Une initiative lancée par la Ville de Winnipeg et saluée par les acteurs proches de ce dossier.

Après avoir demandé aux résidents à la fin de l’année 2023 de partager leurs récits et expériences personnelles liées au Carré civique, la Ville avance encore plus concrètement dans cette consultation publique. « Vos commentaires nous aideront à mieux comprendre ce que la communauté souhaite voir arriver à ces bâtiments », justifie la Ville de Winnipeg.

Se faire entendre

Passer d’abord par le public avant de prendre des décisions est une bonne chose selon Walter Kleinschmit, secrétaire des Ami.e.s du carré civique de Saint-Boniface (ACCSB). Selon lui, c’est une étape qui a manqué en février 2021 lorsque l’administration publique a recommandé la vente de ces deux bâtiments à Manitoba Possible. « Quand ça a été vendu, il y a eu beaucoup de réactions qui disaient que ce choix ne reflétait pas de valeur ajoutée communautaire. C’est un très bon service bien sûr, mais c’était en dehors de nos attentes et des besoins de la communauté. »

Walter Kleinschmit détaille le changement de position de la Ville. Il rappelle qu’en octobre dernier une résolution est passée pour que les fonctionnaires s’impliquent davantage dans la communauté pour savoir ce qui est préférable. « Il y a d’abord eu des discussions avec les trois parties prenantes : les Ami.e.s du carré civique de Saint-Boniface, la Société de la francophonie manitobaine (SFM) et Héritage Saint-Boniface. On a eu trois réunions pour discuter du processus. Ils ont compris que vendre ou louer ces bâtiments à long terme était une question compliquée. Alors, ils ont donc accepté que cela passe par un sondage pour avoir une plus grande envergure. »

Les fonctionnaires ont eu alors une direction formelle à suivre. Une bonne chose selon Matt Allard, conseiller municipal pour Saint-Boniface. « J’entends des échos des personnes impliquées qui semblent indiquer que les choses fonctionnent bien pour l’instant. »

Consultations en français et en anglais

En plus du sondage, la Ville invite aussi la population à plusieurs ateliers de discussions. Ce 17 janvier en personne au Centre récréatif Notre Dame, le 24 janvier en français par Zoom et le 25 janvier aussi en virtuel et cette fois-ci en anglais. Derrek Bentley, vice-président de la SFM, y voit une occasion unique pour la population de faire une différence. « C’est bien beau qu’ils aient lancé cette initiative, mais c’est maintenant à nous de nous assurer qu’on réponde bien à cet appel. L’ancien hôtel de ville notamment est important pour Saint-Boniface et la francophonie, mais aussi pour le Manitoba au complet. On veut donc sortir avec une solution qui rassemble le plus de monde possible. »

Les deux bâtiments sont d’ailleurs sur la liste des ressources historiques de la Ville de Winnipeg depuis 1981 pour l’hôtel de ville (219 boulevard Provencher) et 1987 pour la caserne de pompiers (212 rue Dumoulin). Pour rappel, les bâtiments avaient été déclarés excédentaires aux besoins de la Ville de Winnipeg en 2007, d’où la mise en vente.

Après l’examen des commentaires de la communauté, le comité d’orientation permanent des biens et de l’aménagement examinera l’option recommandée au printemps.

Des possibilités à étudier

Walter Kleinschmit et les groupes proches du dossier voient tout de même une solution se dessiner. « La Ville a demandé aux organismes qui suivent chaque avancée de très près leurs préférences et pourquoi. Tout le monde a été d’accord pour dire que ça devrait être loué plutôt que vendu. Nous imaginons notamment un bail de 100 ans. C’est très commun en Europe ou dans l’est du Canada. C’est la seule façon pour avoir deux partenaires pour se mettre d’accord sur une solution qui est reflétée dans un contrat qui n’est pas sujet à l’opinion ou au changement d’idée par l’un ou l’autre des intervenants. On a donc proposé un bail de deux fois 50 ans. Ça permet des hypothèques, un développement et une continuité de mission. »

Ces possibilités sont d’ailleurs présentées dans les questions du sondage.

« J’entends des échos des personnes impliquées qui semblent indiquer que les choses fonctionnent bien pour l’instant. »

Matt Allard

Long terme et financement

La SFM avait aussi privilégié « fortement que la Ville conclue un accord de location de cette propriété avec des partenaires communautaires » lors d’une proposition adoptée pendant l’assemblée générale annuelle 2023.

Matt Allard nuance tout de même cette solution. Si le long terme semble être une bonne option pour le 219 Provencher, car il peut être occupé par des bureaux comme c’est le cas aujourd’hui, l’homme politique alerte aussi sur la question du financement et de la maintenance différée. « C’est un bon début, tout le monde se parle. Mais sur le temps, ça va coûter des millions $ pour maintenir l’édifice dans son état actuel, c’est un sujet qu’il faut aussi adresser. Le service public en avait déjà parlé. Dans l’immobilier, généralement, on met au moins 4 % de l’édifice en maintenance différée. Il va donc avoir besoin, à un point, d’un gros investissement de la part d’un organisme qui en aura la capacité. »

Et la caserne?

Plus endommagée et vacante, la caserne de pompiers, qui fait également partie de cette consultation publique, inquiète aussi Matt Allard. « Il n’y a pas encore de solutions pour trouver une réutilisation adaptative de l’ancienne caserne. C’est un édifice historique, je ne voudrais pas qu’on l’oublie, car le temps entraîne des dommages. »

Derrek Bentley pense tout de même que des solutions encore inexplorées peuvent ressortir de ces consultations. « Qui sait quelle idée va sortir? Les meilleures idées sortent souvent de processus de remue-méninges. Il y a peut-être des angles auxquels nous n’avions pas pensé et qui peuvent faire consensus. »

ACCSB : qui fait quoi?

Créé il y a un peu moins de trois ans, Les Ami.e.s du carré civique ont le mandat d’assurer la pérennité de l’ensemble des bâtiments qui constituent le carré civique. Le 1er février, en présence et en virtuel, l’organisme présentera son assemblée générale annuelle.

L’AGA donnera d’ailleurs une mise à jour du processus de consultation. Aussi, de nouveaux administrateurs sont amenés à être élus, notamment à la présidence.

Robert Loiselle, devenu député de Saint-Boniface, a laissé l’intérim à Bintou Sacko. À date, les membres du conseil d’administration sont : Carole Boily, Alex Comeault, David Dandeneau, Nicholas Douklias, Derrick Finch, Roland Painchaud, Marc Normandeau, trésorier, Walter Kleinschmit, secrétaire. Rémi Gosselin est lui le directeur des communications.