Un dénouement sans surprises, mais une consécration pour la communauté métisse. 

La Loi sur Louis Riel, proposée par le gouvernement néo-démocrate, qui visait à ce que Louis Riel soit reconnu comme le 1er Premier ministre du Manitoba, a officiellement été adoptée le 7 décembre 2023. 

Pour l’occasion, une délégation d’une trentaine de personnes avait pris place dans les tribunes de l’Assemblée législative où la lieutenante-gouverneure, Anita Neville a apposé la sanction royale au projet de loi. 

La cérémonie n’aura pas duré bien longtemps, même si « ça valait la peine de faire le déplacement », remarque l’Aîné David Dandeneau. 

Après qu’Heather Stefanson, cheffe de l’Opposition et Wab Kinew, Premier ministre de la Province, aient pris un moment pour souhaiter de bonnes Fêtes de fin d’années aux députés ainsi qu’aux Manitobains, la séance a officiellement été ajournée. 

Un rassemblement spontané a eu lieu dans les escaliers du Palais législatif.
Un rassemblement spontané a eu lieu dans les escaliers du Palais législatif. (photo : Marta Guerrero)

Fierté

Les députés se sont alors tournés vers les tribunes et sous les applaudissements, tous ont célébré l’adoption de la Loi sur Louis Riel ainsi que celle sur la Journée du chandail orange

Cette fois encore, la fierté et les sourires se sont installés sur les visages des Métis présents au Palais Législatif. 

Aucune conférence de presse n’était prévue, mais un rassemblement spontané a eu lieu dans les grands escaliers au centre du Palais législatif. De nombreuses photos y ont été prises. De toute évidence, il fallait immortaliser l’instant. 

« C’est un évènement historique qu’il ne fallait pas manquer », a souligné Paulette Duguay, présidente de l’Union nationale métisse Saint-Joseph du Manitoba (UNMSJM). Et cela, tout le monde s’est accordé à le dire. 

L’Aîné métis Georges Beaudry lui aussi a souhaité faire le déplacement : « On a bouclé la boucle aujourd’hui, a-t-il lancé. Je me souviens dans le temps, le français a été hué parfois. Ça fait longtemps que l’on parle de ça ici, c’est une grosse étape pour la réconciliation. »

Robert Loiselle, député de Saint-Boniface; Paulette Duguay et David Dandeneau de l’Union nationale métisse Saint-Joseph du Manitoba.
Robert Loiselle, député de Saint-Boniface; Paulette Duguay et David Dandeneau de l’Union nationale métisse Saint-Joseph du Manitoba. (photo : Marta Guerrero)

« Une grosse étape pour la réconciliation »

Et en parlant de réconciliation, Paulette Duguay et David Chartrand, président de la Fédération métisse du Manitoba (FMM), lui aussi présent, se sont pris dans les bras avant de poser ensemble, côte à côte pour prendre une photo de groupe. 

C’est un point qui avait été abordé par La Liberté dans son édition du 29 novembre au 5 décembre. Dans cette bataille pour la reconnaissance de Louis Riel, un rapprochement entre l’UNMSJM et la FMM se laissait entrevoir. 

« Même à l’époque de Louis Riel, tous les Métis n’étaient pas d’accord avec lui, rappelle David Dandeneau. Mais ce qui est beau, c’est qu’on peut se chicaner un peu et puis à la fin si quelque chose nous oppose aux autres, et bien nous sommes ensemble. Je pense que le chemin est ouvert pour une réconciliation entre l’Union nationale et la Fédération. Le schisme est arrivé en 1967 pour une question d’argent, et l’argent divise souvent. Cette nouvelle Loi va nous permettre de revenir sur cette histoire-là. » 

Travail avec les aînés

De son côté, le député de Saint-Boniface, Robert Loiselle, fier métis, fait valoir que dorénavant, « ça va être à nous autres de voir comment l’Union peut trouver sa place au sein du gouvernement métis de la Rivière Rouge. C’est un travail qui va se faire avec nos aînés, et certains députés vont pouvoir aider », conclut-il avec un sourire.

Finalement, comme un symbole, le député de Saint-Boniface a remis à Paulette Duguay une copie du projet de loi, signé par les cinq députés métis néo-démocrates. À savoir Robert Loiselle, Renée Cable, Bernadette Smith, Billie Cross et Tyler Blashko. 

Et, lorsque les embrassades se sont transformées doucement en aurevoirs, Andrée Forest, petite-fille de feu Georges Forest, dira avant de partir : « Nous vivons dans le rêve de nos ancêtres. »