Sur le plan économique, Brian Mulroney a négocié un traité de libre-échange avec les États-Unis en 1988 malgré une forte opposition qui craignait que les fabricants canadiens qui comptaient sur la protection tarifaire seraient décimés. Et, reconnaissant que l’économie canadienne devenait davantage une économie de services, il a remplacé l’ancienne taxe cachée de 13,5 % sur les produits manufacturés par une taxe très visible sur les produits et les services. 

Sur le plan international, il a signé des accords environnementaux pour lutter contre les pluies acides et pour conserver la couche d’ozone qui protège l’humanité contre les rayons UV du soleil. Et il a dirigé un mouvement international d’opposition à l’apartheid sud-africain.

Sur le plan constitutionnel, Brian Mulroney a audacieusement tenté d’obtenir le consentement du Québec qui avait refusé de signer la Loi constitutionnelle de 1982. Il a négocié l’accord constitutionnel du lac Meech en 1987, un accord qui s’est effondré quand le Manitoba et Terre-Neuve et Labrador ont refusé de le ratifier avant la date limite. Il a ensuite réussi l’exploit extraordinaire d’obtenir l’approbation de toutes les provinces pour produire l’Accord de Charlottetown que, cette fois, les électeurs canadiens ont rejeté lors d’un référendum en octobre 1992. 

Sur le plan partisan, Brian Mulroney a transformé des traditions électorales bien ancrées en réussissant à intégrer le Québec et l’Ouest canadien dans son parti. Il a ainsi pu former deux gouvernements majoritaires conservateurs successifs, un exploit jamais réalisé depuis l’époque de John A. Macdonald.

Homme de grande ambition, Brian Mulroney était aussi un homme de grandes contradictions. Il s’était prononcé contre le libre-échange avec les États-Unis avant d’être élu chef du parti en 1983 pour devenir l’artisan d’une entente historique cinq ans plus tard. Et il a gagné la plus grande majorité parlementaire dans l’histoire du Canada en 1984 pour terminer sa carrière politique en 1993 avec le taux d’approbation le plus bas de l’histoire des sondages. 

Avant son entrée en politique, Brian Mulroney avait travaillé contre la corruption comme membre de la commission d’enquête Cliche sur la violence syndicale dans l’industrie de la construction du Québec. Mais après sa carrière politique, il a reçu des sacs d’argent comptant en échange de l’achat d’avions Airbus par Air Canada, alors société de la Couronne. 

Il reste que le même Brian Mulroney a souvent fait preuve de grande compassion, ce qui lui a permis d’exercer ses talents remarquables de rassembleur. Somme toute, ses accomplissements témoignent de son audace et de ses compétences exceptionnelles de négociateur. Il a fait preuve d’une rare volonté d’agir sur les grands enjeux de son époque. Aujourd’hui, ses successeurs peuvent bien éviter d’aborder des questions constitutionnelles, mais il s’appuient sur ses grandes réussites économiques et diplomatiques.