Elle a attendu 2019 pour entreprendre de s’en défaire en invitant des propositions qui mèneraient à leur vente. Ce processus a échoué quand l’organisme Manitoba Possible, choisi comme acquéreur des édifices, a renoncé à l’achat l’an dernier.

La Ville entreprend maintenant de consulter la population sur l’avenir des bâtiments. Elle prétend dorénavant rechercher la meilleure façon d’agir « dans le respect de la culture et du patrimoine francophones ». Il y a lieu de se demander pourquoi elle n’avait pas entrepris une consultation sérieuse avant d’émettre sa demande de propositions en 2019.

La Ville ne s’engage à rien dans ces consultations, sinon d’écouter les commentaires pour l’aider à sélectionner des acheteurs ou des locataires potentiels. À quoi peut-on s’attendre de ces consultations?

À ce jour, il n’est pas clair qu’il existe un consensus sur ce que veulent les gens intéressés à préserver les deux édifices. Et il est peu probable que les fonctionnaires municipaux se serviront des commentaires recueillis pour formuler par eux-mêmes un projet précis.

Il faudra donc que les idées et les commentaires formulés lors des consultations attirent des personnes vraiment convaincues d’une vision d’avenir pour l’Hôtel de ville et la caserne des pompiers. Elles devront proposer un projet sérieux qui s’inscrit véritablement dans une raison d’être de préservation à long terme.

Un exemple d’une réussite existe. En 2005, une douzaine de bénévoles se sont convaincus de l’importance de valoriser le site du Upper Fort Garry qui avait été le lieu clé des rencontres de la population de la colonie de la Rivière-Rouge qui ont mené à la création de la Province du Manitoba en 1870. Ils se sont mobilisés pour s’opposer à un développement commercial sur le site. Les Amis du Upper Fort Garry ont relevé le défi du maire Sam Katz de prélever 10 millions $ en 107 jours pour assurer que le site demeurerait propriété publique à perpétuité. Ainsi ils ont pu concevoir un projet précis et consacrer les années nécessaires à le réaliser. Il n’aurait jamais suffi de proposer quelques idées et d’attendre que la Province réponde à leurs bons désirs.

Voilà donc le défi qui attend ceux et celles qui veulent préserver deux édifices historiques au cœur du vieux Saint-Boniface. Il leur faudra générer un certain consensus sur une vision à long terme, puis recruter des bénévoles convaincus de la valeur de cette vision et qui seront prêts à y consacrer probablement une longue période de temps pour la réaliser. Sinon, l’avenir de ces édifices restera entre les mains de la Ville et de ses propres intérêts.