La Liberté : Nous voici à la veille des 150 ans de notre Ville de Winnipeg. Comment décririez-vous ce moment historique?
Scott Gillingham : C’est le moment parfait de célébrer notre passé et de regarder avec anticipation vers notre avenir, vers la Winnipeg de demain. C’est le temps de se raconter nos histoires, de partager nos histoires qui ont, chacune à leur manière, contribué à ces 150 ans d’histoire.
Des histoires humaines à partager… Les habitants de Winnipeg sont-ils aujourd’hui sa plus grande force?
S.G. : Oui, notre plus grande force, ce sont les hommes et les femmes de Winnipeg. À travers toute l’histoire de cette ville, ce qui a fait sa force, c’étaient les gens et les communautés, et leur résilience. C’était leur diversité aussi. Dès le début, la diversité a été un élément clé de Winnipeg. Il y avait des communautés francophones, autochtones, écossaises, métisses… Winnipeg a toujours été une mosaïque de peuples et nous en sommes très fiers. La devise de la ville est d’ailleurs Unum Cum Virtute Multorum, qui signifie « Un avec la force de plusieurs ».
Cette diversité humaine a parfois dû poser quelques défis à la Ville, qui devait concilier les intérêts de toutes et tous. Selon vous, aujourd’hui, quels sont les plus grands défis auxquels Winnipeg fait face?
S.G. : L’itinérance. Il n’y a pas assez de logements à Winnipeg et c’est un problème que nous devons régler. Personne ne devrait vivre et dormir dans la rue. Nous avons besoin de plus de logements vraiment abordables. C’est d’autant plus urgent que le coût de la vie augmente, et il est rendu trop élevé pour de plus en plus de Winnipégois. C’est d’ailleurs une priorité pour le conseil municipal et moi de créer plus de maisons avec services de soutien pour les sans-abri.
Nous devons également nous occuper du centre-ville, le rendre plus sécuritaire pour les gens et les commerces.
Les peuples des Premières Nations sont particulièrement touchés par la pauvreté et l’itinérance, au centre-ville de Winnipeg comme ailleurs dans la ville. À un temps de vérité et de réconciliation, comment voyez-vous l’avenir des relations de la Ville avec ses communautés autochtones?
S.G. : Nous travaillons déjà à bâtir de bonnes relations avec les leaders autochtones, dans un objectif de réconciliation économique.
Récemment, la Fédération Métisse du Manitoba (FMM), représentée par son président David Chartrand, a fait un gros investissement au centre-ville en rachetant la vieille bâtisse historique de la Banque de Montréal. La FMM a aussi fait l’acquisition de logements pour prendre soin de ses enfants, avec des services de soutien disponibles au besoin.
De même, le Grand Chef Jerry Daniels a fait un autre investissement significatif au centre-ville en rachetant l’immeuble de la Baie d’Hudson pour en faire un centre autochtone multiusages. Nous voulons faciliter ces investissements, pour pouvoir offrir aux peuples autochtones les opportunités qui leur reviennent.
Et la communauté francophone? Comment la Ville prévoit-elle améliorer ses relations avec les francophones, notamment en ce qui a trait à la valorisation de leur patrimoine?
S.G. : Avec les leaders communautaires de Saint-Boniface et le conseiller de Saint-Boniface Matt Allard, nous allons continuer de travailler fort pour trouver des moyens de promouvoir le patrimoine de Saint-Boniface, mais aussi de soutenir davantage ce qui se fait à Saint-Boniface.
Nous prévoyons aussi continuer de travailler de près avec le député provincial pour Saint-Boniface, Robert Loiselle, pour mieux répondre aux priorités de la communauté francophone.
Selon le palmarès 2023 des villes les plus agréables à vivre au Canada du Globe and Mail, paru le 25 novembre dernier, Winnipeg arrive en troisième position. C’est en effet courant d’entendre que Winnipeg est un très bon endroit pour élever une famille. Qu’est-ce que la Ville compte faire pour que Winnipeg reste une ville de choix pour élever une famille, voire même qu’elle soit encore meilleure que maintenant?
S.G. : Nous allons nous assurer que la ville reste abordable. Même si Winnipeg est déjà plus abordable que le reste du Canada, le coût de la vie a augmenté donc nous avons du travail à faire.
Nous allons également nous assurer qu’on y offre de bonnes opportunités de travail, de bonnes écoles et universités. Plus il y a d’opportunités d’éducation et d’emploi, plus les familles seront heureuses ici.
Enfin, nous voulons nous assurer d’offrir une ville toujours plus sécuritaire et saine.
La question du transport est également problématique pour les jeunes familles, qui aimeraient davantage d’alternatives pour se déplacer que leur voiture. À l’heure actuelle, le système de transport actif de Winnipeg ne permet pas vraiment à une famille de se déplacer en toute sécurité…
S.G.: Il va y avoir du nouveau en 2025! La Ville a fait un investissement majeur pour améliorer son système de transports en commun. Bientôt, nous offrirons plus de routes d’autobus, donc plus de services de transport, et ces routes seront desservies à une plus grande fréquence. Le système sera plus fiable de manière générale.
On prévoit aussi travailler à rendre l’utilisation des transports en commun plus sécuritaire, en introduisant des agents de sécurité communautaire dans les autobus et les abribus, et en renforçant les patrouilles à pied au centre-ville. Ceci doit commencer dès ce début d’année 2024.
En parallèle, nous avons aussi commencé à construire un réseau de pistes cyclables. Je sais que c’est très important pour les jeunes générations. Elles sont plus sensibilisées aux questions environnementales et à l’importance de rester actif. Avoir un bon réseau de pistes cyclables, ça aidera Winnipeg à mieux garder ses jeunes.
Pour conclure, pour quoi aimeriez-vous que Winnipeg soit reconnue ou qu’on se souvienne d’elle dans dix ans?
S.G. : J’aimerais que les gens retiennent de Winnipeg qu’il y ont fait l’expérience d’une vie d’opportunités, où ils savaient qu’ils avaient leur place, quelle que soit leur origine. Je voudrais que toutes et tous se souviennent de Winnipeg comme de leur véritable chez- eux.