Le mardi 30 avril, le médecin légiste en chef du Manitoba, Dr John K. Younes est passé devant le Comité sénatorial permanent des peuples autochtones.

Le docteur a été invité à titre de témoin, pour donner des indications quant au travail mis en place par le Manitoba pour la découverte et la récupération de documents en lien avec les morts d’enfants dans les pensionnats autochtones.  

« Une tâche difficile », c’est comme ça que le médecin légiste en chef a qualifié le travail de recherche et de recoupement.

Ce passage devant le comité a notamment été l’occasion pour John K. Younes d’expliquer ce qui rend la tâche ardue.

Entre 1888 et 1988, le Manitoba a eu 14 pensionnats autochtones en activités selon le Centre national pour la vérité et la Réconciliation. Dans sa présentation, le médecin légiste en chef indiquait qu’à compter de 1970, seuls cinq ont continué de fonctionner.

Un problème dans le passé

Or, « jusqu’en 1970, les enquêtes sur les décès au Manitoba relevaient d’un système de coroner. Après 1970, il a été remplacé par un système de médecin légiste. »

Cela signifie que la période d’activité la plus importante des pensionnats s’est déroulée sous le système de coroner. Et c’est en partie là que réside le problème.

Les coroners n’ouvraient des enquêtes que pour les morts « violentes, ou inexpliquées », indique John K. Younes. Pendant un peu plus de 80 ans, les morts d’enfants n’étaient donc pas obligatoirement signalées. Les choses ont changé après la mise en place d’un système de médecin légiste et l’adoption de la Loi sur les enquêtes médico-légales (1990), qui rendait obligatoire le signalement du décès d’un enfant.

En plus de cela, certains documents ont été perdus ou détruits dans des inondations ou bien par la moisissure. Le docteur a également soulevé la chose suivante : Une Loi autorisait la destruction des dossiers d’enquêtes des coroners, lorsque ces derniers avaient plus de 20 ans. Les recherches se font donc principalement grâce à des fiches de synthèse de rapports que John K. Younes et ses équipes feuillettent une à une. Pour ne rien arranger, ces dernières n’indiquent que rarement les lieux des décès.

« Nous avons quatre cartons de fiches qui couvrent la période de 1946 à 1970. Je pense que l’on devrait avoir terminé de les étudier d’ici la fin de l’été », a-t-il confié.

Un travail en cours

Pour terminer, le médecin légiste a informé les sénateurs qu’il ne souffrait « d’aucune restriction quant à la divulgation des informations que nous trouvons. Que ce soit aux proches des disparus ou au Centre National de vérité et réconciliation. »

Le problème, selon lui, relève davantage de la difficulté à trouver et préserver les documents qu’au partage de ces derniers. Et ce dernier point était particulièrement important pour le sénateur Brian Francis, président du Comité sénatorial permanent des peuples autochtones.

« Je pense que tout cela était important pour aider non seulement notre comité mais aussi les survivants présents aujourd’hui à réaliser que des efforts sont déployés, même si ce n’est pas aussi rapide que nous le souhaiterions. »

Et justement, le sénateur, originaire de la Première Nation de Lennox Island rappelle que le temps est au cœur du problème. « Comme il l’a mentionné, certains décès pourraient même ne pas être enregistrés. Nous devons aussi nous rappeler que les survivants vieillissent maintenant et que certains décèdent sans même savoir ce qui est arrivé à leurs frères, sœurs, tantes, oncles ou parents. Il est crucial que ce travail soit effectué aussi rapidement que possible. »    

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