Greg Selinger, ancien Premier ministre du Manitoba et conseiller municipal, a vécu certains de ces moments-là. Pour La Liberté, il se replonge dans ces décisions qui ont changé la face de Winnipeg.
Une ville plus inclusive, plus abordable, une ville de créations, une ville de premières. Au cours de ses 150 ans d’existence, Winnipeg a beaucoup évolué.
L’ex-homme politique Greg Selinger a accompagné cer- taines de ces évolutions. Il a notamment fait partie à la fin des années 1980 et début des années 1990 du Winnipeg Into the Nineties (WIN), un groupe de citoyens bénévoles qui avait une vision sur Winnipeg et la manière dont la ville pourrait et devrait se développer. À quoi ressemblait cette vision? Greg Selinger donne quelques valeurs importantes.
« Je crois que la coalition du WIN a poussé pour avoir une démocratie plus inclusive et ouverte, lance d’abord Greg Selinger.
« De manière générale, on a cherché à avoir plus de collaboration et de dialogue. Je pense par exemple aux voisinages, on voulait que toute la population vive ensemble. Pas seulement des riches, des pauvres, ou des nouveaux arrivants. L’idée était d’être ensemble, c’était la vision. On cherchait aussi à avoir une gouvernance plus équitable dans la ville. Et bien sûr, on voulait faire des différences économiques tout en respectant l’économie. »
Des choix forts en politique
Aujourd’hui, que reste-t-il de cette vision qui a une trentaine d’années? Greg Selinger met surtout en avant les valeurs humaines. Et dans le thème de l’inclusivité chère à ce groupe, l’ancien Premier ministre donne notamment l’exemple de l’élection de Glen Murray, premier maire ouvertement gai de Winnipeg. Ce dernier faisait aussi partie du WIN. « On avait surtout un respect pour les droits humains et ça, je crois que c’est resté ancré et que ça continue maintenant », ajoute Greg Selinger.
L’ancien conseiller municipal de Winnipeg, élu dans la circonscription de Saint- Boniface en 1989, met aussi à l’avant les choix politiques majeurs de la ville qui ont des effets encore aujourd’hui. La ville unifiée en 1972, qui mène à la création de la Ville de Winnipeg comme on la connaît aujourd’hui, est une réelle particularité de la capitale manitobaine. L’amal- gamation de 12 Municipalités pour former une nouvelle Ville et un nouveau gouverne- ment répondait à plusieurs objectifs.
« L’idée était d’avoir plus d’efficacité. Au lieu d’avoir par exemple 12 départements de police ou de loisirs, on n’en avait plus qu’un. L’administration devenait alors plus efficace. Cette centralisation entraîne aussi plus de participation de tous les citoyens. On avait donc la vision d’une démocratie plus décentralisée et d’une administration plus centralisée. »
Cette ville unifiée (Unicité) et le choix de réduire le nombre de conseillers d’une cinquantaine, à une trentaine, puis à une quinzaine aujourd’hui a joué un rôle majeur pour décider des grandes questions urbaines.
« Faire ce choix à l’époque était unique et très à l’avant- garde de ce qui se faisait en Amérique du Nord, aux États- Unis en particulier », précise Greg Selinger.
Le potentiel économique de Winnipeg
Celui qui a beaucoup œuvré pour la croissance économique de la province lors de son man- dat de Premier ministre a vu Winnipeg devenir une place de plus en plus attractive pour les différents investisseurs.
« Il y a des possibilités autour de l’énergie verte et la technologie pour la réduction des émissions de carbone, des partenariats entre les universités, de la bonne formation pour nos jeunes », décrit-il.
Le 21e Premier ministre du Manitoba explique aussi que la Province offre des incitatifs intéressants aux potentiels investisseurs. Il se souvient du choix de Canadian Tire d’ouvrir en 2013 son centre d’informatique à Winnipeg. La Province avait d’ailleurs aidé à cette installation en modifiant le crédit d’impôt pour le traitement des données et les incitatifs à la formation. Ce projet avait alors créé 50 emplois.
Avec le temps, Greg Selinger constate aussi que les investisseurs semblent penser de plus en plus à Winnipeg au lieu d’aller systématiquement dans de plus grandes villes comme Toronto, Montréal ou Vancouver.
« On doit faire la promotion de nos avantages. La capacité de collaboration est plus facile ici, tout le monde se connaît. Il y a moins de séparation et les personnes se mettent rapidement en contact. »
Une ville de premières
À l’image du Musée canadien pour les droits de la personne (MCDP), seul musée national canadien consacré aux droits de la personne et premier musée national à l’extérieur d’Ottawa, Winnipeg regorge de lieux et d’évènements uniques qui en font une place importante au Canada.
Culturellement, Winnipeg peut aussi compter sur son Ballet Royal. Fondé en 1939, le Ballet Royal de Winnipeg est la plus ancienne compagnie de ballet du Canada.
« Je pense aussi au Centre culturel franco-manitobain, c’est un énorme atout pour Winnipeg. Le Théâtre Cercle Molière aussi. Comme les pièces sont traduites, elles attirent un public bien plus large. Bien sûr, il y a également le Festival du Voyageur, le plus grand festival d’hiver de l’Ouest canadien. Il y a beaucoup de culture ici, c’est un énorme avantage pour la qualité de vie. »
À l’aube de cette 150e année, Greg Selinger constate donc que Winnipeg a tous les éléments en sa possession pour attirer et confirmer sa position de ville dans laquelle il fait bon vivre.
« L’avenir est entre nos mains. Si l’on est prêt à prendre des décisions fortes et établir une vision pour les prochaines années, on peut continuer d’être une des places préférées des jeunes, des familles, des entreprises. Il faut aussi continuer à avoir une bonne qualité de formation, car à la fin, ce sont nos citoyens qui font la différence. »