Graham Pollock est, il le dit lui-même, un foster-fail. S’il n’existe pas d’équivalent français pour cette expression, le foster-fail est celui qui se propose d’héberger temporairement un animal abandonné, et finit par l’adopter lui-même après avoir été habilement manipulé par les grands yeux doux d’une boule de poils que l’on jurerait sans vices.

Il y a deux ans, au mois de février, Steinbach and Area Animal Rescue (SAAR), dont Graham Pollock est le vice- président, reçoit un appel. Une chienne a été aperçue au bord de l’autoroute dans la neige. La pauvre bête est frigorifiée, « elle ne pouvait plus marcher », et c’est Graham Pollock qui va la ramener chez lui « en attendant de lui trouver une famille d’adoption ». Aujourd’hui, Winnie se porte bien mieux, et elle vit toujours chez Graham Pollock.

Si l’histoire force le sourire, elle permet aussi de mettre en lumière le travail de la vingtaine de volontaires qui aident à faire fonctionner Steinbach and Area Animal Rescue, et ce n’est pas forcément une mince affaire.

Un budget important

« Nous couvrons quasiment tout le Sud-Est », explique Graham Pollock. En effet, l’organisme à but non lucratif intervient auprès de plusieurs municipalités rurales. Entre autres, Hanover, La Broquerie, De Salaberry, Saint-Anne, « et parfois même à Winnipeg ».

Sur l’année 2023, l’organisme a reçu plus de 700 appels. Pas seulement pour des sauvetages, comme le précise le vice-président. Il s’agit parfois d’appels pour des conseils vétérinaires ou encore des opérations de contrôle animalier, chose que SAAR, ne fait pas. La mission de l’organisme est la suivante : « Nous nous chargeons de récupérer des chats et des chiens qui sont à la rue, parfois blessés. Nous nous occupons des soins vétérinaires et les bêtes sont placées directement au sein de familles d’accueil en attendant que nous leur trouvions une famille d’adoption (1). »

Les frais vétérinaires repré- sentent d’ailleurs 80 % du budget opérationnel de SAAR, qui tourne autour des 150 000 $. Par exemple, pour une stérili- sation ou une castration, il faut compter entre 130 $ et 150 $. Sans préciser le prix, Graham Pollock indique tout de même qu’en vertu d’ententes passées avec les cliniques vétérinaires de la région, SAAR bénéficie d’une réduction.

L’an passé, les frais vétérinaires s’élevaient à peu près à 140 000 $. À savoir que la nourriture, la litière et toutes les autres dépenses des familles d’accueil relatives à l’hébergement de l’animal sont aussi couvertes par l’organisme, dont le budget est un mélange de dons et de fonds versés par des commanditaires et par les Municipalités rurales.

« Nos coordonnateurs d’adoption s’assurent ensuite de trouver une famille et font un suivi pendant les premiers mois pour s’assurer que les choses se passent bien. En général pendant les trois premiers mois, car peu de gens le savent, mais il existe une règle de 3-3-3. Pendant les trois premiers jours qui suivent l’adoption d’un animal, ce dernier est encore en train de déstresser, d’essayer de comprendre ce qui lui arrive. Après trois semaines, il commence à se sentir plus à l’aise, mais se méfie toujours de son environnement. C’est finalement au bout de trois mois que la personnalité de l’animal apparaît complètement. En gros, l’animal que vous avez au départ n’est pas celui que vous aurez passé ces trois mois. »

Un refuge pour bientôt

Avec 351 animaux sauvés en 2023, l’organisme se reposait exclusivement sur les familles volontaires pour recueillir nos amis à quatre pattes. Et même si Graham Pollock souligne que SAAR est toujours à la recherche de nouvelles familles, les choses devraient bientôt changer pour l’organisme.

Même si la date d’ouverture est encore incertaine, SAAR a construit un refuge, situé au 39 Keating Road, à l’entrée de Steinbach. « Ce refuge sera une bénédiction, se réjouit Graham Pollock. Il nous permettra d’augmenter nos capacités et d’y accueillir les animaux de manière temporaire. Ce sera aussi un endroit où les gens pourront venir rencontrer les animaux. Le but n’est vraiment pas qu’ils (les animaux) y restent longtemps. »

« Il sera entièrement géré par des bénévoles, nous n’avons pas les ressources pour payer du personnel. Nous avons posté un message sur les réseaux sociaux pour trouver des volontaires et 78 personnes ont déjà déposé leur candidature. »

Le refuge, qui est en fait une grande maison bleue aux abords de la route, compte 1 600 pieds carrés, sept pièces et un sous-sol.

Trois pièces seront réservées pour accueillir entre sept et huit chats chacune, car ce sont d’eux dont l’organisme s’occupe le plus. « Une femelle peut avoir quatre portées par an, ils se reproduisent à une vitesse folle. »

L’une des pièces au fond de la maison a été insonorisée et comptera quatre chenils reliés vers le jardin. Mais ce n’est pas tout : une pièce pour la toilette, et une pièce de quarantaine pour les animaux sauvages ont aussi été prévues.

« Nous sommes obligés de placer en quarantaine les chats et chiens sauvages dont on ne connaît pas le passé. Ils peuvent être porteurs de maladies et les transmettre aux autres animaux. »

Le système de ventilation dans cette pièce a donc été pensé pour éviter cela. Le vice-président confie qu’une fois le refuge ouvert, le budget opérationnel de l’organisme risque de grimper davantage, mais il reste optimiste.

Après tout, c’est grâce en grande partie au soutien financier des différentes Municipalités rurales que le projet a pu se concrétiser et que d’autres pourront voir le jour. « La Municipalité rurale de Sainte- Anne a donné 2 000 $ afin que nous puissions offrir, en partenariat avec la clinique vétérinaire Clearspring Animal Hospital, des journées de stérilisation réservées aux résidents de Sainte-Anne. »

(1) Tous les animaux disponibles à l’adoption peuvent être trouvés sur Pet Finder.