Le Parfum de la baleine est publié aux éditions Flammarion Québec.

La passion se ternit entre Judith et Hugo. Pire encore, le désamour et la frustration prennent de plus en plus de place, et leur fille Ava s’en retrouve affectée. La petite famille est donc en vol vers un tout-inclus, sur une île paradisiaque comme celles dont on rêve au plus froid de l’hiver. Seulement voilà, un beau matin, la carcasse d’une baleine apparaît sur la plage au pied de l’hôtel et une odeur infâme s’empare de l’île. La situation va donc venir chambouler la vie des résidents de l’hôtel et de ceux qui y travaillent. 

Car, tout au long du roman, l’auteur Paul Ruban alterne les perspectives, et pas seulement entre Judith et Hugo. L’histoire de ce séjour se raconte à travers les yeux d’une petite brochette de personnages : ceux d’Ava, de l’hôtesse de l’air, ou encore du concierge. L’écrivain explique : « J’avais envie d’écrire un livre choral, dans lequel chaque personnage se donne la parole d’un chapitre à l’autre. C’était amusant de se glisser dans leur peau. » 

« Le projet du livre m’est venu avant tout avec une image, celle d’une baleine échouée sur la plage d’un tout-inclus. Il y avait quelque chose dans ce contraste entre le luxe et cette carcasse putrescente que je voulais explorer. »

Paul Ruban

Plusieurs histoires au sein d’un seul livre

Le récit prend alors la forme d’une succession de courtes scènes, un procédé narratif qui permet de raconter plusieurs histoires au sein d’un seul livre. En cela, Paul Ruban, qui se dit lui-même « principalement scénariste », y voit justement un rapprochement avec l’écriture scénaristique. « J’ai une façon très visuelle d’écrire. J’imagine souvent à quoi ressemblent mes scènes, alors la mise en scène joue encore un rôle important dans mon écriture.

Cependant, l’auteur ajoute : « Le dialogue aussi. J’aime beaucoup faire parler mes personnages, je m’amuse beaucoup à mettre des mots dans leurs bouches. »

Et puisqu’il s’amuse, ses lecteurs aussi! L’humour, parfois noir, parfois non, occupe une place importante dans le roman. Il est dans les dialogues ou encore dans les situations. Par exemple, sans trop en dire, en raison de l’odeur, tous les résidents de l’hôtel se retrouvent à porter des pince-nez, ce qui rend un certain nombre de scènes d’autant plus drôle que l’on sait que les protagonistes ont un air imbécile! 

Pourtant, il y a des personnages dans Le Parfum de la baleine qui traversent des choses difficiles, qui sont parfois un peu misérables et sont confrontés à des situations terribles. Alors même s’il est omniprésent, l’humour ne vient jamais noyer ce que le roman offre de dramatique. 

« J’essaie de traquer cet entre-deux, cette frontière entre les rires et les pleurs, fait remarquer Paul Ruban. Je trouve qu’il y a quelque chose de très riche dans cette ambiguïté et souvent, je me sers de l’humour et de l’ironie pour traiter de sujets un peu plus sérieux. » 

Recherche de l’entre-deux

Parmi ceux-là, il est possible de nommer l’écologie. « C’est l’un des thèmes en filigrane, que je ne voulais pas aborder frontalement, dit-il. C’est plus intéressant de ne pas nommer les choses directement, mais en les suggérant. Dans le roman, on en parle à travers les observations de Judith, qui est écolo et qui culpabilise d’être dans cet hôtel. » 

Cette recherche de l’entre-deux, c’est en partie ce qui a fait germer l’idée de ce roman chez le Franco-Canadien. « Le projet du livre m’est venu avant tout avec une image, celle d’une baleine échouée sur la plage d’un tout-inclus. Il y avait quelque chose dans ce contraste entre le luxe et cette carcasse putrescente que je voulais explorer. »

Le tout-inclus prend alors des allures de miroir. Paul Ruban acquiesce, mais parle lui d’un « condensé de tous nos travers en tant que société. C’était très jouissif d’explorer cet univers, déjà parce que c’est un huis clos, donc j’avais un petit carré de sable dans lequel jouer, et parce que l’on se permet des choses lorsque l’on est en vacances dans un tout-inclus que l’on ne se permet pas dans notre vie normale ».

Le Parfum de la baleine, qui vient révéler dans le roman tout ce que l’on tente de dissimuler, est une lecture touchante, drôle et surprenante. 

Pour ce qui est de la suite, Paul Ruban, confie qu’il est en phase de recherche pour un potentiel prochain roman « au stade encore très embryonnaire ».