Le projet est né en octobre 2023, alors que la Conférence des collectifs et des centres d’artistes autogérés (ARCA) le groupe SPILL.PROpagation partage alors la table de Lou-Anne Bourdeau, directrice générale de la MAVF. Spill est un groupe qui travaille avec des artistes sourds et malentendants et qui inscrit le langage des signes dans la démarche artistique. « Ça a tout de suite cliqué avec eux », indique Lou-Anne Bourdeau.
« Spill est basé à Gatineau juste à côté d’Ottawa et c’est intéressant parce que du côté d’Ottawa les sourds et malentendants utilisent l’ASL (American Sign Language) et du côté du Québec c’est la LSQ (Langue des Signes Québécoise). Ça fait qu’il y a cette dualité-là, il y a alors toute la question des accès aux services, parce que tous les services ne sont pas offerts nécessairement avec le langage des signes. On trouvait qu’il y avait un parallèle avec Winnipeg où les francophones sont minoritaires et ne trouvent pas forcément des services dans leur langue. »
Une œuvre pour les sens
C’est comme ça qu’est née l’idée de faire une microrésidence de création. Tiphaine Girault co-directrice et artiste de Spill est donc venue passer trois jours à Winnipeg pour y rencontrer des artistes franco-manitobains. Alexis Auréoline, Paula Bath, James et Shawna Culleton et Tiphaine Girault ont donc collaboré pour créer les œuvres qui décorent dorénavant le Studio.
Le contenu de l’exposition est donc assez hétéroclite, quelques croquis et collage habillent les murs, mais aussi des créations qui viennent chercher les sens comme le toucher et l’ouïe ou encore la vue. Par exemple, une installation vient reproduire le bruit d’un train qui passe. « Lors d’une balade, le train est passé au-dessus d’eux et Tiphaine qui est sourde a senti les vibrations. Ça a été un moment fort pour elle et ils se sont basés là-dessus. Ils se sont interrogés sur les sensations qu’ils avaient eues. »
Cette microrésidence s’est aussi organisée dans le cadre des rendez-vous de la francophonie, mais aussi parce que le thème est important pour Lou-Anne Bourdeau. « Je ne suis pas malentendante, mais j’imagine que si j’avais une personne malentendante dans ma famille j’utiliserais la LSQ et ça complique l’accès aux services. Ce ne sont pas des choses auxquelles on pense nécessairement, mais ça rajoute des couches supplémentaires d’isolation. »