La toute dernière tentative orchestrée en juin 2022 par Economic Development Winnipeg et Voyage Manitoba a proposé un énième slogan, Winnipeg : Made from what’s real, qui a été accueilli par un haussement généralisé d’épaules.

Pourtant, ses concepteurs disent avoir utilisé une société de markéting et des informations issues de recherches, d’enquêtes d’ateliers et de groupes de discussion pour fabriquer ce slogan qu’ils ont essayé de vendre dans une autre de leurs campagnes de publicité pour attirer des touristes et des investissements.

Cette énième campagne a fait suite à d’autres vaines tentatives. Des slogans lancés eux aussi après moultes consultations et suivies de coûteuses campagnes de publicité nous avaient donné : Where the New West Begins (1980), Love Me, Love My Winnipeg (1983), One Great City (1990), Heart of the Continent – Au Cœur du Continent (2008). Et pour la province, rappelons Sunny Manitoba (1971), Friendly Manitoba (1976), l’insipide (mais qui au moins avait le mérite d’être bilingue) Spirited Energy – Vibrant d’énergie (2006) et Manitoba: Canada’s Heart Beats (2013).

Si ces slogans ne nous parlent pas, c’est qu’ils ne correspondent pas à notre vécu. De toute façon, la capitale manitobaine ou encore la province en entier ne se « vendent » pas comme on vend des céréales et des meubles. 

La première impression de ce qu’est Winnipeg nous vient de son architecture et, en particulier, de son centre-ville. Ce centre-ville, et particulièrement son quartier de la Bourse, laissent beaucoup à désirer, avec ses édifices historiques négligés et ses commerces abandonnés sur l’avenue Portage. Ajoutons à ce portrait l’état trop souvent précaire du secteur culturel et de ses organismes emblématiques comme le Ballet royal et l’Orchestre symphonique de Winnipeg dont la Ville aime se vanter pour attirer les touristes.

Mais encore plus important pour l’image que la ville projette, c’est sa dimension humaine. Si l’on veut renforcer le pouvoir d’attraction de la ville, la crise du logement, la situation critique des sans-abri, la pauvreté, la toxicomanie, les problèmes de santé mentale et les conséquences des écoles résidentielles exigent une action concertée de tous les ordres de gouvernement, du secteur privé et des résidents.

Il s’agit donc forcément d’un travail de longue haleine qui exige l’investissement de ressources importantes. En vérité, plus la ville réduira la détresse humaine de ses résidents et, secondairement, plus elle améliorera son apparence physique, plus elle finira par rayonner. Une dynamique vertueuse qui doit engager toute la population dans un effort concerté.

Voilà un mot d’ordre ancré dans le réel qui vaut bien tous les slogans : Pour que Winnipeg puisse rayonner, il faut que tout le monde embarque!