Jérémie Gosselin, qui a écrit et composé cette chanson, nous parle de toutes les contradictions qui l’ont inspiré. 

« On assiste à l’apocalypse ». Derrière les notes d’un (pourtant) joyeux banjo, les paroles de Je crierai de ma voiture ont un étrange et fort goût d’actualité. Après un été ravagé par les incendies partout dans le monde, des inondations, des tremblements de terre, oui, il y a un air d’apocalypse quand on regarde autour de soi. 

C’est en partie ce que souhaitait pointer Jérémie Gosselin quand il a écrit cette chanson il y a une couple d’années. « C’est inspiré de ce qui se passe dans l’environnement. Quand on regarde autour, on se dit : Oh boy! Qu’est-ce qui se passe?! Il y a la volonté de faire quelque chose, de dire quelque chose. À  l’époque, il n’y avait pas le mot éco-anxiété dans le dictionnaire. Mais j’essaie de transmettre ce sentiment-là. » 

Bien que cet écho à l’apocalypse ait été rajouté par la suite, pour correspondre à l’air du temps, les paroles de Je crierai de ma voiture ont très peu changé depuis son premier brouillon. Mais la musique, elle, a été transformée. La première version était « trop lourde » pour Jérémie Gosselin, avec des accords mineurs et un tempo beaucoup plus lent. 

« La chanson restait avec moi. J’aimais les paroles, mais il y avait quelque chose qui ne fonctionnait pas. C’était comme si on était dans la boue et qu’on ne pouvait pas bouger. Là, il y a un aspect un peu plus léger, c’est en mouvement. » 

Ce mouvement, créé grâce au banjo et au style bluegrass, traduit la volonté de Jérémie Gosselin « d’aller quelque part ». Mais où? C’est une autre question. Dans laquelle flotte, volontairement, un air de contradiction. 

« J’ai une voiture. Pi je me soucie de l’environnement. C’est un aspect de la chanson : on veut améliorer les choses, mais en même temps, on fait peut-être partie du problème. Je ne suis pas 100 % responsable, mais j’ai une part de responsabilité. Et je trouve ça parfois difficile. Surtout quand je veux dénoncer des choses autour de moi. Tel groupe, tel pays, telle corporation… Mais est-ce que j’ai le droit de critiquer? 

« Si t’enlèves les paroles, la musique avance beaucoup, avec des accords majeurs et un tempo rapide. Mais en même temps, ça parle de l’apocalypse! Toute la chanson a cet aspect contradictoire. Et je pense qu’on vit dans ça. » 

Le single Je crierai de ma voiture est disponible sur toutes les plateformes d’écoute depuis le 12 septembre. Pendant qu’on le savoure, que nous concoctent Les Surveillantes? « On travaille sur d’autres chansons, sûrement d’autres singles. Le monde de la musique a pas mal changé. J’adore les albums et ils ont encore leur place. Mais c’est bien aussi de pouvoir lancer une chanson et qu’il y ait vraiment un focus dessus, de prendre le temps de la faire connaître. » 

Denis Vrignon-Tessier, membre du groupe et artiste visuel, a conçu la couverture de ce single, comme toutes les couvertures précédentes d’ailleurs. Pour Je crierai sur ma voiture, on aperçoit trois figures entourées d’un smog bleu et d’une lune brillante, le tout sur un fond beige, synonyme d’un air opaque et inquiétant. L’air d’apocalypse flotte également dans cette image. 

Le saviez-vous : pourquoi Les Surveillantes?

On remonte dans le temps. Aux tout débuts, en 2006, ils étaient quatre : Danielle Burke, Eric Gosselin, Jérémie Gosselin et Denis Vrignon-Tessier. Mais pourquoi avoir choisi de s’appeler Les Surveillantes? Jérémie Gosselin raconte. 

« On discutait de noms de groupe et j’avais suggéré Les Surveillants. C’était inspiré d’une nouvelle de Gaétan Brulotte, au sujet d’une personne qui surveille un mur au milieu de nulle part. Tout le monde aimait le nom, mais Danielle aimait moins l’impression que ça donnait qu’il y avait seulement des gars dans le groupe. Alors, j’ai suggéré : Pourquoi pas Les Surveillantes? Elle s’est retournée vers Eric et Denis, et ils étaient d’accord. Quand Danielle a quitté le groupe [en 2011, ndlr] pour vivre en Ontario, on a décidé de garder le nom. »