Si certains de ces préjugés s’appuient sur des vérités, la réalité de la ville est tout de même plus nuancée que ça. Winnipeg s’est même récemment classée, selon un sondage du Globe and Mail, troisième ville la plus agréable à vivre au pays.

Plusieurs raisons peuvent expliquer cette image qui colle à la Ville de Winnipeg. Originaire de Saint-Pierre-Jolys, Mariette Mulaire tente de comprendre. Celle qui est aujourd’hui directrice générale de la World Trade Centers Association à New York a énormément voyagé pour ses activités professionnelles.

Selon elle, les premières personnes à dénigrer la capitale manitobaine viennent directement du Canada. « Malheureusement, la plupart des impressions négatives que j’ai pu entendre viennent du Canada directement. C’est malsain, mais ça vient aussi d’anciens Manitobains qui sont partis et qui pensent avoir réussi par la suite en partie parce qu’ils ont quitté. Oui, on a des hivers rudes. Oui, on est en plein milieu de nulle part, et à la fois au milieu de tout. Mais surtout, on offre une qualité de vie différente. »

« On ne sait pas encore comment se vendre. C’est vrai qu’on n’a peut-être pas encore la bonne approche. Mais je vois que certains organismes comme Destination Canada ou Tourism Winnipeg sont sur la bonne piste. Ce qui compte le plus, c’est d’être d’abord convaincus de nous-mêmes. »

L’ancienne présidente- directrice générale du World Trade Centre Winnipeg remarque aussi que ces torts faits à la ville viennent aussi des plus grandes villes du pays.

« On ne sait pas encore comment se vendre. C’est vrai qu’on n’a peut-être pas encore la bonne approche. Mais je vois que certains organismes comme Destination Canada ou Tourism Winnipeg sont sur la bonne piste. Ce qui compte le plus, c’est d’être d’abord convaincus de nous-mêmes. »

Mariette Mulaire

Voir la ville avec un autre œil

Mais Mariette Mulaire appelle aussi à dépasser ces clichés. À l’inverse des Canadiens, la toute récente membre honoraire du Centre de la francophonie des Amériques a aussi beaucoup d’histoires avec des étrangers qui ont apprécié, voire adoré leur séjour à Winnipeg. Elle dit même avoir parfois vu sa ville et sa province avec un autre œil.

« Ça prend du monde qui vient d’ailleurs pour apprécier ce qu’on a. Je me rappelle de cette histoire de Michelle Gervais, qui travaille dans le tourisme. Elle avait un petit autobus, elle emmenait les gens un peu partout. Un jour, elle allait à Gimli avec un groupe de Chinois. L’un des visiteurs était en avant, juste à côté du conducteur, puis il se tenait à la barre. Michelle a pensé qu’il était peut-être malade. Elle lui a demandé si tout allait bien et il a répondu que oui. Mais il restait en avant et regardait partout. Elle lui a demandé : Que regardez-vous? Rien! Et oui, justement, il n’y avait rien, juste des champs à perte de vue. Puis, il faut s’imaginer que ces touristes venaient de villes très denses en Chine comme Shanghai ou Beijing. Avoir une aussi longue distance avec rien pour couper la vue était surprenant pour eux. Pour rire, on a même pensé à un slogan : Venez au Manitoba pour ne rien voir! (rires) »

Avec l’expérience, Mariette Mulaire a souvent vu que les gens qui parlaient le plus de Winnipeg étaient les mêmes personnes qui connaissaient le moins la ville. Des personnes qui se sont aussi arrêtées aux préjugés résistants.

Et au rayon des choses résistantes, Mariette Mulaire pense aussi à la chanson du Québécois Pierre Lalonde dans les années 1970 : « À Winnipeg, les nuits sont longues… Là-bas, la Terre est plate… Plate comme la vie », chantait-il. « Ça nous a vraiment fait du tort. C’était une chanson qui avait un petit beat que tu ne peux pas oublier. Donc, maintenant, il faudrait faire une autre chanson : À Winnipeg, les nuits sont longues, mais sont bonnes en maudit! (rires) »

Des atouts à mettre en avant

Néanmoins, et malgré les atouts de la ville et de la province, Mariette Mulaire avoue que les Winnipégois et Winnipégoises ont eux-mêmes parfois du mal à se vendre. « On ne sait pas encore comment se vendre. C’est vrai qu’on n’a peut-être pas encore la bonne approche. Mais je vois que certains organismes comme Destination Canada ou Tourism Winnipeg sont sur la bonne piste. Ce qui compte le plus, c’est d’être d’abord convaincus de nous- mêmes. »

Et pour donner un début d’argument à ceux et celles qui n’arriveraient pas à vendre la ville, il est possible de s’appuyer sur un sondage datant du mois de novembre 2023 du Globe and Mail. Le journal a classé 439 villes canadiennes selon des priorités comme l’économie, la sécurité et le coût du logement. Au classement, Winnipeg arrive troisième juste derrière Victoria et North Vancouver en Colombie-Britannique.