D’une part, il veut démontrer qu’il est à l’écoute de la population et, d’autre part, il ne peut pas répondre à toutes les attentes parfois contradictoires.
Comme l’avait fait Brian Pallister en 2020, le Premier ministre décrit dans ces lettres de mandat les objectifs que chaque ministre est chargé d’atteindre. Et c’est là que les contradictions apparaissent. Par exemple, il demande à Adrien Sala, le ministre des Finances également responsable d’Hydro-Manitoba, de geler les tarifs d’électricité pendant un an. Il lui ordonne en même temps d’accorder à la Commission des services publics le pouvoir de réglementer les prix du gaz.
C’est pourtant cette même Commission qui a pour mandat d’établir les tarifs d’électricité. La baisse prévue de 225 millions $ des revenus nets de la société d’État cette année en raison des faibles niveaux d’eau est justement la raison pour laquelle le gouvernement ne devrait pas s’ingérer dans la tarification de l’électricité. Comment le Premier ministre peut-il s’ingérer dans les responsabilités de la Commission en ce qui regarde les tarifs d’électricité alors qu’il insiste sur l’indépendance de la même Commission lorsqu’il s’agit du prix du gaz?
Le Premier ministre exige aussi de la part de la ministre de l’Environnement et du Changement climatique, Tracy Schmidt, de faire du Manitoba un leader en matière d’énergie propre et d’aider le gouvernement à prendre des « mesures audacieuses » pour lutter contre la crise climatique. Et pourtant, en même temps, il a l’intention d’éliminer « temporairement » la partie provinciale de la taxe sur l’essence. Dans la mesure où cette taxe est l’instrument principal pour décourager l’utilisation des combustibles fossiles, la proposition du Premier ministre va d’évidence à l’encontre de son objectif de lutter contre la crise climatique.
Pour rappel, l’élimination de la taxe de 14 cents le litre d’essence coûtera à la Province 230 millions $ pour une année. Pour cette somme, elle pourrait éliminer les frais des usagers du transport public à Winnipeg (budgétés à 83,5 millions $ en 2023) et encourager le transport public à l’extérieur de Winnipeg, une mesure beaucoup plus efficace pour réduire les gaz à effet de serre.
Qui plus est, Wab Kinew a récemment fait part de son intention de demander au gouvernement fédéral une exemption de la taxe sur le carbone pour les résidents qui chauffent leur maison au gaz naturel, encourageant ainsi l’utilisation de fossiles combustibles.
Sur des dossiers clés, le constat s’impose : dès son entrée en fonction, le Premier ministre privilégie des mesures à court terme qui vont à l’encontre d’objectifs à long terme. Son plus grand défi sera de faire coïncider ses intentions louables avec les actions que son gouvernement entreprendra durant les prochaines quatre années.