Enseigner, c’est un peu comme du théâtre. La salle de classe, c’est comme la scène. Et les élèves, le public. Bon, les enjeux sont beaucoup plus grands et sérieux qu’au théâtre, vous dira Lynne Connelly.

« Il y a de sérieuses responsabilités dans ce rôle. Il y a des conséquences en fonction de ce que je décide. Je peux avoir un vraiment gros impact sur la vie d’un.e élève. Mes mots sont importants. Ça peut être overwhelming, quand on y pense. Mais j’ai tellement de fun et je sais que je suis là où je devrais être. » Bien sûr, cette nouvelle job a sa part de stress. Mais ce n’est rien comparé à l’épanouissement et la joie d’avoir trouvé sa voie. L’émerveillement est palpable dans la voix de Lynne Connelly, à l’autre bout du fil. « J’ai découvert une carrière incroyable! Et dans laquelle je vais être bonne, je pense. Mes élèves sont adorables. Je les aime beaucoup. Je suis vraiment chanceuse.

« La beauté de l’enseignement, c’est qu’il n’y a pas un jour pareil. D’une classe à l’autre, d’un groupe à l’autre. Tu peux enseigner la même leçon à trois différents groupes, tu vas avoir des réponses et des réactions différentes. J’adore le changement, donc c’est parfait! »

Pour cette première année officielle, Lynne Connelly enseigne le français, de la 9e à la 12e année, au Collège Saint-Norbert Collegiate. « Quand je dis que j’ai choisi d’enseigner à des ados, beaucoup de gens me trouvent folle, parce que les ados ont la réputation d’être difficiles… Mais ils sont tellement le fun! Moi, j’ai beaucoup d’espoir en eux. C’est le futur de notre société. Ils ont tellement d’idées. Il faut juste leur donner de la place. »

Quelques leçons de vie

Pour être enseignante, il y a la formation universitaire, mais il y a surtout l’apprentissage sur le terrain. Depuis sa première rentrée comme enseignante, Lynne Connelly découvre et se découvre. Par exemple, la chose qu’elle préfère dans son nouveau métier, c’est bâtir des relations avec ses élèves. « Je n’y avais même pas pensé avant. Et là, je vois que c’est la chose la plus importante pour moi. Si l’élève se sent bien et peut te faire confiance, c’est là qu’il ou elle va mieux apprendre.

« J’ai aussi appris des choses sur moi. Je trouve ça vraiment cool, parce que ça me rappelle qu’on est apprenant.e à vie, mais aussi apprenant.e de soi- même. Par exemple, dans toute ma carrière, et même dans la vie, je veux souvent être experte au Jour 1. J’ai dû désapprendre ça. C’est correct si je suis apprentie. Il faut être patient.e avec soi-même. »

Toujours dans le souci d’offrir le meilleur apprentissage possible, Lynne Connelly est même allée jusqu’à décorer sa salle de classe aux couleurs de sa personnalité et de sa francophonie. « Au début de l’année, j’ai fait une courte présentation de moi et de ma vie personnelle. Je partage mes valeurs à travers le décor de ma classe. Je vais leur demander de partager beaucoup sur eux-mêmes, donc it’s only fair que moi aussi, je partage sur moi.

Retour au Festival du Voyageur

« Alors j’ai une ceinture fléchée, qui parle de mon travail de bénévolat avec le Festival du Voyageur. Ça parle aussi de mon identité, j’y vais depuis que je suis jeune fille. D’ailleurs, on s’en va au Festival ce jeudi 22, avec mes élèves! Trente se sont inscrits. C’est grâce au CJP qui défraye les coûts de l’autobus. Ils ont tellement hâte, mais moi encore plus! Ils ne savent pas encore combien de fun ils auront (rires). »

Le CJP, le 100NONS et le Théâtre Cercle Molière, par exemple, vivent à travers l’espace éducatif de Lynne Connelly. Pour elle, c’est très important que les jeunes sachent « que, oui, tu peux vivre ta vie en français et il y a des évènements pas mal cool ». Elle a même trouvé une artiste visuelle qui fait des illustrations à partir d’expressions idiomatiques! « Je veux montrer à mes élèves que c’est un espace créatif, francophone et culturel. Ça fait toute une partie de l’apprentissage. »

Mais pourquoi ce virage professionnel?

« S’il n’y avait pas eu la COVID, je serais peut-être encore là où j’étais employée. Je travaillais dans la collecte de fonds et tout avait été mis sur la glace. J’ai alors commencé à réfléchir à ce que je voulais vraiment faire dans ma vie. J’avais de la sécurité dans ma job. J’aurais pu rester là pour le reste de ma vie. J’aimais beaucoup travailler là où je travaillais. »

Mais c’était comme s’il manquait quelque chose. L’idée d’une reconversion professionnelle effleure l’esprit de Lynne Connelly, mais quand on a une hypothèque, des responsabilités, ça peut faire peur. Et finalement, pourquoi pas?

« C’était un risque! Je voulais faire quelque chose où je pourrais avoir un impact ou un effet positif sur quelqu’un, et dans la francophonie. Ça, c’est une de mes valeurs personnelles. Mais je n’avais même jamais fait de suppléance. Et puis, j’ai décidé que c’était le temps de me lancer. J’avais comme un feeling que c’était la bonne décision. Et dès que je suis rentrée en salle de classe pour faire des stages, ça m’a rassurée. C’était le bon choix. »

À la bonne place

Après deux ans d’études à l’Université de Saint-Boniface – une première année de classes virtuelles, puis une deuxième de « grands stages » – Lynne Connelly a obtenu son baccalauréat en éducation en 2023, puis son premier poste comme enseignante.

« C’est un vraiment bon feeling de sentir que je suis à la bonne place, et au bon moment. Si j’avais pris ce virage dans ma vingtaine, peut-être que je n’aurais pas été aussi confiante ou bien dans ma peau, comme enseignante. J’ai une expérience de vie, un bagage professionnel. Peut- être que certaines personnes verraient ça comme un désavantage, parce que j’ai déjà des habitudes, mais moi, je vois ça comme un avantage, parce que je sais ce que c’est le monde du travail. J’ai juste un feeling d’être vraiment là où je devrais être. On dirait que tous les morceaux de mon casse-tête professionnel se sont mis ensemble. »