux Saint-Vital ».

Quelques déceptions

Normand Gousseau prépare donc son départ avec une fierté du travail accompli, même s’il reconnaît sans hésitation que tous les projets n’ont pas eu les résultats espérés. C’est le cas notamment de Therméa et de l’hôtel Alt.

« On avait travaillé avec le promoteur et la Ville, et Thermëa devait être construit sur le terrain de golf du parc Windsor. La Ville voulait se débarrasser de terrains de golf. Mais finalement, elle a proposé au développeur un autre terrain de golf et il a décidé de partir là-bas », raconte-t-il.

Quant à l’hôtel Alt, un hôtel-boutique était initialement prévu sur le boulevard Provencher, mais le centre-ville avait des incitatifs à offrir contre lesquels Entreprises Riel ne pouvait pas faire concurrence. L’hôtel Alt a donc finalement été construit de l’autre côté du pont Provencher, à proximité de l’aréna.

« C’est décevant que ces projets ne soient pas à Saint-Boniface aujourd’hui, mais je suis quand même fier d’y avoir contribué car ils sont bénéfiques pour la ville entière », affirme Normand Gousseau.

Un comité de recrutement a été mis en place par le conseil d’administration d’Entreprises Riel afin de trouver la personne qui succèdera à Normand Gousseau à la direction générale.

Quant au futur retraité, il voit dans son avenir « plus de voyages avec mon épouse, notamment pour rendre visite à nos enfants qui vivent loin, et simplement prendre du temps pour moi », termine-t-il.

Le Quartier : un développement multi-usages

Par Ophélie Doireau.

Le boulevard Provencher verra, dans les prochains mois, s’élever un nouveau complexe multi-usages dont la construction devrait s’achever au printemps 2025.

C’est plus précisément au 172 boulevard Provencher que ce nouveau bâtiment devrait prendre place. 45 logements sont prévus avec quatre espaces commerciaux réunis sous le nom : Le Quartier.

Le terrain était vacant depuis le départ du dépanneur et de la station-service Shell en janvier 2008. Il y avait donc un nouvel espoir de développement pour ce terrain. KAI Properties Inc. et Serhal Consulting ont annoncé un développement conjoint.

Normand Gousseau, directeur général d’Entreprises Riel, se réjouit de cette nouvelle. « Le boulevard Provencher, c’est un sourire auquel il manque deux dents. Il y avait ce terrain vague et celui au 165 boulevard Provencher. Quand on veut une rue commerciale, il ne faut pas de trous comme ça. Les gens ne vont pas avoir tendance à marcher dans cette rue pour aller de commerce en commerce s’il y a des trous. »

Et qui dit nouveau développement à Saint-Boniface, dit sensibilisation à la réalité linguistique du quartier. Normand Gousseau pointe qu’« on a la chance d’avoir un francophone de Saint-Boniface dans l’équipe de KAI Properties, Paul Allard. C’est pour cette raison qu’on se réjouit de travailler avec eux. Il y a déjà une preuve d’engagement de sa part avec un nom en français pour le développement ».