Ce passionné d’histoire ravive des souvenirs de guignolée, mais aussi les visites de porte à porte dans les années 1800 qui transcendaient les barrières, même au milieu des rivalités entre la Compagnie du Nord-Ouest et la Compagnie de la Baie d’Hudson.

Certaines traditions se sont perdues, d’autres ont beaucoup changé depuis la colonisation. Mais certaines perdurent comme celle du sapin de Noël.

Dans les Prairies, qui étaient un point de rencontre entre différentes cultures, beaucoup de traditions différentes se sont implantées. L’Aîné métis, Georges Beaudry, mentionne par exemple la guignolée, une ancienne tradition dont l’origine est incertaine, mais qui pourrait venir des druides celtiques du nord de la France qui, à l’approche du jour de l’an, allaient cueillir le gui dans les arbres.

« Nous avions transformé ça avec des chorales de Noël. Nous allions de porte en porte pour chanter des cantiques et les gens donnaient ce qu’ils pouvaient pour aider ceux qui avaient moins de moyens. »

De maison en maison

D’ailleurs, après plus de vingt ans sans guignolée dans les rues de Saint-Boniface, c’est justement Georges Beaudry qui avait relancé la tradition en 1982. À l’époque, une charrette tirée par des chevaux, des chorales et toute une brochette d’enfants avaient arpenté les rues du quartier francophone. 

L’occasion d’aider son prochain, mais aussi simplement de se rassembler. Georges Beaudry revient sur une coutume « que l’on avait adoptée ici au Manitoba pendant les années 1800. Les gens se rendaient visite les uns les autres. On allait cogner aux portes des voisins, on rentrait se réchauffer et on les ramassait pour se rendre chez le suivant. Ce n’était pas nécessairement métis, mais ça a été adopté sur les Plaines. »  

Sur ces mêmes Plaines, à l’époque, comme le rappelle l’aîné métis, « on avait toujours de la chicane », voire la guerre. Entre la Compagnie du Nord-Ouest et la Compagnie de la Baie d’Hudson. « Il y a des endroits comme au confluent des rivières Souris et Assiniboine où l’on avait trois différents établissements qui étaient en compétition pour attirer les Autochtones chez eux. Pendant l’année, cela pouvait parfois donner lieu à des escarmouches. Mais pendant le temps des fêtes, on faisait la trêve et l’on s’invitait pour fêter ensemble et bien sûr… un peu pour espionner chez son voisin. »