Dans l’état actuel des choses, le temps des Fêtes et le froid que l’accompagne, loin d’être une occasion de célébration, constitue une menace de mort pour les sans-abri.

Déjà le mois dernier, les ambulanciers paramédicaux de Winnipeg ont été appelés au parc Joe-Zuken où deux personnes signalées comme étant en arrêt cardiaque ont été trouvées mortes dans une tente. Cette tragédie n’est pas inédite : l’hiver dernier, une femme a été retrouvée morte de froid dans un abribus, ce qui a poussé la Ville de Winnipeg et St. Boniface Street Links à ouvrir un refuge de nuit pour offrir aux personnes vivant dans la rue un endroit où rester au chaud.

Cette année, la Ville a approuvé le financement de quatre organisations pour ouvrir ou agrandir des espaces sûrs 24  heures sur 24 et 7 jours sur 7. Malgré cette décision, St. Boniface Street Links a dû attendre jusqu’au 4 janvier pour obtenir un permis d’occupation pour installer un abri éphémère au 604, chemin St. Mary’s. Pourtant, le maire Scott Gillingham a fait de la lutte contre l’itinérance et la pénurie de logements abordables à Winnipeg une « priorité absolue » pour 2024. Clairement, il faudra que la Ville agisse avec un sens d’urgence beaucoup plus grand pour concrétiser les ambitions du maire.

Jusqu’à présent, la Province ne fait pas preuve d’empressement elle non plus. Un porte-parole déclarait que, à la fin décembre, jusqu’à 1 090 appartements et unités appartenant à Logement Manitoba dans la région de Winnipeg, et 1 000 logements dans d’autres régions de la province, étaient vacants. Pourquoi? Ces logements nécessitent des réparations, et l’argent pour les effectuer ne figure tout simplement pas dans le budget provincial.

Une porte-parole de la Manitoba Non-Profit Housing Association explique que Logement Manitoba souffre d’un sous-financement chronique, ce qui a pour conséquence que les appartements qui doivent être rénovés restent souvent vacants jusqu’à ce que des fonds finissent par être disponibles pour enfin terminer les réparations. Donc les unités demeurent vacantes plus longtemps qu’elles ne le devraient.

Les sans-abri au Manitoba, eux, n’ont pas de porte-parole pour se faire entendre et n’ont pas le pouvoir de transformer leur situation d’eux-mêmes. Voilà la réalité. Au lieu d’être une coutume répétée presque mécaniquement au début de chaque année, échanger des souhaits de bonne année devrait plutôt servir de rappel de notre devoir de passer à l’action pour soulager la souffrance qui accompagne l’itinérance et la pauvreté.

Tout simplement au nom de la solidarité humaine.