Il est, aujourd’hui, un artiste se distinguant sur la scène manitobaine du rap en français et en anglais.

Trésor Namwira, également connu sous son nom de scène Ezoman est un artiste, un musicien et un entrepreneur. Il prépare actuellement la sortie d’un nouvel album en deux volumes.

Originaire du village de Bukavu à l’extrême est de la République démocratique du Congo, il est alors âgé de 15 ans quand ses parents entament des démarches pour immigrer au Canada. C’est en 2011 que la famille Namwira réussit et arrive à Winnipeg au Manitoba.

Trésor Namwira se souvient avec tendresse de son temps passé à Bukavu. « C’est à ce temps que mes parents m’amenaient à l’église pour prier. Mais aussi pour voir de l’art et la musique. »

C’est dans cette église qu’il a goûté à l’art de la performance. « Mon jeune frère Daniel, et moi, on y a chanté, j’ai aimé le sentiment d’être sur scène. C’était un des moments les plus forts de ma vie. »

Grandissant aux airs de Brel et de Brassens, la maisonnée des Namwira était souvent en chant. « Quand je grandissais, mon père était un grand travailleur et à tout instant, quand il rentrait à la maison, il chantait la musique dès son retour, mon frère, mes sœurs et moi c’était vraiment à ce moment-là qu’on passait du temps avec lui. »

Ce sont ces influences et une exploration du rap français qui ont poussé Trésor Namwira à poursuivre une carrière dans le rap. « J’ai remarqué qu’il y a eu beaucoup de personnes sans voix, je voulais être un pont entre ma culture et la réalité que cette culture-là vit. Le rap c’est une chose qui convenait à ma réalité et la vision de ce que je voulais faire. »

La musique, une expression identitaire

Dans sa poursuite d’authenticité en tant qu’artiste, il n’a pas pu s’empêcher d’aborder des thèmes qui le touchaient comme immigrant. « Sur le plan de l’écriture, j’essaie d’être très authentique à qui je suis. Comme un nouvel arrivant qui devait avoir de nouvelles perspectives dans la vie, je voulais faire quelque chose qui représentait ma vie comme immigrant à ce moment-là. »

Cette authenticité est donc également représentée dans l’album Messages codés de Ezoman. « J’ai reçu beaucoup d’occasions puisque les gens, non seulement, aimaient ma musique, mais puisque je représentais une diversité. Ce sont des messages codés que j’ai donnés dans cet album. »

Son prochain album sera publié en deux volumes. D’abord les douze chansons en anglais dans City of Gods, le volume 1 de l’album qui sera disponible le 23 juillet 2024, date d’anniversaire de l’artiste. « Je veux faire tourner cet album dans les milieux anglophones, c’est un album qui doit donner le goût de vivre la vie. »

Le deuxième volume intitulé Éternel, sera lancé le 22 novembre 2024 au Bulldog Event Centre, celui-ci chanté entièrement en français.

« Pour Éternel, c’est vraiment quelque chose qui est personnel que j’aimerais montrer dans le milieu scolaire, je pense partager ça avec la jeunesse. »

La musique en français est importante pour Trésor Namwira, fier de son identité francophone, il souhaite trans-mettre cette même fierté aux autres. « J’aimerais pousser la jeunesse francophone à être fière de sa langue bien qu’ils soient dans un milieu majoritairement anglophone. »

L’artiste tente de fournir à ses auditeurs une musique qui prend vie dans l’immédiat, son nom d’artiste l’explique. « Dans mes spectacles il y a des choses qui ne se répètent pas. Parfois, j’ajuste mes chansons à mon public. C’est le message ésotérique que tu reçois quand tu me vois en concert, il faut juste prendre le nécessaire, ni trop peu ni pas assez. »

Découvrez notre entretien vidéo d’Ezoman dans lequel il revient sur son parcours.

La question de la diffusion musicale

Trésor Namwira, alias, Ezoman a lancé sa carrière en musique en 2013. À cette époque-là, la majorité de la vente de sa musique se faisait par des CDs et non par le streaming. « J’ai eu la chance de vivre les deux mondes, en 2013 je vendais mes CDs dans mon char. La première personne qui a vendu mon CD à quelqu’un c’était ma mère d’ailleurs. Maintenant, à mesure que la musique évolue, on voit de moins en moins les produits physiques », raconte l’artiste.

Pendant longtemps, la rentabilité du streaming était problématique pour Trésor Ezoman. L’artiste devait payer un certain montant d’argent tous les mois à des plateformes de streaming pour que sa musique puisse y être diffusée. « J’ai aussi mis ma musique en ligne à ce temps-là. Mais je n’avais pas assez d’argent pour la garder en ligne, il fallait payer la plateforme tous les ans. »

Selon son expérience, il estime que « pour les artistes comme moi qui n’ont pas des millions et des millions d’écoute, c’est important de se concentrer sur ses performances en direct et ses concerts. Par exemple, l’année passée j’ai fait 78 spectacles ».

« C’est important de mettre sa musique sur les sites de streaming. Mais ce n’est pas cela qui va rapporter de l’argent aux plus petits artistes », a-t-il remarqué.