Dans son budget prévisionnel, la Ville parvient à maintenir l’augmentation de l’impôt foncier à 3,5 %, mais de nouveaux frais font leur apparition, et des augmentations d’impôts, ailleurs, viennent finalement combler le manque à gagner.

Parmi eux : les frais municipaux augmenteraient de 5 % cette année et en 2025, puis de 2,5 % en 2026 et 2027. Les frais de collecte des déchets augmenteraient aussi cette année de 10.54 $. Les prix des tickets de bus augmentent de 10 centimes. L’impôt pour l’eau et les égouts subirait une hausse de 3.8 %.

De plus, des frais de 1 $ par mois pour chaque ligne téléphonique active pourraient être mis en place pour aider à couvrir les coûts du service 911.

Manque de transparence

Michel Durand-Wood, chroniqueur pour La Liberté, observateur de la scène politique municipale et auteur du blog Dear Winnipeg, voit dans ce budget préliminaire un certain manque de transparence.

« On a choisi de garder une augmentation abordable au niveau de l’impôt foncier, mais en même temps, tous les autres frais ont augmenté. C’est un peu une façon de cacher l’augmentation. Parce que finalement ce sont les contribuables qui paieront cela. La raison pour laquelle on dit qu’on ne peut pas augmenter les impôts fonciers, c’est parce que les Winnipegois n’ont pas l’argent, ça n’a aucun sens d’aller chercher d’autres moyens de trouver de l’argent si la source reste la même. »

Et de l’argent, il en faut. Le budget opérationnel devrait augmenter de 81 millions $ par rapport à 2023 pour passer à 1,36 milliard $ pour l’année 2024. La raison principale invoquée est celle de l’inflation, dont le taux moyen au Canada s’est établi à 3,9 % sur 2023.

Malgré tout, certains budgets pourraient augmenter, comme celui alloué à la forêt urbaine, des services d’incendies et de soins médicaux d’urgence, celui de la police. Mais pour Michel Durand-Wood, il est certain que d’autres budgets ont dû être diminués. « L’argent doit venir de quelque part. Il y a certainement eu des coupures ailleurs, mais il faudra lire les quelques 336 pages du rapport pour voir où. » À titre d’exemple, le budget pour la réfection des routes a diminué de 18 millions $ par rapport à 2023.

Changer d’approche

Pour le chroniqueur, la tendance à la hausse peut encore être inversée, à condition de changer d’approche. « Il faut se poser la question de savoir si l’on a construit une ville qu’on est en mesure de financer. Est-ce qu’elle n’est pas plus chère que ce que l’on est capable de payer? La réponse est certainement oui. Il y a des millions de façons de construire une ville, celle que l’on a choisie n’est pas durable financièrement. Il ne tient plus qu’à nous de changer d’approche. Miser sur une ville plus compacte, plus propice aux piétons, concentrer notre développement urbain de sorte que l’on ait plus de revenus et moins d’infrastructures. C’est possible, mais encore faut-il le faire. »