Par Wilgis Agossa.

On m’a invité à aider à la discussion alors qu’un enfant se sentait discriminé. Dans son école, il avait très rarement des amis avec qui jouer. À quelques reprises, des mots peu aimables ont été prononcés du fait qu’il est différent de plusieurs autres. L’enfant était profondément triste et n’avait plus la même envie d’aller à l’école. Je reste encore, jusqu’aujourd’hui, marqué par la tristesse de son regard lorsqu’il partageait son sentiment de solitude.

Notre société change énormément. Dans les vingt dernières années, la communauté noire présente au Canada a triplé. D’autres groupes culturels ont connu une croissance encore plus grande. Même si le Canada est historiquement reconnu comme un pays d’immigration, ces changements viennent nous bousculer dans nos habitudes. Alors que ceux qu’on appelle encore des nouveaux arrivants cherchent leurs repères et tentent de s’enraciner dans une nouvelle société, les autres doivent également changer leur fusil d’épaule.

Cette capacité de vivre ensemble passe par l’éducation.

Dans le cadre du projet Noir et fier, nous avons choisi de nous lancer sur le sentier de l’éducation, ensemble avec des partenaires. Un proverbe africain nous enseigne justement que seul on va plus vite, ensemble on va plus loin. C’est là toute la beauté de ce partenariat qui nous lie avec le Théâtre Cercle Molière et le Musée canadien pour les droits de la personne. Grâce à cette entente, plus de 800 jeunes des écoles de la Division scolaire franco-manitobaine et de la Division scolaire Louis-Riel franchiront les portes du foyer du Théâtre Cercle Molière pour des tournées offertes par le Musée canadien pour les droits de la personne d’ici fin février.

Ces visites, conduites par des guides du Musée, donnent ainsi à nos jeunes l’opportunité d’en apprendre davantage sur l’histoire des Noirs et les richesses culturelles de certains de leurs amis de classe originaires d’ailleurs. Car, au-delà de l’exposition des œuvres qui racontent les expériences du présent, les jeunes ont également la chance de revisiter le passé, d’avoir des discussions ouvertes afin de mieux comprendre leurs ami.e.s.

Ces moments d’échanges, ces rencontres interculturelles et toutes les occasions de célébrations de nos cultures feront probablement en sorte que demain, d’autres enfants ne vivront plus les mêmes formes de discrimination, que ce soit à l’école ou dans la société en général.