Par Michel Lagacé.

Canicules chaleurs, sécheresses, feux de forêt, précipitations et inondations.Préoccupés par les menaces importantes liées à ces phénomènes, plus d’une centaine d’économistes ont publié une lettre ouverte la semaine dernière (1). Ils y encouragent les gouvernements à adopter des politiques pour réduire les émissions, répondre aux préoccupations des Canadiens en matière d’abordabilité, maintenir la compétitivité des entreprises et soutenir la transition du Canada vers une économie à faibles émissions de carbone. 

Se basant sur des études réalisées au cours de plusieurs années, ils concluent que la tarification du carbone est le moyen le moins coûteux d’y arriver. Quant à son impact sur le coût de la vie, ils notent que des pays avancés ont constaté un taux d’inflation similaire à celui du Canada, qu’ils aient ou non imposé un tarif sur le carbone. 

En critiquant la tarification du carbone, ses opposants affirment faussement qu’elle est la cause de l’inflation. Ils refusent de reconnaître les coûts croissants dus aux changements climatiques comme les feux catastrophiques de l’an dernier. Ils ne mentionnent pas non plus que 80 % des familles canadiennes récupèrent chaque année plus d’argent que ce qu’elles déboursent, tandis que la tarification incite les personnes à revenu élevé à trouver des moyens de réduire leur consommation de combustibles fossiles.

Tout en s’opposant à la tarification du carbone, les soi-disant ténors du bon sens n’ont pas encore proposé de mesures pour combattre les changements climatiques. Ils ignorent délibérément les conséquences de plus en plus coûteuses de l’inaction et ses effets nocifs sur la santé, le bien-être, la nature et les écosystèmes. Qui plus est, le directeur parlementaire du budget, Yves Giroux, affirme que le coût de ne rien faire, quoique difficile à quantifier, pourrait être astronomique, et qu’il pourrait faire chuter le PIB réel du Canada de façon significative.

Pour sa part, le gouvernement fédéral n’a pas réussi à communiquer efficacement le bien-fondé de la tarification du carbone, et de nombreux contribuables ne savent même pas qu’ils reçoivent à chaque trimestre un montant non imposable pour les compenser. Il n’a pas non plus réussi à contrecarrer les fausses allégations selon lesquelles la tarification du carbone aurait été un moteur majeur de l’inflation. 

L’échec du gouvernement et la capacité du public à avaler de la propagande politique font que le débat sur la tarification s’est enlisé dans la désinformation et la démagogie. Cependant, toute démocratie exige un public averti et une volonté de penser aux conséquences à long terme de ses actions collectives. Il appartient alors aux adversaires de la tarification d’expliquer comment nous devons affronter une des plus grandes menaces existentielles de notre époque. 

(1) Voir https://sites.google.com/view/open-letter-carbon-pricing