Mais au-delà de la dimension politique d’une mesure sans impact réel sur l’avenir, une question s’impose : la taxe carbone est-elle le vrai sujet? 

On peut sérieusement en douter lorsqu’on examine les autres facteurs qui doivent forcément être pris en compte. 

Premier constat : trop peu de gaz naturel 

Pour des raisons historiques, comparées aux autres provinces canadiennes, les provinces atlantiques disposent d’un accès limité au gaz naturel. Et ça, malgré le fait qu’il existe des gisements de gaz naturel à Terre-Neuve et au Nouveau- Brunswick. À défaut de gaz naturel, les ménages utilisent l’électricité, le mazout et le bois pour le chauffage de leur domicile. 

Dans le détail pour les provinces atlantiques, l’électricité représente 43 % du chauffage, le mazout 35 % et le bois 20 %. Alors que pour l’ensemble des ménages canadiens, l’électricité représente 31 %, le gaz naturel 43 % et le mazout 5 % du chauffage de leur domicile. 

Deuxième constat : le mazout est énergivore 

Les experts mesurent le chauffage en s’appuyant sur le concept d’intensité énergétique. Or l’intensité énergétique varie énormément entre les différentes sources énergétiques. Pour le chauffage à l’électricité dans les provinces atlantiques, elle s’établit à 40,7 gigajoules par ménage; tandis qu’elle est de 107,1 gigajoules par ménage pour le mazout. En d’autres mots : se chauffer avec du mazout exige plus d’énergie que de se chauffer à l’électricité. 

Troisième constat : le mazout est cher 

Un autre facteur important qui prend de l’ampleur depuis la COVID-19 et la guerre en Europe est la hausse des prix de l’énergie en général et du pétrole en particulier. 

En se basant sur l’Indice des prix (IPC) à la consommation, on observe que l’IPC pour l’électricité a augmenté en moyenne de 33 % dans les provinces atlantiques entre 2011 et 2022. Tandis que pendant la même période, l’IPC pour le mazout a bondi de 159 %. 

Calculée en dollars qui sortent de la poche des ménages, la dépense annuelle s’élève à 1 682 $ par ménage qui utilise l’électricité et à 3 581 $ par ménage qui chauffe juste au mazout. 

Quatrième constat : il va bien falloir se sortir du mazout 

Pendant que les ménages canadiens payaient en moyenne 700 $ par année en 2020 pour se chauffer avec du gaz naturel, les gens de l’Est du pays ont dû vivre avec des factures beaucoup plus salées. C’est cette réalité qui a sans doute poussé le gouvernement fédéral à prendre une décision rapide et de nature politique. 

Mais il reste que l’élimination de l’imposition de la taxe carbone pendant trois ans n’atténuera que très peu le coût moyen annuel du chauffage des ménages des provinces atlantiques. 

L’incontournable réalité est que le gouvernement fédéral et les provinces devront encourager d’autres moyens pour minimiser la consommation du mazout et réduire les gaz à effet de serre. Dans cette perspective à long terme, la pompe à chaleur pourrait bien constituer un début de piste sérieux.