En date du 9 janvier, selon le Centre national des glaces des États-Unis, la surface gelée ne représentait que 1,4 %.

C’est certes le début de la saison des glaces. Le maximum de la couverture est atteint chaque année en février-mars, et la moyenne maximale des 50 dernières années est de 53 % : autrement dit, un peu plus de la moitié de la surface des Grands Lacs gèle au plus fort de l’hiver.

Reste qu’on est loin du compte. Au début de janvier, tous les indicateurs montraient un retard par rapport à la moyenne de ce moment de l’année. Le 9 janvier, selon l’agence américaine des océans (NOAA), le lac Érié était toujours à 0 % de couverture glaciaire et celle du lac Ontario, qui avait passé le cap du Jour de l’An à zéro, avait timidement augmenté à 0,9 %. 

Ce qui avait été prévu dès décembre : le Service nord-américain des glaces — une collaboration Canada–États-Unis — écrivait alors que les cinq Grands Lacs (Supérieur, Michigan, Huron, Érié et Ontario) connaîtraient une saison des glaces inférieure à la moyenne. 

Les hauts et les bas des 50 dernières années sont contrastés : au plus fort de l’hiver, la couverture de glace a dépassé les 80 % à cinq reprises. Mais la tendance générale à la baisse est nette : dans une analyse parue en 2017, des chercheurs de l’Université du Michigan et de la NOAA parlaient d’une baisse de la couverture glaciaire moyenne de 70 % entre 1973 et 2017.

Calculé autrement : cela se traduit par 46 jours de gel de moins — une journée « de gel » étant définie par une journée où au moins 5 % de la surface d’un lac est recouverte de glace. Le recul le plus fort est mesuré dans les lacs Ontario et Supérieur, selon l’Agence de protection de l’environnement des États-Unis. 

Les conséquences

Moins de glace signifie moins de protection des rives contre l’érosion — et plus de risques d’inondations. L’industrie de la pêche est contente, puisque cela allonge sa saison, mais celle du tourisme en souffre, là où les villes et villages comptent sur la pêche sur glace, le patin ou les paysages glacés. 

D’un point de vue météorologique, lorsque ces masses d’eau sont plus chaudes, cela réchauffe aussi les masses d’air qui les survolent, et celles-ci peuvent gagner en humidité, donc générer plus de précipitations ailleurs. Il faut noter que la température moyenne de l’air en été (de juillet à septembre) au-dessus des Grands Lacs a augmenté plus vite que dans les régions environnantes. 

Enfin, d’un point de vue écologique, le plancton est plus résistant lorsqu’il est protégé d’une couche de glace. Moins de plancton signifie moins de nourriture pour les différentes espèces de poissons, autant celles qui y vivent à l’année (corégone, truite) que celles qui y migrent en été. La glace protège aussi les œufs de certaines espèces. Enfin, des eaux plus chaudes, ou bien l’apport de plus de matières organiques à cause des précipitations accrues facilitent la croissance d’algues.