L’occasion de comprendre son importance dans l’identité franco-manitobaine et les clés de
réussite d’un tel évènement.

Après une campagne à plusieurs niveaux menée avec conviction par Georges Forest, c’est le 18 décembre 1969 que le Festival est constitué sous le nom de Festival du/of the Voyageur. Le président du CA du Festival est alors le juge Robert Trudel. Georges Forest, à qui l’on doit le Festival du Voyageur, en sera le premier Voyageur officiel avec son épouse Anita. 

Depuis, le Festival du Voyageur a traversé plusieurs périodes et a su s’adapter aux difficultés, pour être aujourd’hui reconnu comme le plus grand festival d’hiver de l’Ouest canadien. 

À l’occasion de son 55e anniversaire, il est temps de se plonger dans ce qui a su démarquer ce festival. Lucien Loiselle en sait quelque chose : il a été Voyageur officiel avec feue son épouse Lucienne Beaudry Loiselle en 1977, 1978 et 1979 à l’occasion du 10e anniversaire du Festival. Lucienne Beaudry Loiselle est aussi celle qui a écrit Le Festival du Voyageur, Une célébration de culture et de patrimoine à l’occasion du 50e du Festival du Voyageur. 

Lucien Loiselle raconte son lien très spécial avec le Festival. « Nous étions impliqués dès le départ du festival, surtout pour le grand bal. Nous étions dans le comité organisateur et j’en faisais l’animation. À un moment, Henri Marcoux voulait que je m’implique sur le CA du Festival. En blaguant, je lui avais dit : je serai Voyageur officiel avant d’être membre du CA. Et c’est ce qui est arrivé! » 

Évidemment, au début, personne n’avait idée de l’ampleur que prendrait un tel évènement. « Quand t’es dans les coulisses, tu participes aux discussions, tu appuies autant que possible. Je n’étais pas un gros joueur. Mais j’ai aidé autant que possible. » 

Il faut dire qu’avant même l’arrivée du Festival du Voyageur, Saint-Boniface célébrait l’hiver, comme le raconte Lucien Loiselle. « Le Collège de Saint- Boniface, les jésuites et les élèves, organisaient un carnaval chaque hiver. Et le dernier a été l’hiver avant le premier Festival du Voyageur. Les énergies ont été transférées. 

« La communauté voulait un lieu pour s’exprimer en français, voulait un endroit pour être fière de son identité. » 

Des impacts inattendus 

Lucien Loiselle reconnaît le rôle central qu’a pu jouer le Festival dans la construction identitaire des francophones. « Avec le temps, le Festival a eu des impacts inattendus. Par exemple, le concours de la gigue et des violoneux, ça a véritablement éveillé une fierté chez les Métis et chez les francophones. 

« L’autre chose, c’est le programme scolaire. C’est quelque chose qui a toujours existé. Les Voyageurs officiels se rendaient dans les écoles pour faire de l’animation. Depuis, ça a évolué en programme scolaire pour les élèves qui viennent au Festival, ou même de manière virtuelle. 

« Et le troisième impact, c’est l’influence du Festival. Le Festival du Voyageur est devenu un festival folklorique. Hadley Castille, un artiste cajun, est venu s’y produire et est devenu un très bon ami du Festival. Il y a eu des échanges entre la Louisiane et le Manitoba. Au point où des écoles d’immersion ont vu le jour en Louisiane basées sur le modèle manitobain. Dans le même ordre d’influence, il y a quelqu’un qui a voulu lancer un festival de la même sorte à Wheeling en Virginie-Occidentale. J’avais posé comme modèle de voyageur. Tous ces échanges avec d’autres festivals ont fait rayonner le Manitoba. » 

Et ce qui a certainement le plus démarqué le Festival du Voyageur, c’est son authenticité, comme le souligne Lucien Loiselle. « Notre histoire est authentique. Nous reflétons notre culture dans notre langue. » 

Pour tenir la barque d’un festival au travers des différentes périodes, il aura fallu des personnes capables. « Il fallait une stabilité, tout du moins des gens qui partageaient la même vision et qui voulaient maintenir l’authenticité, l’impact linguistique et communautaire. Les différentes directions générales l’ont toujours très bien fait, tout en apportant leur marque. 

« Dans certains temps difficiles, certains présidents ont fait la différence en investissant de leur poche pour que le Festival se tienne malgré tout. » 

Il faut aussi reconnaître l’appui des bénévoles et d’un groupe en particulier : L’Ordre des Voyageurs officiels, regroupant les anciens Voyageurs officiels. Cet ordre a pour but d’épauler les Voyageurs officiels durant le festival. C’est d’ailleurs sous l’impulsion de Lucien Loiselle que cet ordre est né. Tout comme le capot bleu. « Lucienne avait fait de la recherche et elle avait trouvé des habits traditionnels pour que les Voyageurs officiels aient une tenue officielle. Cette tenue, c’était devenu le capot bleu. Et plus tard, c’est le capot blanc, qui distinguait les Voyageurs officiels parmi les festivaliers. »