Il faut dire d’abord que cette exposition porte bien son nom. Intitulée Haut et fort Musique, résistance et changement, l’exposition dénote beaucoup de l’atmosphère générale qui règne d’ordinaire dans les étages du MCDP.

Située dans la galerie du niveau 1, l’exposition est colorée et rassemble, dans un décor assez rock’n’roll, une centaine d’artefacts en lien avec les grandes figures musicales qui ont joué un rôle dans les changements sociaux et politiques de ces dernières années. Mais surtout, la visite se fait au rythme de chansons qui ont changé un peu la face du monde. Pour Darrel Nadeau, vice-président à l’expérience de visite au MCDP, ce parti pris pourrait potentiellement « attirer un nouveau public ».

Encourager l’interaction

« Le reste du musée est plutôt silencieux, presque comme dans une bibliothèque où l’on n’est pas censé faire de bruit. Ici, nous voulons que les gens en fassent. »

Car le sujet s’y prête, et toute l’exposition a été pensée pour encourager l’interaction et, malgré le sérieux de certains des thèmes abordés, proposer une visite finalement assez fun. Pour ce faire, des disques dotés de la technologie « tapez pour payer » permettent d’interagir avec les différents panneaux de l’exposition. Pour lancer un concert, l’interview d’un.e artiste, un clip, changer de vidéo, de langue ou encore pour faire sa propre affiche. Le disque est d’ailleurs doté d’un code QR qui renvoie vers une playlist Spotify composée tout spécialement pour l’occasion.

Sans vraiment qu’il y ait un sens de visite, l’exposition traverse le temps, de la musique folk des années 60 jusqu’aux Cowboys Fringants, en passant par Elton John et Neil Young, et se divise en six grands thèmes : la voix du peuple, nous vaincrons, résurgence, quand la musique nous soulève, quand la musique se fait écolo, et résistance rock.

« Le reste du musée est plutôt silencieux, presque comme dans une bibliothèque où l’on n’est pas censé faire de bruit. Ici, nous voulons que les gens en fassent. »

Darrel Nadeau

Cinq ans de travail

Julia Peristerakis, commissaire principale de l’exposition, revient sur ce projet qui se concrétise après près de cinq ans de travail. « Ça a nécessité beaucoup de travail de recherche et beaucoup de collaboration avec différents musées et musiciens, ne serait-ce que pour obtenir les artefacts. » Parmi les artefacts exposés, une tenue de scène d’Elton John, l’harmonica de Neil Young et le van du groupe Rage Against the Machine.

Elle poursuit : « Pour ce qui est du développement du contenu, il a fallu choisir les histoires que l’on voulait raconter, on a eu le sentiment qu’on en avait trop. Pour beaucoup, la musique folk des années 60 est synonyme d’activisme, mais l’activisme dans la musique est beaucoup plus large. Le mouvement des droits civiques, Black Lives Matter, les droits autochtones, l’environnement. Cela a demandé beaucoup de travail. » En cela, l’exposition a toute sa place au MCDP.

Julia Peristerakis ajoute  : « Les gens connaissent la connexion entre les droits de la personne et la musique. Les artistes et le public travaillent ensemble à véhiculer et utiliser la musique pour faire avancer les discussions. C’était aussi une manière pour nous d’engager avec la pop culture, d’adopter un ton plus léger que d’habitude. » 

L’exposition met aussi en lumière quelques artistes francophones, comme le groupe québécois Les Colocs’ mais aussi la chanteuse francophone métisse Andrina Turenne, qui apparaît sur un film diffusé en boucle sur une toile dressée au centre de l’exposition, qui devrait quitter le musée au mois de septembre 2024.