Aujourd’hui en 3e année d’études en Finance et Marketing à l’Asper School of Business de l’Université du Manitoba, Colin Bazin était fier et surtout très surpris, le 2 novembre dernier, lorsqu’il s’est vu remettre le prix The Associates Student Entreprise Award lors du banquet d’affaire de l’école Asper School of Business. Un prix de 2 500 $ pour un.e étudiant.e qui a fait preuve d’accomplissements exceptionnels en entrepre-nariat, leadership étudiant ou communautaire, ou encore académiques.

« Je ne pensais vraiment pas gagner car je savais qu’on était 30 candidats pour ce prix cette année, confie Colin Bazin. C’était le nombre le plus élevé de candidatures qu’ils aient jamais eu. Je me sens chanceux. C’est un grand honneur. »

La surprise était d’autant plus grande que les actions pour lesquelles Colin Bazin a été reconnu remontent à l’année 2020-2021, alors qu’il était finissant du Centre scolaire Léo-Rémillard (CSLR).

« À l’automne 2020, on retournait à l’école pour la première fois depuis que la pandémie avait frappé, se souvient-il. C’était une ambiance très isolante, sombre. On devait toujours rester à distance. Il n’y avait plus de sens d’appartenance, de sens de communauté à l’école. »

Dans la tête de l’ancien membre du conseil étudiant, qui avait été dissout quand la pandémie a fait fermer l’école, une idée prend forme pour remédier à cette situation. 

« J’ai pris l’initiative de contacter la conseillère du CSLR, Monique Grimard-Paquette, pour lui demander de m’aider à relancer le conseil étudiant. »

Avec l’aide de la conseillère, Colin Bazin organise donc au CSLR la première élection entièrement par ordinateur. Il est élu président du nouveau conseil étudiant, un rôle qu’il devra entièrement réinventer dans le contexte pandémique.

« L’impact que cette année 2020-2021 a eu sur moi est difficile à mettre en mots. C’était comme faire l’expérience de dix emplois différents en même temps! […] Ça m’a complètement changé pour le meilleur, et aujourd’hui, je réutilise ces compétences tout le temps dans mes études. »

Colin Bazin

Recréer du lien

« Comment créer un sens d’appartenance quand les élèves ne peuvent pas être physiquement ensemble, quand chaque cohorte a un horaire différent? C’était mon défi. Je devais imaginer une multitude d’activités pour amener les élèves à avoir du fun ensemble malgré la situation. C’était aussi l’occasion de les sensibiliser à des problèmes importants, comme la santé mentale. »

Colin Bazin et son conseil étudiant ont donc élaboré plein d’activités virtuelles, ou encore extérieures avec distanciation quand la situation le permettait.

« On a repris beaucoup d’activités que l’école faisait déjà avant, mais il fallait toutes les réadapter au contexte de pandémie. Par exemple, pour nos paniers de Noël pour les familles nouvelles arrivantes, on a proposé de les faire avec des cartes cadeaux plutôt que de la nourriture. »

L’ancien du CSLR se souvient aussi de la difficulté de rejoindre les élèves pour participer aux activités. « Au début, on avait peu de participants. Les élèves étaient moins intéressés parce qu’on ne pouvait pas se voir. Alors on a réfléchi à comment faire pour qu’ils puissent se voir. 

« Lors des semaines d’esprit à l’école, par exemple, on leur disait de nous envoyer leurs photos, et que la cohorte qui en aurait envoyé le plus gagnerait un prix. Chaque représentant de niveau sur le conseil étudiant était en charge de délivrer le message à sa cohorte. »

Parmi d’autres activités organisées par le conseil étudiant cette année-là, on peut noter des jeux de Family Feud et Trivia virtuels sur Teams avec prix à gagner, une compétition de memes, ou encore un Bingo virtuel. « J’ai acheté un gros paquet de cartes de Bingo que j’ai fait distribuer à tous les élèves, et chaque semaine, on jouait au Bingo virtuellement », raconte Colin Bazin, qui était très souvent « le cerveau derrière les initiatives ».

Flexibilité exigée

En plus de constamment réfléchir à comment adapter les grands classiques de l’école aux exigences de la pandémie, Colin Bazin a aussi dû faire preuve d’une flexibilité à toute épreuve, les élèves pouvant être du jour au lendemain envoyés à la maison, à l’école, ou encore en mode hybride.

« Je me souviens d’une activité de géocache que j’avais organisée, Géorenard. J’avais acheté et caché dans la ville plein de petits renards, la mascotte du CSLR, et les élèves qui retrouvaient des renards gagnaient des cartes cadeaux. Ça les encourageait à faire de l’activité physique.

« J’avais préparé une grande carte de Winnipeg avec tous mes indices, que j’allais placer à l’entrée de l’école. Or au moment où l’activité était prévue, toute l’école a été mise en isolement donc les élèves ne pouvaient plus venir à l’école! J’ai donc vite dû changer mes plans, et j’ai mis mes indices sur Instagram. »

Comment a-t-il trouvé toutes ces idées? « Il a vraiment fallu que je mette mon chapeau de créativité. J’ai beaucoup cherché sur Internet, mais comme la pandémie était encore nouvelle, il n’y avait presque rien. C’était même rare qu’il y ait un conseil étudiant dans les autres écoles. Travailler ensemble sans pouvoir se voir, c’est difficile! »

Une école reconnaissante

Les efforts de Colin Bazin pour redonner à ses camarades un sens d’appartenance au CSLR et le plaisir de s’amuser ensemble, même virtuellement, ne sont pas passés inaperçus.

« J’ai eu de très bonnes rétroactions. Plusieurs élèves m’ont remercié d’avoir organisé ces activités et m’ont dit qu’ils vivaient des choses difficiles et que je leur avais permis d’avoir un lieu sécuritaire où ils pouvaient oublier un peu ça et avoir du fun.

« Plusieurs enseignants m’ont dit aussi qu’ils voyaient un changement dans l’attitude de leurs élèves avant une activité. Ils étaient plus joyeux, ils avaient envie d’être là. Un professeur m’a même dit qu’avant nos activités cette année-là, l’ambiance à l’école était comme celle d’une prison. Mais qu’après, on avait retrouvé le fun typique du secondaire. »

En fin de compte, sa 12e année aura repoussé les limites de sa créativité, et Colin Bazin en est reconnaissant : « L’impact que cette année 2020-2021 a eu sur moi est difficile à mettre en mots. C’était comme faire l’expérience de dix emplois différents en même temps! J’ai appris comment créer un projet, l’adapter aux imprévus, gérer mon temps, les finances, une équipe, bien communiquer pour vendre le projet, etc. 

« Ça m’a complètement changé pour le meilleur, et aujourd’hui, je réutilise ces compétences tout le temps dans mes études », termine-t-il.