C’est en raison de l’explosion du nombre de demandes d’asile de ressortissants de ce pays, une décision que déplore Mexico qui dit envisager la réciproque.

“Les citoyens mexicains devront obtenir un visa pour venir au Canada dorénavant”, a annoncé lors d’une conférence de presse Marc Miller, le ministre de l’Immigration, expliquant qu’il s’agissait de préserver “la viabilité du système d’asile et d’immigration”.

L’exigence de visas pour les Mexicains avait été levée en décembre 2016.

Certaines dérogations seront toutefois appliquées: les citoyens mexicains se rendant au Canada pourront demander une simple autorisation de voyage électronique s’ils ont détenu un visa canadien au cours de la dernière décennie ou s’ils ont un visa américain valide.

“Les demandes d’indemnisation qui n’ont pas de chance d’aboutir exercent une pression sur le système et sur les aides sociales dont bénéficient ces personnes”, a précisé le ministre. “Cela se répercute sur l’ensemble du système”.

Selon le gouvernement canadien, les Mexicains ont représenté 17 % de toutes les demandes d’asile en 2023 et elles sont passées de 260 demandes en 2016, lorsque l’obligation de visa a été levée, à près de 24.000 l’année dernière. La plupart des demandes récentes ont été rejetées ou retirées par les demandeurs.

“Le Mexique regrette cette décision et considère que d’autres options existaient avant la mise en œuvre de cette mesure”, a indiqué dans un communiqué le ministère des Affaires étrangères mexicain.

“Le Mexique se réserve bien entendu le droit d’agir réciproquement”, a précisé le ministère.

Le président mexicain Andrés Manuel López Obrador a déclaré peu après qu’il adresserait à son homologue canadien “un petit reproche fraternel”, tout en soulignant leurs bonnes relations.

“Nous allons chercher des options, nous ne pouvons pas rompre les relations avec le Canada parce que nos échanges économiques sont très bons”, a-t-il précisé.

– Point de rupture –

Le gouvernement libéral de Justin Trudeau fait l’objet de fortes pressions internes concernant sa politique migratoire. Plusieurs provinces, qui sont en charge de la santé et de l’éducation, expliquent par exemple peiner à suivre la croissance démographique actuelle entièrement due à l’immigration.

Le Québec, notamment, tire à boulet rouge depuis des semaines sur le gouvernement fédéral car son Premier ministre François Legault estime que sa province est arrivée à un point de rupture en matière d’immigration et se voit submergée par les demandes d’asile.

Selon M. Miller, les relations entre le Canada et les Etats-Unis ont également poussé Ottawa à agir. “Nous avons vu un certain nombre de demandeurs d’asile passer aux Etats-Unis”, a déclaré le ministre.

Et ce flux, “même s’il est minime” par rapport à celui de la frontière sud des Etats-Unis, “a augmenté de façon spectaculaire au cours des deux dernières années”, a-t-il ajouté. “Et c’est quelque chose que nous devons gérer en tant que partenaire des Etats-Unis”.

L’obligation de visa canadien pour les Mexicains avait été imposée par un précédent gouvernement conservateur en 2009 afin d’endiguer une hausse similaire à l’époque, mais la mesure a été levée en 2016 après l’arrivée au pouvoir de Justin Trudeau.

Le Canada a franchi l’an passé la barre des 40 millions d’habitants notamment grâce à l’immigration et a prévu d’accueillir un demi-million d’immigrés de nouveau en 2024.

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