Et dans le secteur public, elles sont essentielles au bon fonctionnement d’une société et à notre capacité de tenir les gouvernements responsables de leurs actions.

Le récent rapport du Vérificateur général du Manitoba, Tyson Shtykalo, nous rappelle ces vérités essentielles. Il a voulu savoir si les Archives du Manitoba s’acquittent des responsabilités que leur confère la loi, et il a découvert des lacunes importantes dans la protection et la préservation de l’histoire du Manitoba.

Une partie de ces lacunes tient au fait qu’il faut moderniser les systèmes de protection physique des archives. Il constate que les Archives du Manitoba disposent d’un espace limité pour entreposer les documents physiques et qu’elles n’ont aucune capacité d’entreposer des documents numériques.

Plus inquiétant encore, le Vérificateur constate des fuites d’eau dans les espaces d’entreposage, l’absence de systèmes d’extinction d’incendies dans l’ensemble du bâtiment, et des particules de poussière noire produites par le système de chauffage, de ventilation et de climatisation qui se déposent sur les étagères et les objets dans les chambres fortes. Bref, les équipements installés dans le but de protéger les archives sont désuets au point de leur nuire.

Mais il y a plus alarmant encore : les Archives du Manitoba n’ont pas la capacité de collecter et de préserver les documents nés numériques. Un problème qui est connu depuis le début de l’ère numérique, comme nous le rappelle une autorité en la matière, le Dr Tom Nesmith.

De plus en plus de documents importants n’existent que dans ce format et les copies papier ne reflètent plus toute l’étendue des activités du gouvernement. Le Vérificateur propose donc la mise en place d’un système de préservation numérique. Faute de ressources adéquates, la direction des Archives du Manitoba est obligée de répondre qu’ « un programme complet de préservation numérique dépasse les capacités actuelles des Archives… »

La raison de cet état de choses est claire : les gouverne- ments successifs, quelle que soit leur allégeance politique, ont accordé un budget insuffisant aux Archives. Et un système appelé par euphémisme la gestion des postes vacants a pour conséquence que du personnel possédant des années d’expérience n’a pas été remplacé.

La médiocrité du discours politique sur la mémoire collective du Manitoba n’a pas tardé à se manifester. En totale cohérence avec leur négligence traditionnelle, les porte-paroles du Parti progressiste-conservateur et du Nouveau Parti démocratique se sont mutuellement blâmés pour la façon déplorable dont les Archives du Manitoba s’acquittent de leurs responsabilités.

Cette réaction est carrément irresponsable parce que l’intérêt public exige que le gouvernement provincial prenne des mesures immédiates pour préserver et protéger les archives publiques du Manitoba.