De multiples fractures et blessures, des opérations chirurgicales, des jours d’inquiétude et de long mois de rééducation, la jeune adulte a désormais retrouvé une vie quasiment normale. Elle revient sur son histoire qui ressemble à un miracle.
C’était le 12 avril 2023. Une journée comme les autres, sauf que celle-ci a changé la vie d’Ariane Harvey, âgée de 18 ans au moment des faits. Avec calme, l’étudiante explique comment cet accident est arrivé. « J’étais sur la route 59, je me rendais en ville, à Winnipeg. À l’intersection avec la route 52, un autobus voulait tourner à gauche, mais n’a pas regardé en tournant. Je suis allée tout droit en plein dans le bus… »
Le bus qui transportait des élèves revenait d’une sortie scolaire. Par prévention, plusieurs jeunes avaient été transportés à l’hôpital, comme l’explique The Carillon dans un article. On peut d’ailleurs y voir une photo de la voiture d’Ariane Harvey, détruite en grande partie. « Encore aujourd’hui, je ne me souviens de rien du choc en lui-même. Je ne me rappelle plus de cette journée. Même la première semaine après l’accident n’est pas très claire dans ma tête. » Ariane Harvey, sans donner plus de détails, explique qu’une procédure juridique est en cours depuis cet accident.
De lourdes blessures
La seule personne gravement blessée dans cet important accident a été Ariane Harvey. « J’ai brisé mon humérus droit. Le nerf radial a été stressé, je ne pouvais pas lever mon poignet et mes doigts pendant longtemps, ça a peut-être mis deux à trois mois. Mon bras a été fracturé. J’ai brisé mes deux fémurs, mes deux genoux, mes tibias et ma fibula gauche. Au visage, j’ai été touchée au nez. Et puis, j’ai eu un saignement et un hématome cérébral. »
Dans son malheur, Ariane Harvey a eu une chance incroyable. Dans ce genre de situation, où chaque minute compte, il se trouve qu’une ambulance était toute proche du lieu de l’accident. « Oui, entre la 59 et 52, pour tourner il y a un panneau stop. Unevoiture d’ambulance était déjà là, au stop quand l’accident est arrivé. Les soins ont donc pu arriver très vite. Ça explique sûrement pourquoi mes blessures ne se sont pas plus aggravées. »
Ariane Harvey a été transportée au Centre des sciences de la santé (HSC) et y est restée deux semaines. Elle a ensuite poursuivi ses soins au Bethesda Regional Health Centre à Steinbach. Un établissement plus proche de chez elle et de sa famille. Elle est aussi passée par le Riverview Health Centre pour sa réadaptation.
Le pire n’est pas passé loin
Après une opération chirurgicale d’une dizaine d’heures qui lui a laissé des cicatrices, des plaques de métal dans le corps, il ne reste plus de trace visible de cet accident. « Je me sens parfois fatiguée et je remarque quelques difficultés de concentration, mais ce n’est pas pire. »
L’étudiante de l’Université de Saint-Boniface (USB) est tout de même pleinement consciente d’avoir échappé au pire. « ÀRiverview, j’ai vraiment vu que ça aurait pu être encore plus grave. J’étais dans une unité pour les traumatismes crâniens. Tout ce qui est lié au corps, je sais que ça peut se réparer. Le cerveau, c’est plus compliqué… »
L’équipe médicale, qui a suivi Ariane Harvey, n’a pas trouvé de conséquences graves à la suite de cet accident pour son cerveau. Mais elle sait que c’est quelque chose à surveiller pour voir l’évolution en vieillissant. « L’accident m’a un peu changé, mais je pense être toujours la même Ariane, ma personnalité n’est pas différente », ajoute-t-elle.
Stress post-traumatique
Conductrice depuis deux ans, Ariane Harvey a connu là son premier et seul accident de la route. Si physiquement le plus dur est derrière elle, elle avoue quelques blocages psychologiques depuis cet accident. Elle n’a par exemple toujours pas reconduit depuis ce 12 avril 2023. « Ça me stresse un peu. En fait, tu ne peux pas te fier aux autres sur la route. Même si tu es un bon conducteur ou une bonne conductrice, tu ne connais pas le comportement des autres. S’ils vont regarder où il faut… »
Ariane Harvey remarque aussi ne pas être tout le temps à l’aise en voiture, même en tant que passagère. « J’ai rencontré un psychiatre pour faire une évaluation, mais à part ça je n’ai pas eu plus. Je n’ai pas encore trouvé la bonne personne, mais je pense que ça m’aiderait. Ça m’aiderait probablement à être plus confortable sur la route. »
Sans y penser plus que cela, Ariane Harvey imagine que son histoire pourrait aider du monde. « Oui, simplement pour rappeler à faire attention sur la route. On ne sait jamais l’impact qu’on peut avoir au volant, que ce soit pour la vie des autres ou pour notre propre vie. »
Se relever
L’étudiante qui a passé son secondaire à l’École communautaire Réal-Bérard, explique par exemple qu’il lui a fallu près de deux mois et demi pour simplement plier les genoux. La rééducation a été longue, mais elle met en lumière le personnel de santé qui a été là pour elle tout au long de ce processus de guérison. « Mes physios étaient vraiment mes meilleurs amis quand j’étais là! Les infirmières aussi me soutenaient et me parlaient beaucoup pour me dire des messages très positifs. » Ariane Harvey a encore des rendez-vous de physiothérapie deux fois par semaine.
Elle se souvient aussi de l’un de ses objectifs importants pendant sa rééducation : aller au Québec pendant l’été pour visiter une partie de sa famille. « On y va chaque été, je ne voulais pas le rater. À Riverview, je faisais quatre à cinq heures d’exercice par jour pour m’améliorer. Au début, les gens pensaient que j’allais rester à l’hôpital pendant six mois peut-être. Mais j’avais ce but, je voulais aller au Québec et j’ai fini par réussir à y aller! »
Générosité et solidarité remarquables
À la suite de l’accident, toute une chaîne de solidarité s’est créée autour d’Ariane Harvey. Déjà son entourage, ses parents notamment, ont commencé à publier régulièrement quelques nouvelles de leur fille pour montrer les progrès. « Je ne sais pas trop pourquoi ils ont commencé à faire ça. Je pense qu’ils voulaient donner espoir aux gens. C’était aussi une manière de donner des informations à plus de monde en une fois. »
Une amie d’Ariane Harvey et sa mère ont même créé une cagnotte « pour aider la famille Harvey à soutenir Ariane pendant sa réhabilitation. »
« C’était si gentil, j’étais vraiment surprise de voir ça! », dit-elle. À noter que cette cagnotte intitulée Ariane’s recovery est encore ouverte.
La Division scolaire franco-manitobaine (DSFM) et l’USB ont aussi accompagné Ariane Harvey. L’École/Collège régional Gabrielle-Roy, où travaille le père d’Arianne Harvey, a par exemple récolté 300 $ qui ont été donnés à l’unité de Riverview dans laquelle était la jeune adulte. « Des mois plus tard depuis l’accident, le soutien de toute une communauté, c’est ce que je retiens le plus. Les gens étaient vraiment présents. Je ne me suis jamais sentie seule. »