Une déception pour les personnes qui utilisaient cette installation.

Très impliqué dans ce dossier des sauvegardes des piscines extérieures depuis l’annonce du budget préliminaire, le conseiller municipal de Saint-Boniface, Matt Allard, a mal vécu cette décision qu’il n’avait pas vue venir. « C’est sans aucun doute une perte pour la communauté de Saint-Boniface. J’en ai moi-même pleuré devant toutes les parties prenantes du Conseil municipal. J’ai vraiment le sentiment d’avoir tout fait. J’ai repensé à ma propre enfance, j’ai pensé à ces familles qui n’auront plus accès à cette structure. »

Le Comité d’orientation permanent des finances et du développement économique invoquait des infrastructures obsolètes au coût de maintenance et de personnel trop élevés pour justifier ces fermetures. Le manque de sauveteurs était aussi un argument présenté. Depuis ces annonces, il avait été aussi démontré qu’Happyland, avec 82 863 $, était la piscine la moins chère en matière de coût d’opération sur une année sur la vingtaine de piscines que compte Winnipeg.

Pour rappel, d’autres piscines étaient aussi menacées : la piscine Eldon Ross et la piscine Windsor Park, elle aussi située dans le quartier de Saint-Boniface. Pour la première, son exploitation va se poursuive pendant les mois d’été, en juillet et en août 2024. La seconde va demeurer ouverte pour les saisons 2024 et 2025, ce qui correspond à la période de construction des améliorations à la piscine Boni-Vital.

À noter que le quartier de Saint-Boniface a déjà vu l’une de ses piscines extérieures fermées en 2019, celle de Norwood.

« J’ai proposé 50 000 $ de mon budget de la réserve de dédicacions des terrains pour donner un budget au bureau des communications pour faire une consultation publique étoffée cet été. »

Matt Allard

Des résidents dans l’incompréhension

Gary Tessier est un résident du quartier. Il a notamment envoyé une lettre à la Ville pour défendre la piscine Happyland construite au début des années 1960 par l’architecte Nikola Zunic. Plusieurs jours après ce choix, il a encore du mal à comprendre les intentions de la Ville. « Mes enfants et mes petits-enfants en ont profité depuis bien des années. Je suis vraiment attristé, cette piscine a un caractère historique pour le quartier. Je ne sais pas où les gens iront. Windsor Park est gratuite et celle à Saint-Vital est payante. Des familles avec peu d’argent n’y auront pas accès. Alors que faire avec ces gens-là? Certains n’ont pas de voiture pour aller à la plage non plus. »

Gary Tessier
Gary Tessier, résident de Saint-Boniface. (photo : Gracieuseté)

Comme Gary Tessier, plusieurs personnalités politiques, associations et organismes s’étaient levés depuis plusieurs semaines contre cette décision. La Commission scolaire franco-manitobaine (CSFM), par l’intermédiaire de son président Bernard Lesage, avait notamment envoyé une lettre en express pour faire changer d’avis la Ville. « Ce sont des infrastructures pour nos familles dans ces quartiers-là. Toutes les questions d’activité physique, d’apprentissage de la natation, de rencontres sociales entre familles, c’est essentiel. On devait le signaler à la Ville. Je suis quand même content que Windsor Park reste ouverte. On aurait pu trouver des solutions similaires pour Happyland. Se servir de ces emplacements pour effectuer des coupures, c’est triste. Et parfois, ce n’est pas nécessairement ça qui va aider à boucler un budget. »

De futures consultations?

Sur la question des solutions, Matt Allard ne veut pas s’arrêter là. L’homme politique compte garder ce dossier ouvert. « J’ai proposé 50 000 $ de mon budget de la réserve de dédicacions des terrains pour donner un budget au bureau des communications pour faire une consultation publique étoffée cet été. Mon objectif est d’avoir une recommandation qui sort de là, d’avoir un budget capital en 2025, avoir de l’appui financier et monter un nouveau projet aussi tôt que possible. Maintenant, on a besoin que les citoyens participent autant que possible à ces rencontres. »

Gary Tessier est ouvert à ces discussions, à moins que les résidents trouvent d’autres solutions d’ici là. « Je vais certainement y participer si elles ont lieu. Il y a un grand si. Je sais aussi que des résidents cherchent à savoir si un prélèvement de fonds est possible pour sauvegarder la piscine », conclut-il.