Souvent, on ne dispose pas d’assez de données pour prédire ces événements à partir des modèles actuels. L’intelligence artificielle (IA) pourrait-elle aider à parfaire ces prédictions ? Peut-être, si l’on dirige les analyses vers les bassins versants plutôt que les précipitations.

Une vingtaine de chercheurs de trois pays, dont 15 font partie de l’équipe d’IA de Google, proposent en effet un modèle informatique qui serait capable, disent-ils, de prédire des inondations cinq jours plus tôt qu’avec les modèles actuels, ce qui pourrait faire une énorme différence. En particulier dans les pays en voie de développement qui n’ont pas l’équipement ou les ressources pour effectuer un suivi constant du niveau d’eau dans leurs bassins versants. 

Depuis quelques années déjà, de nombreuses équipes tentent d’appliquer à la météorologie les avancées de l’intelligence artificielle. Cette dernière peut évidemment traiter davantage de données en moins de temps. Mais comme l’ont souligné deux recherches parues en 2023, les événements météorologiques dits « extrêmes » restent un gros obstacle pour l’IA. 

Le détour qu’ont pris ceux dont la recherche est parue le 21 mars dans la revue Nature, c’est de s’intéresser aux bassins versants : sachant qu’un grand nombre, particulièrement dans les pays en voie de développement, n’ont pas de jauges, ou d’équipements pour mesurer le débit ou le volume de ces cours d’eau, l’équipe a d’abord « entraîné » son IA avec les données des bassins versants qui ont ces jauges. Le modèle a ensuite extrapolé sur les bassins versants « sans jauges ». Leur modèle serait aussi fiable ou plus fiable, sur cinq jours, que les modèles actuels. Il permettrait même, assurent les chercheurs, de faire de meilleures prédictions sur le risque à long terme de retour d’une inondation similaire. 

Selon une récente estimation, les inondations auraient tué en moyenne un peu plus de 7000 personnes par année à travers le monde entre 1960 et 2022. Et le risque d’inondation augmente à mesure que la température moyenne augmente. C’est dans ce contexte que ces chercheurs gravitent autour de l’IA. Et c’est en plus du fait que le risque de décès est beaucoup plus élevé dans les pays qui ne disposent pas de systèmes fiables pour mesurer en continu le volume ou le débit des cours d’eau.